Le soldat inconnu

Partie XI

Folker se rendit immédiatement auprès de sa fille. Elle l'attendait en petite tenue sur le lit qu'elle était censée partager avec son mari. Avec lui.

— Eva, rhabille-toi s'il te plaît.

— Qu'est-ce qu'il y a, cela ne te plaît pas ? s'inquiéta-t-elle.

— Non, ce n'est pas ça...

Il lui raconta alors son histoire. Comment il avait passé un pacte avec le Diable, comment ce dernier avait volé son visage, comment il avait mis sa vie, mais aussi le monde sens dessus dessous, avant de s'éclipser sans un regard en arrière...

Folker ne sut jamais si Eva avait cru à son histoire ou si elle l'avait pris pour un fou. Elle qui croyait dur comme fer à l'idéologie du parti nazi devait avoir du mal à accepter que son mari renonce à cette entreprise, qu'il s'agisse du Diable ou d'un homme incapable d'assumer ses propres convictions et sa propre place dans la hiérarchie du Reich. Quoi qu'il en soit, elle ne sembla pas croire un seul instant à une plaisanterie.

Le lendemain de cette nuit agitée, ne pouvant accepter le discours que son père lui avait tenu la veille, Eva se donna la mort.

Alors seulement, Folker trouva le courage de porter son revolver à sa tempe. Ce n'était pas un abandon de sa part. Ce n'était pas non plus une simple vengeance envers son ennemi ni une façon de reprendre la main sur son existence. Il devait avant tout mettre fin à ce génocide.

Ce jour-là, le monde put enfin dormir en paix.

Folker Adolf Hitler n'était plus.

Le visage de l'Holocauste avait été détruit.