I - La coéquipière

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Média : pestoprongs (instagram)

Je laisse mes yeux se perdre dans ma tasse de café. Au dessus du liquide brun la vapeur s'élève. Je la balaye d'une main pour ne pas briser le contact avec Hermione qui m'observe comme si je venais de lui offrir un verascasse pour Noël. Il faut dire que c'est la quatorzième fois que je suis en retard en trois semaines. 

Je sais qu'il existe certaines personnes organisées capables d'arriver parfaitement à l'heure voir en avance à des rendez-vous, mais lorsque j'essaie, les choses se passent différemment pour pour moi. Ce matin, par exemple, j'ai eu beau me lever à six heures, l'univers s'est décidément accordé à dire qu'il fallait que j'arrive au ministère bien après le début de mes heures. Il y a eu l'eau chaude qui s'est coupé, le hibou de Luna qui m'a rappelé au dernier moment d'arroser ses plantes, puis la quête désespérée d'une doudoune à capuche. J'avais pourtant les meilleures résolutions du monde. 

Dans ce manque de bruits gênant, j'adresse à mon amie un sourire crispé. Elle croise les bras. Je suis certaine qu'elle n'a pas ce genre de problème. Elle est habillé de façon très élégante avec un costard noir, son maquillage est parfaitement appliqué et ses cheveux afros possèdent des boucles parfaites. Elle ne répond pas le moins du monde à mon sourire qui a viré en une grimace et elle croise les bras. Ses sourcils sont froncés, il est difficile d'ignorer que, en ce début d'après-midi, elle a rarement été plus en colère contre moi. 

Elle se lève et commence à faire les cent pas dans son bureau. Ses talons noirs claquent contre le parquet, je baisse la tête vers mes vielles converses et mon jean trop grand. Elle doit penser que je me moque d'elle. Je tente de caresser la petite chouette noire qui assiste à la scène sur son perchoir mais même elle tourne sa minuscule tête pour échapper à ma main. 

« Ginny, introduit Hermione, tu es une auror très douée. Tu es agile, tu sais te battre, tu es courageuse... Mais tu manque de discipline ! Tu es toujours en retard, ton bureau est -passe moi l'expression- dans un bordel pas possible, tu n'es pas assez sérieuse ! »

Je tords ma bouche. Il est difficile de la contredire sur ce point. 

« Et depuis un mois, c'est deux fois pire ! »

Évidement, parce qu'il y a un mois, Luna et moi avons rompu. Ce n'était pas un moment difficile, c'était une séparation d'un commun accord. Ça ne m'a pas fait plonger dans le genre de déprime qu'on pourrait se figurer, mais cela a considérablement modifié ma vie. Luna était la clé de mon organisation. C'était probablement l'une des choses qui faisait marcher notre couple : nous étions contraire, ce qui créait un équilibre. J'étais spontanée et elle organisée... sauf que ce n'est plus le cas, puisqu'elle n'est plus avec moi. Je ne m'en plains pas, je préfère être seule qu'être avec une personne qui n'est plus amoureuse de moi et qui se force à rester, mais il arrive qu'elle me manque. Et son absence modifie ma routine plus que je ne l'aurai cru. J'en veux un peu à Hermione pour le manque d'indulgence dont elle fait preuve. Elle est avec Ron depuis presque dix ans, maintenant ! Elle ne sait pas ce que c'est !

« Je suis désolée, je tente de temporiser, je vais me reprendre, promis ! Laisse-moi encore une chance ! 

- Ginny... reprend Hermione en mettant une main sur son front, je ne te cache pas que si tu n'étais pas mon amie, je te virerai sur le champs avec des débordements pareils. 

Des débordement ? J'ai seulement eut quelques retards ! 

- Ça veut dire que tu ne me vires pas ? 

- Ça veut dire, que je vais prendre une mesure très stricte pour que cela n'arrive plus. »

J'avale durement ma salive. Quand elle le veut, les mesures très strictes peuvent être diaboliques. Il m'arrive fréquemment de plaindre Rose et Hugo. Je ramène une de mes jambes contre mon ventre l'entourant d'un de mes bras mais mon amie peste aussitôt, une main devant-elle en guise de démonstration :

« On ne mets pas ses pieds sur les chaises ! »

Je soupire, ramenant mes jambes à leurs ancienne position. 

Elle se rassieds à son bureau, tenant les deux accoudoirs de son fauteuil. Inutile que je joue la carte de la rupture difficile. Elle n'a jamais apprécié Luna, cela ne ferait que la rendre encore plus en colère. Ce serait lui rappeler tout mes "mauvais choix" en une après-midi alors même que je mets un point d'honneur à les évoquer le moins possible en sa présence. 

« J'ai décidé, de te mettre en équipe. Je suis certaine qu'un coéquipier pourrait te donner plus de discipline. 

En soit, je trouve l'idée plutôt bonne ! J'adore parler avec les autres, alors, au delà du soucis d'organisation, ce sera sympa de pouvoir discuter pendant les missions. Cependant, je ne vois pas vraiment avec qui elle peut me coller, je suis seule avec les deux collèges dans la session des accidents magiques et iels sont déjà ensemble. Iels se connaissent depuis avant Poudlard, on ne peut pas les séparer ! 

- Ok... je marmonne en faisant mine de ne pas me montrer réticente. Et du coup, qui est l'heureux∙se élu∙e ? 

Hermione soupire, vas vers la porte et marmonne des paroles à quelqu'un au dehors que je ne peux pas entendre car elles sont étouffées par les murs. Quand elle revient, je devine une silhouette derrière elle, et, quand la personne entre à son tour, ma bouche s'ouvre et mes yeux s'écarquillent. 

Pour la troisième fois, elle retourne s'assoir à sa place de Ministre de la Magie et son regard se fait encore plus découragé qu'avant. 

De mon coté, j'observe la personne avec qui j'ai été assignée. Elle est brune avec un carré court, elle porte, tout comme Hermione, un costard quoi -que le siens soit plus débraillé-. Elle incarne parfaitement l'idée qu'on se fait d'une Serpentard au passé douteux et elle semble aussi ravie que moi d'être ici. Elle a les mains dans les poches de son blaser trop grand, sa frange noire couvre une partie de ses yeux. Je la vois lever les yeux au ciel. 

« Quand t'aura retrouvée l'usage de ton dernier neurone tu nous préviendra, hein, Weasley ? 

Je sors de ma paralysie puis je me tourne vers Hermione qui presse une main contre son front. Comment a-t-elle put accepter que Pansy Parkinson travaille au ministère ? S'il y a bien une personne qui sait ce dont cette fille est capable, c'est elle ! 

- Mais enfin, 'Moine, tu peux pas me coller avec elle ! 

- Parkison a passé ses examens, souffle Hermione, elle les a réussit, et maintenant elle travaille ici. Il serait injuste de ne pas lui donner les mêmes chances que les autres. Elle a payé ses fautes durant la guerre, il est temps de lui donner une chance. Si je te mets avec elle, c'est parce que je suis convaincue qu'elle saura t'apporter de la rigueur et que je suis également sure que tu aura un effet bénéfique sur elle. Vous ferez une bonne équipe !

- C'est une blague, n'est-ce pas ? je m'exclame, n'y tenant plus et me levant, mes paumes de mains frappant le bureau de mon amie. Elle t'as harcelé à Poudlard, elle a défendu Voldemort ! Elle ne mérite pas de rédemption. 

- Tout le monde mérite une rédemption, Ginny. Dit Hermione en m'invitant à me rassoir. Tout le monde fait des erreurs. 

- Dans ce cas donne moi une rédemption pour mon retard ! 

- Je t'ai donné quatorze rédemptions pour ton retard ! s'exclama Hermione en perdant pour de bon son sang froid. C'est simple, Ginny, soit tu acceptes de travailler avec Parkinson, soit tu es virée ! »

La dite-Parkinson tiens un doigt sur sa tempe, le coude s'appuyant sur un bras passant devant son ventre et nous regarde, Hermione et moi, avec lassitude.

Je reverse la tasse de café toujours pleine sur le bureau de bois d'Hermione et décide de mettre fin à cet entretient. Pour que le message soit clair malgré tout, je marmonne que j'accepte le marché mais ne me prive pas pour claquer bien fort la porte. 

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