Alexander escorta une Élizabeth anéantie jusqu'à sa demeure. Elle venait de perdre les personnes qui comptaient le plus à ses yeux depuis qu'elle avait quitté la Terre. Ses amis avec qui elle avait passé près d'un an dans l'espace et sur Proxima. Ses confidents avec qui elle avait partagé ses craintes, son amertume, mais aussi ses espoirs. Il était inconcevable de penser qu'ils allaient mourir dans un stupide désert, après tous les efforts qu'ils avaient fournis pour rester en vie et retourner sur Terre.
Une fois chez Alexander, Élizabeth se réfugia dans la chambre qu'elle occupait chez l'Ancien depuis le début du procès. Malgré le fait qu'elle appréciait la compagnie du grand-père d'Anya, qui était rassurant et compréhensif, elle ressentit le besoin de s'isoler. Ses chances de revenir sur sa planète s'étaient envolées en même temps que ses amis vers le désert. Elle ignorait comment leur venir en aide et surtout ce qu'il adviendrait d'elle dans les prochains jours.
Il était impossible de quitter cette maison pour rejoindre le vaisseau : les gardes postés à l'extérieur auraient tôt fait de l'intercepter. La seule option envisageable était de contacter les dirigeants terriens qui venaient de débarquer sur Proxima. Mais comment ? Elle avait questionné Alexander à plusieurs reprises sur les communications que les Proximiens avaient eues avec les Terriens, mais le vieil homme ne semblait pas en savoir plus qu'elle. Tout ce qu'elle avait appris, c'est qu'ils n'avaient manifesté aucun intérêt envers elle et ses compagnons, mais était-ce la vérité ?
Elle sentit subitement une grande lassitude s'emparer d'elle, comme un poids qui s'abattait sur l'ensemble de son être. C'était comme si plus rien ne comptait et que toutes ses pensées qui s'entremêlaient dans son esprit ne servaient à rien. Elle n'avait qu'une envie : se recroqueviller sur son lit, verser toutes les larmes de son corps et espérer s'endormir pour ne plus jamais se réveiller.
Malheureusement, son souhait ne fut pas exaucé. Elle s'éveilla quelques heures plus tard, affligée d'un léger mal de tête et de yeux boursouflés d'avoir tant pleuré. Bien que la lumière du soleil était toujours présente, elle pouvait voir l'énorme lune de Proxima débuter sa montée à travers les carreaux de sa fenêtre.
Elle resta plusieurs minutes étendue dans son lit, à observer l'astre blanc, cherchant à l'intérieur d'elle l'énergie qui lui permettrait de continuer à se battre malgré tout ce qui venait d'arriver. Elle finit par se raisonner et sortit de sa léthargie. La première chose à faire était de nourrir son corps. Elle n'avait pas faim, mais c'était la moindre des choses, surtout qu'elle n'avait pas mangé de la journée. Son estomac avait refusé de coopérer avant le procès tant il était contracté par l'angoisse du verdict à venir. De plus, marcher dans la maison pour rejoindre la cuisine activerait son corps et lui ferait peut-être un peu de bien. Du moins, c'est ce qu'elle se dit afin de trouver la motivation de se lever.
Elle sortit de sa chambre pour se diriger vers les escaliers qui la menèrent au rez-de-chaussée. S'engageant dans le seul corridor de la résidence, elle croisa une porte ouverte sur la bibliothèque. La grande pièce était vide, ce qui l'étonna. Elle avait l'habitude d'y voir Alexander plongé dans un livre à toute heure du jour et de la nuit, ou plutôt la lune. Elle grimaça en même temps qu'elle corrigea sa pensée. Elle n'arrivait pas à s'acclimater à la façon dont les Proximiens nommaient la nuit, même si elle y voyait la logique. Quoi qu'il en soit, Alexander était probablement couché ou aussi désemparé qu'elle. Il avait, après tout, assisté lui aussi à l'exclusion d'un être cher. Elle soupira, avant de continuer son chemin vers la cuisine.
Soudain, un bruit discret provenant de la pièce qu'elle venait de passer attira son attention. Élizabeth recula de quelques pas dans le corridor pour jeter à nouveau un coup d'œil dans la bibliothèque. Elle balaya la pièce du regard, mais n'y vit rien. Le son se répéta. C'était comme une cuillère qu'on cognait sur une tasse. Curieuse, elle s'avança dans la pièce et tendit l'oreille. Cette fois-ci, elle crut percevoir l'origine du bruit. Il venait de la fenêtre. Elle s'en approcha afin de regarder à l'extérieur. Rien. Elle ne voyait que la ruelle de pierre derrière la maison et la façade funeste de la Tour des Anciens où elle avait assisté au procès de ses amis. Elle ne put s'empêcher de serrer les dents à la vue du bâtiment, oubliant presque la raison de sa présence devant le châssis.
VOUS LISEZ
Proxima - Les Exclus (Tome 2)
Science FictionÀ la suite d'un procès controversé devant le Conseil des Anciens, Élizabeth verra ses amis être exclus de la colonie proximienne. Maintenant seule, la jeune femme caractérielle devra affronter les machinations d'Antonio, un Ancien influent, dirigean...