Chapitre 23 : Réconfort

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Je suis à présent assez proche pour détailler les traits de la femme qui tient tant au prince. Elle a un teint de porcelaine, un regard pétillant et malicieux qui se transmet par ses yeux clairs. Elle a de fines lèvres, et porte une légère robe blanche, sur laquelle est attaché un tablier foncé, couvert de farine. 

Leur étreinte terminée, William se met de côté pour laisser le temps à la propriétaire de l'auberge de m'observer. Mal à l'aise, j'esquisse un sourire afin de ne pas paraitre impolie. Elle s'approche de moi, puis me prend les mains en me regardant dans les yeux. 

"Je suis heureuse de faire votre connaissance gente dame. Je me nomme Roseline. J'étais la nourrice du petit William, je fus l'amie de sa défunte mère"

Je regarde William, étonnée. Ce à quoi il répond en plaçant un doigt sur ses lèvres. Je vois... Donc l'amie de sa mère n'a point connaissance de l'existence de celle-ci ? Elle la croit décédée...

"- Tout le plaisir est pour moi Madame. Je vous suis entièrement reconnaissante de nous accueillir.

-Oh mais ne me remerciez point ma chère. Je ne sais que trop bien à quel point notre grand et magnifique roi est bon envers ses gens."

Le sarcasme s'entent dans sa voix, ce qui nous arrache un sourire à tous. 

"-Bien ! Je ne puis vous aider à vous installer, je me dois d'aller voir l'apothicaire. Vos chambres sont les deux dernières sur la droite. Je reviens le plus vite possible. En attendant, mettez-vous à l'aise.

-Nous le ferons. Je vous remercie.

-Au revoir. Et William, faites en sorte de bien vous tenir je vous prie.

-Bien évidemment, comme toujours !"

Après un dernier sourire, Roseline se met en route pour le village. 

Je me tourne vers le prince, souriante. 

"-Votre nourrice alors ?Je l'apprécie. Mais... Pourquoi ne pas lui dire que votre mère est toujours en vie ?

-Oui elle est quelque peu spéciale. En ce qui concerne ma mère, je ne veux pas lui donner de faux espoirs en lui disant qu'il y a une chance qu'elle soit libérée."

Je soupire. N'a-t-il donc pas prit au sérieux ce que je lui ai dis l'autre jour ? 

"-Je vous ai fais une promesse il me semble. 

-Charlotte... Je ne vous laisserai pas retourner en la compagnie de ma famille pour tenter de la sauver. Alors je vous en prie, cessez de me répéter cela."

Il se retourne, visiblement vexé. Mais enfin, comment un prince peut-il être si têtu !? Je reste sur place quelques secondes, puis le suit rapidement à l'intérieur de l'auberge. 

Plusieurs tables couvertes de peaux de bêtes sont disposées à l'entrée. Tables auxquelles sont attablés des hommes, buvant des pintes en chantonnant. L'ambiance de cette salle me donne envie de sourire, mais je suis trop préoccupée. 

J'arrive dans le couloir où se trouvent nos chambres. Il est éclairé par de simples torches accrochées aux murs en pierre. Avant que le prince n'entre dans sa chambre, je l'interpelle :

"William !"

Il se retourne, et m'interroge du regard. Alors, je poursuis timidement.

"-Je... Je ne souhaite pas que cela devienne ainsi.

-Comment ça ?

-Je suis navrée de vous cacher des informations sur ce que je souhaite faire... Je ne m'attends pas à ce que vous m'aidiez, mais je ne souhaite que deux choses. Je ne veux pas que vous doutiez de moi, je ne veux pas que vous me laiss-

-Princesse. Si c'est ce que vous alliez dire, sachez que je ne vous laisserez pas tomber. Pas après tout ça. Et je m'excuse si je suis distant avec vous, cela n'est pas mon but.. J'ai juste.. Hmm. J'ai juste besoin d'être certain de certaines choses. 

-Et quelles sont-elles ?

-Je ... Ne peux vous le dire. 

-Bien. Dans ce cas bonne nuit. Votre Altesse."

J'avance un peu, le voyant tenter de me retenir. Ma réaction peut avoir l'air puérile et irréfléchie, je le conçois, mais je ne supporte pas que l'on me cache des chose. Pas après ma mère... 

Je rentre donc dans la chambre qui m'est destinée, et mes yeux s'écarquillent. 

Ce n'est pas ma chambre du palais, mais elle est tout aussi charmante. Faiblement éclairée, cette pièce possède une ambiance calme et sereine. Le lit n'est pas d'une grandeur époustouflante, mais cela m'est égal étant donné que j'ai dormi sur un lit de paille ainsi que dans une grotte. A côté se trouve une table de chevet, faite en bois foncé, sur laquelle est posée une bougie ainsi qu'un journal, aux pages vierges. Ceci pourrait me servir pour la lettre que j'écrirai à William lorsque je mettrai mon plan à exécution. 

Je me rends dans une salle faite pour s'occuper de l'hygiène. Un grand bac en bois équipé d'un petit escalier et d'un grand morceau de tissu se dressent devant moi. De la fumée se dégage de la baignoire. Je l'avoue, un bain d'eau chaude me ferait le plus grand bien. 

Je retire le peu de vêtements qui se mettent entre l'eau et mon corps, puis monte habilement le petit escalier qui, je l'admets, se montre fort pratique. Au moins, je ne tomberai pas en enjambant le bac. 

Lorsque ma jambe gauche entre en contact avec l'eau, je gémis d'aise. Bien que j'ai un peu de mal à entrer complètement dans ce liquide très chaud, je ferme les yeux, appréciant l'effet que cela me procure. 

Soudain, je me mets à penser à ce baiser. Ce moment d'intimité que j'ai partagé avec William. Je me demande si nous avons bien fait de nous embrasser ce jour-là. Même si je suis loin d'avoir détesté, il n'était point convenable de le faire. De plus.. Cela n'a mené à rien. Je ne sais si ce geste a eu autant d'impact sur le prince que sur moi. Ou même si, parfois, lorsqu'il prend son bain, cette idée lui vient également en tête. Je me demande si lui, il rêve aussi de ressentir à nouveau ses lèvres sur les miennes. Je ne sais s'il regrette, s'il a aimé.

Je m'en veux de vouloir cela à nouveau. Je m'en veux de ressentir toutes ces pulsions et ces sentiments mitigés en pensant à William. 


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Le lendemain, je prends l'initiative d'aller voir les chevaux. Devant ma porte, j'ai trouvé ce matin une fiole contenant un liquide qu'il faut appliquer sur les plaies des chevaux à l'aide de tissu. 

Roseline m'a également donnée une tenue. Il est vrai que je n'ai rien à porter, si ce n'est cet affreux morceau de tissu qu'est devenue ma robe de mariée. 

Je porte donc une tenue d'équitation de couleur pourpre, que j'ai accompagnée de ma bague achetée au village. Pour finir, j'ai demandé à une vieille et respectable femme travaillant ici d'attacher mes cheveux sous forme de deux nattes, ce qu'elle a accepté, tout sourire. 

Je me trouve dans le box de Scelta. Il est plus petit que celui auquel elle est habituée, mais le confort n'y est néanmoins pas négligé. J'ai pris un morceau de tissu dans la cuisine, pour m'aider à soigner la belle jument souffrante. Son corps a frémi, mais elle a finalement accepté le traitement. 

Une fois ceci fait, je me dirige maintenant en face, dans le petit habitat de mon cheval. Il me salue d'un coup de tête, ce qui me fait rire. Il a apparemment bien reprit depuis notre long voyage. Je décide donc de le seller, puis d'aller faire une promenade.

William n'est visiblement toujours pas levé. Je comprends, sa blessure doit le faire souffrir. 

Je dépasse la barrière fermant la propriété, puis, donnant une dernière caresse à Solis, nous nous élançons à travers la plaine, ce qui nous procure ce sentiment de liberté qui nous est si cher. 









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