CHAPITRE 8

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8:00

Le réveil est dur, ce matin.

Je ronchonne dans ma barbe, déprimé de devoir me lever aussi tôt. Je ne suis pas un matinal.

C'est le jour j. Le weekend en montagne, improvisé par mon cher cousin.

Les yeux encore mi-clos par la fatigue, je fourre au hasard tee-shirts, pulls, chaussettes et caleçons dans mon gros sac vert kaki - usé et moche, mais parfait pour les explorations en nature - et finit de m'habiller en vitesse.

Il est tôt, et le soleil n'est même pas encore lever, je décide donc d'enfiler un gros pull gris (les matins matinaux ne m'ont jamais bien inspirer en terme de look.)

Je jette un coup d'œil à mon reflet dans le miroir : mes cheveux sont bouclés et en bataille, comme d'habitude. J'ai des cernes aussi noirs que le charbon et je paraît m'être transformer en zombie au cours de la nuit. Je ronchonne et secoue la tête.

L'apparence compte peu. Je vais tâcher de survivre lors de ce weekend - s'annonçant extrêmement ennuyant - puis maman sera fière de moi, soulagée, et pourra dormir sur ses deux oreilles en sachant que son fils est parfaitement équilibré mentalement.

Je jette un sourire satisfait à mon reflet et lève le menton d'un air de défi.

J'attrape ensuite mon sac par terre et claque la porte.

***

8:30

Lorsque j'arrive sur le lieu du rendez-vous que j'ai fixé avec mon cousin, ses copains s'y trouvent déjà.

Des discussions fusent de partout dans l'air, et une atmosphère accueillante s'en dégage.

Apparemment, les amis de Luc sont surexcités à l'idée de passer un long weekend ensemble : ils se font des accolades toutes les cinq minutes et doivent avoir mal aux mâchoires à force de sourire.

Je reste un peu à l'écart, sachant que je n'entretiens pas trop d'affinités avec eux. J'aimerai aller leur parler, engager la conversation... mais mes pieds refusent de bouger. Je préfère attendre Luc, qui, - même s'il est énervant parfois - saura me mettre à l'aise.

Mon sac à dos sur une épaule, j'observe le superbe mono space de mon cousin, garé sur le côté. Malgré sa carrosserie blanche, il est brillant comme un sous-neuf. En plus de ça, il comporte six places : pile le nombre que nous sommes à partir. Je soupçonne Luc d'avoir acheté ce bolide exprès pour l'occasion.

En parlant du loup...

« - Léo ! »

Mon cousin s'avance vers moi à grands pas, un large sourire aux lèvres.

Je ne bouge pas, et me contente simplement de lui faire un petit signe de la main.

« - Comment ça va ? En forme ? » me questionne-t-il en enroulant un bras autour de mes épaules.

« - Ça va ! Tout roule. » je souris, le visage malgré tout tendu.

Cette réponse paraît le convaincre. Il hoche la tête et, la seconde d'après, court rejoindre ses amis pour discuter du départ.

Je les observe tous réunis, rigolant et se tapant dans les mains. Une promesse que m'a dite maman refait surface dans ma mémoire.

« - Tu vas bien t'amuser ! »

Je soupire, découragé. Comment m'amuser avec des personnes qui me sont totalement différentes ?

Malgré mes réticences, je décide de les rejoindre, les jambes trainantes. Je me suis moi-même fais la promesse que j'allais profiter à fond de ce weekend. Je tiens à l'honorer.

Arrivé à leur hauteur, ils m'accueillent tous chaleureusement en me tapant dans le dos.

Je finis par sourire. Un vrai sourire, cette fois. Même si je n'étais pas tout à fait partant pour ce weekend improvisé, j'avoue que ça fait du bien de se sentir enfin entouré. Même si c'est éphémère et le temps d'un court instant.

« - Salut, mec ! Je m'appelle Josh. » se présente un brun aux yeux malicieux.

Il me tend la main d'un geste hésitant.

« - Léo. » je souris en la lui serrant.

Cela continue ainsi : tous les amis de Luc se présentent tour à tour, ravis et chaleureux. Je commence à avoir des crampes à force de sourire, mais je suis épanoui.

Après avoir serré la main de Josh et Enric, je me tourne vers le reste de la bande. Mon sourire s'évanouit lorsque je croise son regard insistant.

Owen s'avance vers moi en me fixant de ses yeux verts émeraudes. Il porte un tee-shirt assez ample, mais je peux y deviner ses abdos. Une longue chaîne d'argent pend à son cou, et il paraît aussi rayonnant qu'un soleil d'été. Ses cheveux ont l'air d'un nuage de boucles blondes, et se reflètent parfaitement sous les rayons du soleil.

Malgré sa démarche assurée et son air joyeux, je perçois une lueur de tristesse dans son regard.

Il me tend sa main, hésitant et avec un petit sourire timide en coin.

Je fronce les sourcils, à présent incrédule. Pourquoi veux-il me serrer la main ? Nous nous sommes déjà rencontrer à la soirée.

Ah oui, c'est vrai. Il a dû oublier.

Je pouffe de rire intérieurement, sarcastique.

Avec un sourire forcé, je finis par lui serrer la main mollement, et la retire aussitôt.

Owen a un mouvement de recul, surpris par ma froideur. Son sourire a disparu, laissant place à un gros point d'interrogation.

Je sais qu'il me suit du regard, lorsque je tourne les talons pour rejoindre mon cousin et saluer le reste du groupe. Je sens l'insistance que ses yeux dégagent.

Un petit sourire en coin, je lève le menton, victorieux. À la dernière minute, je lance un regard rempli de sous-entendus en direction d'Owen. Lui me fixe, surpris et confus.

Et voilà. Tu sais ce que ça fait maintenant, de rester dans l'incompréhension.

Œil pour œil, dent pour dent.

Deux âmes s'aimant malgré elles (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant