1 - Et bonne rentrée !

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Bonjour à toutes et tous ! Voici une nouvelle histoire. Je serai ravie de recevoir vos avis. On commence avec un chapitre un peu long, les suivants seront plus courts. Bonne lecture !

Edit : j'ai terminé les corrections, vous avez donc la version définitive.

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Chloë Veyrières souhaitait passer au travail comme une personne sérieuse, fiable, sur qui l'on pouvait compter. Beaucoup plus souvent qu'elle ne l'aurait voulu, elle produisait exactement l'effet inverse, à son grand désarroi. Ce qu'elle ignorait, c'est que cette caractéristique la rendait très attachante à son entourage, et que dans le cadre professionnel, sa rigueur et son travail appliqué étaient reconnus peu importe le nombre de petites aventures qui lui arrivaient régulièrement.

Ce matin-là, la lanière du sac à bandoulière qu'elle s'était offert pour la rentrée s'était prise dans une poignée de porte, la ramenant violemment en arrière alors qu'elle entrait d'un pas énergique dans l'open-space où se trouvaient l'ensemble de ses collègues. Tandis qu'elle se sentait ramenée brusquement vers la porte qu'elle venait de franchir, elle poussa un cri bref mais perçant, qui permit à ceux qui n'avaient pas vu son entrée de tourner la tête vers elle et de ne rien manquer de ses tentatives maladroites pour se défaire de la poignée insistante. Lorsqu'enfin elle y réussit, elle était cramoisie. Elle se redressa de tout son mètre soixante-dix-sept, et se dirigea avec le plus de naturel qu'elle put vers son proche collègue et ami, Darrell Fern, tandis que parmi les personnes rassemblées dans l'immense pièce, certaines faisaient mine de ne pas avoir vu l'incident après s'être repues du spectacle, et d'autres ne se cachaient pas pour rire grassement d'elle.

— Toujours à te faire remarquer, à ce que je vois, lui dit Darrell d'un ton taquin en lui rendant sa bise.

— Ha ha, c'est tout à fait moi ça, le désir de me mettre en première ligne dès la première minute de la première heure du premier jour de la reprise...

Le juriste de leur service lui tendit son mug de café du matin, qu'elle accepta avec délices. D'ordinaire, Chloë arrivait en avance au bureau, ce qui permettait à ses maladresses, petites quoique fréquentes, de passer inaperçues, mais la rentrée était un jour spécial. Elle n'avait pas encore trempé ses lèvres dans le breuvage chaud que Darrell l'entraîna vers la plus grande salle de réunion. Le mot avait été passé qu'il fallait y être impérativement à neuf heures tapantes ce lundi, ce qui était faire peu de cas des employés dont les enfants faisaient leur rentrée.

Ils s'assirent à leur place habituelle, au fond à gauche, loin de la porte d'entrée, mais également loin de l'avant où se tenaient les divers interlocuteurs qui avaient le pouvoir de les convoquer ici, c'est-à-dire tous leurs supérieurs hiérarchiques. Ce lundi-là, il s'agissait de leur directeur, monsieur Brochard, qui avait sous sa coupe tout le service des ressources humaines et services support de la boîte qui les employait, une entreprise nationale spécialisée dans les assurances et autres produits financiers. L'homme, qui approchait de la retraite et que ses équipes voyaient rarement, était accompagné de deux femmes. La première, postée juste à sa droite, était âgée d'une cinquantaine d'années, avait un visage avenant mais une mise stricte. Peu de maquillage sur son visage mais un brushing impeccable pour ses cheveux blond foncé et un tailleur repassé sur toutes les coutures. La deuxième était en retrait. Contrairement aux deux autres qui étaient blancs, elle avait la peau mate des personnes originaires d'Afrique du Nord, était assez petite et beaucoup plus jeune. D'âge avec moi, pensa Chloë qui avait trente-cinq ans, en observant ses longs cheveux bruns retenus par un bandeau et sa tenue colorée et estivale.

Le directeur ne resta que le temps d'annoncer qu'il laissait le soin à sa nouvelle adjointe de se présenter et de présenter le nouveau membre de son équipe, puis il sortit, sans doute pour rejoindre son bureau dont il fermerait soigneusement la porte afin de préparer en toute tranquillité ses sorties déjeuner du mois à venir – il fallait bien entretenir sa bedaine.

Tant qu'il y aura NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant