Restricted

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Abuela se tient dans l'entrée de la cuisine, les bras croisés, et même en étant dans le noir, je peux dire qu'elle n'est pas ravie.

- Désolé, Abuela. Y/n et moi avions faim, on s'est croisé dans la cuisine et on allait justement repartir, dit Camilo avec un petit rire.

Il dépasse ensuite Abuela, verrouillant ses yeux dans les miens avant de disparaître.

- Je suis vraiment désolé.e de t'avoir réveillée, Abuela, dis-je en allant aussi vers la sortie.

- Attend, ordonne-t-elle. Je n'ai pas fini de parler avec toi.

Je m'arrête dans mon élan et me tourne pour la regarder.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans les bois, commence-t-elle, mais j'ai vu la façon dont vous vous regardiez, elle pointe un doigt sur moi. Ne te fais pas d'idées. 

Abuela part et monte à l'étage pour aller dans sa chambre. Je reste figé.é comme une statue pendant près de cinq minutes. Je finis par respirer et remonter dans mon lit. Je regarde le plafond, en réfléchissant aux mots d'Abuela. Pense-t-elle que lui et moi nous nous aimons ? C'est vrai, Camilo est mignon et drôle, et il se préoccupe de moi... oh non.
Et que veux-t-elle dire par la façon dont on se regardait ? Parlait-elle du dîner ? Donc on est plus autorisé à se regarder ? Combien de temps est-elle restée près de la porte avant de parler ? Pourquoi ne veut-elle pas que l'on se parle ?

Les questions fusaient dans mon cerveau jusqu'à ce que je me souvienne. Je n'avais même pas mangé.

Je me réveille le lendemain avec des valises sous les yeux. Mon sommeil avait été horrible, je n'avais pas pu faire sortir les mots d'Abuela de mon crâne. Mirabel et moi descendons ensemble pour déjeuner, on prend de quoi manger et je vais pour m'installer quand mes yeux croisent ceux d'Abuela. Je reçois immédiatement le message et je me tourne vers Mirabel.

- Hey, Mirabel, est-ce qu'on peut échanger de place aujourd'hui ?

- Hum, oui, bien sûr. Pourquoi ?

- Je, euh...

Je réfléchis rapidement à une excuse.

- J'ai vraiment envie de m'asseoir à côté d'Antonio aujourd'hui.

- Oh, pas de soucis ! dit joyeusement Mirabel.

On échange et je m'assois à côté d'Antonio, qui est entouré de toutes sortes d'animaux. Camilo arrive peu après. J'essaye de ne pas croiser son regard mais du coin de l'oeil, je peux voir de la déception sur son visage.
Camilo prend place et la famille commence à manger. Je me sens gêné.e de ne rien dire, alors je me tourne vers Antonio.

- Alors, tu aimes parler aux animaux, Antonio ?

- Oui, j'adore !

- Quel est ton animal favori ? Lui demandé-je.

Son visage blêmit et il s'approche pour me chuchoter :

- Je ne peux pas y répondre, les animaux sont très sensibles et ça les blesseraient.

- Ahh, je comprends, répondis-je en hochant la tête.

Je jette un rapide coup d'oeil à Camilo et le voit la tête posée dans la main, jouant avec sa nourriture sans la manger. Je fronce les sourcils en regardant ensuite Abuela, qui me lance un regard noir. Je plonge immédiatement ma tête dans mon assiette et fixe ma nourriture.

La famille finit le petit-déjeuner, et tous s'échappent vers le village pour accomplir leurs corvées. Je n'ai pas vraiment de choses à faire, alors Abuela nous confie, à Mirabel et moi, la mission d'aller chercher des fruits et légumes au village.
Nous nous promenons tout en conversant un peu avec les habitants quand Luisa s'approche de nous.

- Hé, les filles, comment ça va ? Demande-t-elle.

- Pas mal, réponds-je.

Luisa fait une pause pendant une seconde.

- Hum, y/n est-ce que je peux te parler ?

Elle regarde rapidement Mirabel.

- Seule.

- Euh, oui, bien sûre.

Je souris et donne notre panier plein de nourriture. Luisa m'entraine dans une allée entre des maisons. Elle regarde autour des deux angles avant de venir près de moi.

- Tout va bien, Luisa ? Interrogé-je.

Elle semblait vraiment anxieuse. Luisa se transforme alors en Camilo.

- Pourquoi tu as changé de place ce matin ? Demande-t-il. Il s'est passé quelque chose hier soir ?

J'aimerais pouvoir lui dire ce que m'avais dit Abuela, mais je ne peux pas. Je ne veux pas prendre le risque d'être mise dehors.

- Je voulais juste m'asseoir à côté d'Antonio, est-ce vraiment si grave ?

- Je suppose que non, il soupire.

Je sors de la ruelle et au moment où je m'engage dans la rue, je le regarde rapidement. Sa tête est baissée, regardant ses pieds en tenant ses coudes. Je me sens mal, mais je sais que ça vaut mieux. Il est sûrement pas si triste.
Je retourne vers Mirabel et sourit.

- Prête à continuer ?

- Euh, ouais. Tout va bien ?

- Yep, tout va bien.

- Qu'est-ce que Luisa te voulait ?

- Juste, euh... des soucis amoureux, dis-je. Elle voulait en parler avec quelqu'un avec qui elle n'a pas de lien.

Mirabel hoche la tête, en me jetant un regard amusé, mais heureusement elle semble laisser tomber. J'ai juste à prier pour qu'elle ne dise rien à la vraie Luisa.
On rentre à la Casita et rangeons ce que l'on a acheté dans la cuisine, en silence. N'ayant rien d'autre à faire, je demande à Mirabel si je peux lui emprunter l'un de ses livres. Évidemment, elle accepte et je choisis celui qui me semble le plus intéressant, une romance, puis je me dirige dans le jardin pour trouver un endroit agréable pour lire.
Je m'assois, ouvre le livre et commence à lire. Je réussis à lire quelques chapitres avant de voir Abuela venir vers moi. Je prends une profonde inspiration, espérant qu'elle qu'elle ne m'ait pas vu parler avec Camilo dans la ruelle un peu plus tôt.

Elle s'assoit à côté de moi.

- Je suis ravie de voir que tu m'aie écoutée, dit-elle.

Je choisis précautionneusement mes mots, ne voulant pas dire quelque chose de mal.

- Pourquoi Camilo et moi ne pouvons pas être amis ? Demandé-je, en regardant mon livre en prétendant toujours lire.

- Je vois la façon dont il te regarde quand tu ne le vois pas, déclare-t-elle d'une voix sévère. Il ne veut pas être qu'un ami.

Je déglutis difficilement et ne réponds rien.

- Je t'ai invité chez moi pour que tu sois en sécurité et pour que tu ais un endroit où dormir, elle fait une pause. Pas pour que tu embrasses mon petit-fils.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez, répondis-je.

Nous n'avions jamais fait quelque chose de ce genre.
Abuela se lève.

- Je détesterais que tu ne puisses plus rester ici.

Elle me regarde dans les yeux et un frisson parcourt mon dos, mais pas du genre "bon frisson". Elle se dirige ensuite vers Casita.

Je prends de profondes inspirations, alors que je réalise que j'avais oublié de respirer alors qu'on parlait. Tout l'espoir que j'avais d'être l'ami.e de Camilo avait disparu. Je soupire et retourne à la lecture de mon affligeant livre romantique.
Après un moment, alors que je fais une pause, je lève les yeux de mon livre et vois quelqu'un au loin, vêtu de jaune, s'approcher de moi.

New Girl [Camilo x Reader]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant