Le soldat inconnu

Partie X

— C'est terminé. Tu vas pouvoir récupérer ton visage. Je n'en veux plus.

— Quoi ? Vous renoncez maintenant ? Vous allez me laisser ce chaos entre les mains ?

— Exactement.

— Vous êtes un lâche.

— Ce n'est pas faux. J'exige des hommes qu'ils respectent leurs engagements et assument leurs décisions jusqu'au bout... Mais je ne suis pas un saint. Je ne vois pas pourquoi j'exigerais la même chose de moi-même.

— Vous êtes une pourriture.

— Inutile de chercher d'autres qualificatifs. Je suis le Diable, c'est tout. Tu t'attendais vraiment à mieux de ma part ?

Folker ne sut quoi répondre. Il ne s'étonnait plus de rien de la part de son ennemi. Pourtant, jamais il n'aurait imaginé qu'il puisse se retirer et le laisser gérer cet enfer terrestre qu'il avait engendré.

— L'empire que j'ai créé est clairement en train de s'effondrer, reprit le Diable. Gérer les âmes en Enfer est bien plus amusant. Les êtres humains sont beaucoup trop inconstants. J'abandonne.

— Vous ne me laissez pas le choix, j'imagine ?

— La dernière fois que tu as eu le choix, tu as ruiné ta vie en passant un pacte avec moi. Je ne suis pas certain que te laisser décider soit une bonne idée, mon cher Folker, se moqua Lucifer.

Folker devait admettre qu'il n'avait pas tort. Une idée germa alors dans son esprit. Par cet acte irréfléchi, posé des années plus tôt, il avait causé la mort de milliards de personnes. Il était temps qu'il reprenne les choses en main et, à défaut de réparer ses erreurs, qu'il mette un terme au drame qui se jouait dans le monde.

— D'accord, faites ce que vous avez à faire. Rendez-moi ma vie. Et rentrez en Enfer. C'est là que vous avez votre place, pas ici.

— Oh, mais ne crois pas que c'est un adieu. Je reviendrai, avec une idée mieux construite et tout aussi diabolique. Oh, j'ai failli oublier ! Il y a une dernière chose que tu dois savoir. Eva a récupéré ton nom de famille. Elle ne se fait plus appeler Braun désormais.

— Vous avez fait en sorte que je redevienne son père ? demanda Folker, n'osant y croire.

— Non, bien sûr que non. Je l'ai épousée. Eva est ma femme à présent, ou plutôt la tienne. Peu de personnes sont au courant. Cela s'est fait il y a quelques heures à peine.

Folker en resta sans voix.

— Je vois que ma révélation fait son petit effet. Elle t'attend dans votre chambre. À bientôt, Folker ! Profite bien de ta nuit de noces...

Sur ces mots, le Diable disparu et Folker se retrouva seul, une fois de plus. Mais cette fois, il n'était plus invisible. Il n'était plus impuissant. Il avait toutes les cartes en main et allait s'en servir pour faire le bien.