Chapitre 9: Déconvenue perverse

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À peine sortie de la salle de bal, Élizabeth jugea qu'il était temps de quitter au plus vite ce foutu Palais. Escortée par deux gardes, elle chercha un moyen de les distraire assez longtemps pour prendre ses jambes à son cou.

Elle parcourut des yeux le grand couloir qui reliait le hall à la salle de bal. Plusieurs invités, qui recherchaient un endroit plus calme, discutaient en petit groupe, çà et là dans le corridor agrémenté d'œuvres d'art. Élizabeth et ses gardiens durent naviguer entre les invitées. Grâce à cela, les gardes se retrouvèrent malencontreusement tous les deux derrière elle. C'était l'occasion rêvée !

Remarquant deux convives qui marchaient dans leur direction, la Terrienne allongea discrètement la jambe gauche pour leur barrer le chemin. Cela produit l'effet escompté : l'une des jeunes femmes trébucha et fut rattrapée de justesse par l'un des gardes.

Cette petite diversion permit à Élizabeth de s'élancer dans le couloir à toute vitesse. Elle zigzagua entre les invités, bousculant plusieurs personnes sur son passage. À mi-chemin, elle tendit la main pour renverser une série de vases décoratifs. Une cacophonie de porcelaines brisées accompagna ses qui martelaient le sol d'un rythme effréné.

Une fois dans le hall, elle bifurqua vers la porte principale. Elle stoppa net lorsqu'elle aperçut deux gardes devant l'entrée. Ces derniers la regardèrent, surpris de son arrivée en trombe. Élizabeth n'attendit pas de savoir s'il la poursuivrait. Elle tourna les talons et repéra une autre sortie plus loin. Elle sprinta de plus belle dans cette direction tout en maudissant ses escarpins qui lui donnaient du fil à retordre.

Les gardes crièrent derrière elle, mais elle les ignora. Alors qu'elle allait toucher à la poignée qui la guiderait vers sa liberté, des mains fermes l'aggripèrent par les épaules. Elle fut projetée par l'arrière, sa tête heurtant violemment le plancher de marbre. Sous la douleur atroce, elle perdit conscience de la réalité pendant quelques secondes. Son assaillant en profita pour la retourner sans ménagement et la plaquer face au sol, un genou dans son dos.

— Je l'ai ! lança son agresseur tandis qu'Élizabeth se débattait comme une damnée.

— Lâchez-moi bordel !! Vous n'avez pas le droit de me garder prisonnière ici ! À l'aide ! quelqu'un !

Malgré sa demande de soutien, les témoins de la scène ne semblèrent pas s'alarmer. Ils restaient là, à l'observer, échangeant paroles et regards entendus.

— Bande de sale bourgeois de mes deux !!

Les gardes s'approchèrent et immobilisèrent ses bras dans son dos. Ils la relevèrent en silence alors que tous les yeux des invitées présents étaient braqués sur elle. Sa tête l'élançait, une corde brûlait la peau délicate de ses poignets et une rage indescriptible coulait dans ses veines.

Malgré sa respiration rapide et ses yeux assassins, les gardiens la soulevèrent par les coudes et quittèrent le hall pour la monter à sa chambre. Une fois devant celle-ci, l'un d'eux la détacha, tandis que le second ouvrit la porte pour la pousser dans la pièce. Incapable de se retenir davantage, Élizabeth se retourna pour leur dire sa façon de penser.

— Sale connard, c*** d'idiot d'enfant de ch***. Vous allez me le payer mes tab*** d'est*** de sal***** de tr*** de c** de pu**** de mangeux de ma****.

Les Proximiens écarquillèrent les yeux, ne comprenant probablement pas la moitié des injures qu'elle leur lançait à la figure.

Dans un geste théâtral et sans attendre une réplique de leur part, elle leur claqua la porte au nez.

C'est alors qu'un trop lourd silence envahit la pièce. Seuls sa respiration rapide et son cœur qui palpitait trop fort dans sa poitrine étaient audibles. Elle était encore une fois isolée, prisonnière de ce foutu Palais.

Proxima - Les Exclus (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant