XIII - Vagues

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Média : Miss Mrah (Tumblr.com)

Je suis réveillée par une brutale privation de couette, le lundi de la semaine suivante. Trop surprise pour être paresseuse, je lève les yeux vers mon agresseur pour découvrir une Pansy Parkinson, ravie de son effet. Elle sourit, un regard faussement diabolique en haussant les sourcils. 

« Il est sept heure, Weaslette. »

Et elle reste là, jusqu'à ce que me lève. Au moins, avec elle dans les parages. Je ne suis plus en retard. 

Je me traine jusqu'à la cuisine pour ouvrir le frigidaire et ne rien y trouver. Qu'est-ce que j'y cherche, d'ailleurs ? Les bons petit-déjeuners nécessitent un investissement que je n'ai pas. Pas le courage de préparer de la pâte à crêpe ou à gaufre. Je grogne en m'emparant d'un bol et d'un paquet de céréales pour enfant, hautement plus savoureux et mauvais pour la santé que les céréales pour adultes. Je m'installe à la table de la cuisine -qui est la seule table de l'appartement, inutile que je précise à chaque fois- sans me priver pour mettre les pieds sur les chaises. Elle, déjà prête depuis surement des heures, lit sagement un livre à la couverture blanche avec un titre compliqué, du genre de ceux qui je n'ouvrirais pas contre mon plus grand désir. 

Je lève les yeux, maugréant intérieurement contre la trop grande présence des intellectuel∙les dans ce monde, elle capte mon regard et fait un sourire ironique. Elle sourit tout le temps, mais jamais pour montrer de la joie. 

« Tu me regarde comme ça parce que tu es jalouse que je puisse lire un livre et pas toi ? 

Tu parles ! Jalouse ? Comme si j'avais envie de m'encombrer le cerveau avec les monologues intérieures de personnages torturés sans raison. 

- Ce n'est pas parce que je n'aime pas lire que je ne sais pas lire. je rétorque. Et puis regarder les gens de haut parce qu'ils ne peuvent pas faire quelque chose c'est la base du validisme.

- Tu n'as pas d'handicap qui t'empêche de lire, répond Parkinson en rabaissant les yeux sur ses pages, les tournant d'une façon que je trouve très hautaine... mais je ne suis surement pas objective, je trouve toujours que les gens ont l'air hautain quand ils lisent. 

- Ça, tu n'en sais rien. je grogne, attrapant une céréale dans mon bol. »

C'est à son tour de lever les yeux au ciel pour éviter de me faire remarqué ma mauvaise fois. Oui, dans mon cas, si je ne lis jamais ce n'est pas à cause d'un handicap, seulement parce que ça ne m'intéresse pas. Mais, merde, j'ai le droit de ne pas aimer lire, non ? Et puis, j'aime lire, d'un certain point de vue. J'ai lu des centaines de comics X-men, des heures de sous-titres de films, et je suis en train de lire pour la troisième fois en trois jour la pub inscrite sur le dos de mon paquet de céréales. 

J'ai du penser à voix haute car Parkinson relève la tête vers moi en la secouant de gauche à droite. 

« Ce livre dépasse largement tes X-man... men... là. 

- T'en sais rien, je pari que tu n'as jamais ouvert un comics. je contredis. Alors, tu ne peux pas juger.

- Et toi, tu as déjà lu une seule ligne de Virginia Woolf, peut-être ? Alors, tu ne peux pas juger. »

On se regarde un moment. Parkinson corne la page de son livre, le referme et me le tend. Puis se ravise, elle en sort un second de sa valise. Celle-ci doit en être pleine. Ce sont des livres qui ont vécu, mais je devine qu'ils sont moldus, il n'appartiennent donc surement pas à la famille de Parkinson. Je suppose que Pansy les a acheté d'occasion un peu partout. À Londres, des livres cédés à moins d'une livre voir carrément abandonnés dans les rues, on en trouve plein. Moi qui trouvait Parkinson classiste il y a une seconde, avec ses livres de riches, je la trouve beaucoup plus déconstruite quand je comprends qu'elle se nourrit de livres moldus depuis qu'elle est à la rue. Remarquez, il n'y a que les enfants élevés dans des conditions de riches qui ont le réflexe d'aller acheter des livres quand iels n'ont plus rien. Moi qui ai été pauvre toute ma vie avant d'être reconnue comme "personnalité importante de la seconde guerre des sorciers", je n'aurai pas songé un seul instant à m'instruire à tout prix en étant sans abris. On ne m'a pas élevé comme ça. C'est aussi pour ça que je n'aime pas lire, je suppose. Ce n'était pas la culture intellectuelle qu'on favorisais en premier, au Terrier. 

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