Deux âmes s'aimant malgré elles (bxb)

CHAPITRE 2

13:30

Je tire ma valise derrière moi, faisant crisser les roulettes sur le chemin de graviers.

Je rattrape maman, qui est déjà plantée devant notre nouvelle habitation. Elle pivote vers moi, le sourire aux lèvres.

Je soupire et lève les yeux vers la maison. Je ne m'attendais pas à ça. Finalement, elle n'est pas comme je me l'étais imaginé. La maison est assez grande, jolie avec ses murs de pierres beiges, et a l'air tout droit sortie d'un film américain.

Maman glisse la clé dans la serrure d'un geste impatient, puis ouvre l'immense porte d'entrée dans un grincement sourd.

Apparemment, malgré son apparence moderne, cette demeure n'a pas été habitée depuis des années.

J'observe toutes les pièces avec curiosité. Le salon est plutôt grand, et comporte un luxueux canapé - qui mériterait d'être nettoyé - suivi d'une immense télé.

Je jette un coup d'œil aux autres pièces : la cuisine, la salle de bains...

Je garde un air détaché tout au long de la visite, et ne prononce pas un mot.

Certes, notre nouvelle maison est assez jolie et luxueuse, mais ce n'est pas grâce à ça que je vais me sentir mieux. Notre petite maison dans le Sud me convenait parfaitement.

« - Tu montes à l'étage découvrir ta chambre ? » me propose maman depuis la cuisine.

Elle est en train de déballer deux gros cartons sur la table. Un ciseau dans une main, elle essaye tant bien que mal de découper le scotch.

« - Ouais, ok. » je réponds en m'engageant dans les escaliers.

Ma valise dans une main et mon sac dans l'autre, je dois faire des efforts surhumains pour atteindre enfin l'étage.

Je parcours un couloir assez sombre. Au fond, il y a deux pièces : ma chambre et celle de maman.

Je me dirige vers la première porte et entre dans ma nouvelle chambre.

À l'intérieur, les murs sont neutres et blancs. La pièce est assez petite, mais je préfère autant les petits espaces aux grands, qui me procurent souvent une sensation de vide.

Un petit bureau est disposé au coin de la pièce, ainsi qu'une étagère. J'imagine très facilement les nombreux livres qui orneront bientôt celle-ci.

J'ai hâte de décorer cette pièce à mon goût.

Je grimace en sentant l'odeur de renfermé.

« - Cette chambre mériterait bien un peu de nettoyage... » je murmure en plissant le nez.

Sur ces sages paroles, je me dirige vers la fenêtre et ouvre les stores en grand. Je soupire de soulagement en respirant enfin de l'air pur et frais. Les rayons du soleil s'introduisent dans la pièce, et la rendent soudain beaucoup plus accueillante.

J'observe la vue extérieure. J'y vois les maisons de mes voisins, côte à côte, aux murs identiques, et à la toiture identique.

On dirait un de ces quartiers, des films américains.

Je pouffe de rire à cette simple idée.

Le parfait rêve américain. Juste une façade et une illusion.

Je promène mon regard plus loin, au-delà du village. Une immense forêt s'y dresse, grande et impressionnante.

Il faudrait que j'aille y faire un tour, un de ces jours... Lorsque tout deviendra trop compliqué et étouffant, ici. Ce sera comme une sorte d'échappatoire.