Il y avait un fantôme devant moi - Hopemin

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Il y avait un fantôme devant moi.

Ça semblait fou, pourtant c'était devenu mon quotidien.

Il y avait un fantôme devant moi qui me souriait comme si j'étais la meilleure friandise de la ville.

L'homme, irréel à souhait, autant par sa beauté que par son immatérialité, me parlait tous les jours depuis des mois.

Il y avait un fantôme devant moi qui me souriait comme si j'étais la meilleure friandise de la ville et je lui souriais en retour. Toujours.

Il s'appelait Jung Hoseok. Il avait, d'après ses dires et uniquement les siens, 24 ans, et il ne se souvenait plus de rien.

Il était apparu un soir, juste à côté de ma télé.

Je me souviens comme si c'était hier d'avoir crié à la mort, et lui avait hurlé aussi, mais de rire, en me retorquant :

« C'est bien mon état, en effet. »

Mort.

Il était tout à fait conscient qu'il n'était plus réellement vivant, et j'étais tout à fait lucide quant au fait que je vivais avec lui alors qu'il était là, sans l'être totalement.

Il traversait les murs, les faisait trembler quand il s'énervait (ce qui était, toutefois, assez rare). Il ne pouvait ni tenir la télécommande (ce qui m'arrangeait bien, vu ses goûts désastreux pour les émissions télévisées), ni déplacer des objets par la pensée. Il n'avait pas besoin de manger, de dormir, de se laver (ce qui m'arrangeait aussi, compte tenu de ma possible incapacité à me retenir d'aller l'épier sous la douche).

Il ne pouvait donc rien faire comme un être humain. Rien, sauf me toucher.

Ça nous a surpris tous les deux. Un matin, j'avais manqué de tomber de ma chaise, et il avait instinctivement tendu le bras pour me rattraper. Sûr que je passerais à travers, j'avais sursauté lorsque j'avais senti sa chaleur me soutenir au niveau de la taille. Lui aussi avait été perturbé, tellement qu'il m'avait tout bonnement lâché.

J'étais finalement bien tombé.

On s'était regardés. Moi, à terre sur les fesses, la douleur étant, en définitive, fortuite. Lui, debout, les yeux aussi gros que des soucoupes volantes. Il avait couru vers moi et en l'espace d'une demi-seconde, j'avais senti ses paumes sur mes joues.

La chaleur de ses paumes.

Sur mes joues.

Je pense que c'est le meilleur souvenir de ma vie, sans exagérer.

Jung Hoseok était un morceau du soleil. Le mien. Celui que je me suis approprié. L'astre luminescent qui brille dans le ciel est à tout le monde, autant qu'il n'est à personne. Sa petite étincelle tombée sur Terre, que j'observe en ce moment même, m'appartient toute entière.

J'étais possessif lorsqu'il s'agissait de lui.

Il m'a trouvé et je ne le lâcherais pas. Le temps que lui-même décidera de rester, je le considérerais comme à moi.

Après ce jour-là, il ne m'avait malheureusement plus jamais touché.



« Jimin ? »

Je tournais la tête vers lui. Ou plutôt vers le sol. Il avait cette habitude très étrange de s'asseoir par terre directement et quand je lui demandais si ça ne lui faisait pas mal, il me sortait son habituel : « Jimin, je suis mort. ». Et ça me faisait toujours quelque chose de me rappeler qu'effectivement, il n'était pas vivant.

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