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CHAPITRE DIX

CHAPITRE DIX

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PAUL




















c'est de la confiance que
nait la trahison.

— proverbe fremen


























IL RESSENTAIT ENCORE la morsure du sable contre ses joues.

C'était comme s'il se tenait encore là-bas, au milieu du chaos sans nom provoqué par l'arrivée imminente du ver des sables. Même des heures après, Paul semblait être encore ici, agenouillé dans l'ombre de la moissonneuse, le regard vide et l'esprit empli de voix d'ailleurs qui lui murmuraient des paroles qu'il ne pouvait déchiffrer.

Une réaction immunitaire face à la forte exposition à l'épice avait dit le docteur Yueh. Mais Paul savait qu'il se trompait. Ce n'était pas une réponse donnée par son corps, mais par son esprit. Il s'était tenu là-bas, conscient, éveillé et il avait vu. Il avait vu des images floues, des lieux qu'il ne connaissait pas encore. Il avait vu des choses magnifiques mais aussi des choses horribles.

Seule la mort t'attend au bout du Sentier d'Or.

Les somnifères de Yueh n'avaient pu dissoudre les images qui hantaient ses rêves. Le soleil peinait à trouver son chemin entre les étroites fissures de la gorge rocheuse dans laquelle il courait. Ses pas alourdis par le distille qu'il portait s'écrasaient contre le sable chaud qui recouvrait le sol du canyon. Sa main se posa sur l'une des parois aux teintes brunes et il ralentit la cadence tandis que se dessinait devant la silhouette de la fille fremen sans nom. La fille de ses rêves, l'inconnue au visage d'elfe et aux yeux plus bleus que la mer de Caladan.

Oui, cela aurait du être elle, mais au fur et à mesure qu'il s'approchait d'elle son visage se déformait sous les ombres projetées par les parois du canyon. Elle devint plus petite, plus élancée. Ses yeux étaient deux billes d'encre sombres qui disparaissaient presque sous sa frange de cheveux aussi noirs que la nuit. Son regard était porté vers les fragments de ciel visibles, un sourire illuminant son visage.

Rani ne dit pas un mot mais elle se détourna de son observation céleste pour faire face à Paul. Son corps avançait tout seul sans qu'il puisse le contrôler. Et quand bien même il le pourrait, le jeune homme savait qu'il ne partirait pas. Elle exerçait sur lui une attraction quasi magnétique qu'il n'avait pas la force d'affronter. Il n'en avait pas envie non plus.

Sarab... Elle demeure cachée mais elle attend seulement l'heure de la sentence. Elle nous apportera la mort.

Elle provoquera la tienne.

𝐍𝐎 𝐓𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄 ⸺ paul atreidesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant