Deux âmes s'aimant malgré elles (bxb)

CHAPITRE 11

Les déceptions amoureuses.

On m'en a parler tellement de fois.

Maman me parlait du trou qu'on éprouve dans la poitrine, de l'impression que le temps se fige, de la tristesse qui nous habite, quitte à en pleurer pendant des jours.

Je rigolais. J'étais un enfant de douze ans. Je pensais que jamais cela ne m'arriverait.

J'aurais peut-être dû me montrer plus méfiant... Maintenant, je sais et comprends de quoi maman parlait.

Le cœur brisé en mille morceaux, la tristesse vous inondant tout entier, les larmes menaçant de sortir à tout moment. Je comprends, à présent. Et j'aurais aimé ne jamais comprendre

« - Léo ? T'es avec nous ? » m'interpelle la voix de mon cousin.

Je reviens soudainement à la réalité, dure et glaciale.

Autour du feu de camp que nous avons allumé, Josh, Mathéo, Enric et Luc m'observent d'un œil inquiet.

Je plaque un sourire sur mon visage, espérant qu'ils n'ont pas remarquer mes yeux rougis et les cernes qui se sont dessiner sous mes yeux.

Ça ne fait qu'un jour et une nuit que nous sommes là, mais j'ai déjà envie de partir.

À cause de qui ? Je vous laisse deviner.

C'est fou - et quelques peu ironique - de se dire qu'une seule et unique personne puisse contrôler vos seuls faits et gestes, sans même le vouloir.

Owen me fixe de son regard abattu, assis de l'autre côté du feu. Je baisse aussitôt les yeux, énervé qu'il me regarde encore. Il m'a dit qu'il ne pouvait pas rester avec moi... alors pourquoi est-ce qu'il ne peut s'empêcher de me fixer en permanence ?

« - Désolé, j'y vais. » je lance en me levant précipitamment.

« - Mais tu vas où ? » me demande mon cousin d'un ton inquiet.

Je reste debout, figé sur place, et glisse un regard en direction d'Owen : il se pince les lèvres et soupire d'un air coupable. Tant mieux. Je veux qu'il sache que c'est lui et lui seul qui me met dans cet état.

« - Je vais chercher un... paquet de chips. » je marmonne.

Je m'éloigne à grands pas, ne leur laissant pas le temps de protester qu'il y en a déjà quatres paquets par terre.

L'herbe fraîche chatouille mes pieds nus. Le soleil a disparu depuis longtemps derrière les nuages, et la soirée se fait de plus en plus noire et froide. Comme mon humeur.

Arrivé dans la cuisine, je m'adosse à la petite table en bois, et commence à éclater d'un rire bruyant. Ce fou rire se transforme peu à peu en un sanglot, amer et douloureux.

Je souffle bruyamment et tente de me calmer.

Ne te met pas dans cet état pour une personne que tu ne connais que depuis quelques jours, abruti.

La petite voix dans ma tête à le talent de savoir m'encourager et de me remettre sur le droit chemin.

J'attrape un paquet de chips dans le placard d'une main tremblante, et essuie mes larmes en me regardant dans le reflet du micro-onde.

Je plaque un sourire radieux sur mon visage, et sort rejoindre les autres.

***

Une voiture se fait entendre au loin, arrivant à toute vitesse. La musique à fond les ballons, elle se gare sur un coin de la pelouse.

« - Les filles sont arrivées ! » s'exclame joyeusement Josh.

Les garçons et moi nous levons et allons accueillir les invitées.

Trois filles en sortent, surexcitées et rigolant à gorges déployées.

La première - une sublime brune aux yeux verts -, court vers mon cousin et lui saute dans les bras. Celui-ci éclate de rire en la couvrant de bisous.

C'est sa copine, sans aucun doutes.

Une des filles s'avance vers Owen et lui lance un sourire timide. Elle a les cheveux blonds qui ondulent jusqu'à sa taille, et son visage me fait penser à celui d'un top model.

« - Salut, Owen. » lui susurre-t-elle.

Je les observe au loin, les poings serrés.

Pourquoi est-ce qu'elle se tient si près de lui ?!

« - Salut. » lui répond Owen sur un ton glacial.

Je souris, fière et satisfait qu'il l'ai remballer. Cette dernière tourne les talons, non pas avant de lui avoir lancer un regard noir.

Une rousse - la dernière de leur bande de copines - sort de la voiture. Je remarque tout de suite ses cheveux flamboyants, ressemblant à la crinière d'un lion indomptable. Une multitude de tâches de rousseur se dessinent sur ses joues, et ses yeux sont d'un bleu si foncé que j'ai du mal à percevoir ses iris.

Elle se tourne vers moi, tout sourires. Lorsqu'elle se penche vers moi pour me faire faire la bise, son parfum aux senteurs de vanille m'enivre.

« - Enchantée, me sourit-elle timidement. Je m'appelle Sarah. »

« - Léo. » je réponds avec une petite révérence.

Elle éclate de rire. Un rire détendu, vrai et franc. Je souris à mon tour.

« - Hé, tout le monde ! Ça vous dit, une tournée de chamallows grillés ? » nous propose Luc en s'avançant vers nous, un bras autour des épaules de sa copine.

Sarah se détourne de moi et tape dans la main de mon cousin.

« - Je suis partante ! » s'écrie-t-elle en lui faisant un clin d'œil.

Luc lève les pouces en l'air et se dirige vers le camp, Sarah sur ses talons.
Au dernier moment, sa copine s'avance vers moi et me tend sa main.

« - Salut. Je suppose que tu dois être le cousin de mon fabuleux petit ami ? » plaisante-t-elle.

« - Fabuleux ? » je pouffe de rire.

« - Oui, fabuleux, murmure-t-elle en se tournant vers Luc d'un air rêveur. Je me présente : Jess. »

« - Enchanté, Jess. » je souris avec une petite moue amusée.

Elle me tire la langue et part rejoindre son fabuleux petit ami.

Je secoue la tête d'un air désespéré.

Alors que tout le monde est déjà attroupé autour du feu de camp, je ne vois Owen nulle part. Je m'en fiche pas mal, après tout. C'est lui qui m'a clairement fait comprendre qu'il ne voulait plus me voir.

Sur ces sages pensées, je m'assoie dans l'herbe, aux côtés de Josh et Luc. Les filles sont installées devant moi - exceptée Jess, qui reste collée à mon cousin -. Ça doit être ça, les effets de l'amour.

J'essaye de participer de temps en temps à la discussion, et d'éclater de rire aux blagues nulles lancées par mon cousin, mais malgré mes efforts, je ne peux m'empêcher de penser à lui.

Owen.

Mon cerveau veut à tout prix se détacher de lui. Mais mon cœur, lui, refuse de l'abandonner.

Il hurle de douleur en silence, sans que personne ne puisse l'entendre à part moi.