Aurors

XX -

Je crois que Hermione me l'avait dit mais je suis sonnée de (re)découvrir que j'ai été suspendue de mes fonctions. C'était prévisible, mais je sens le monde s'écrouler sous mes pieds lorsque je m'en souviens, le lundi suivant. Mon jus de citrouille s'écroule par terre de choc. Non pas que j'aime particulièrement ce travail mais je pense à l'affaire et aussi à mon salaire mine de rien... 

Je suis sur mon fauteuil un quart d'heure plus tard, les yeux dans le vide et en train de soupirer, une soudaine nostalgie débarquant quand je me mets à souhaiter retourner à Poudlard. Bon, il est clair que risquer de mourir tout les jours à cause de l'autre sans nez n'était pas une partie de plaisir, mais il faut bien avouer que pendant une bonne partie du temps je n'en avais rien à faire de la guerre, à part quand j'ai été envoutée par Voldemort, c'est surtout à partir de la mort de Cédric Diggory que tout est vraiment devenu plus sérieux, c'est pour cela que contrairement à Harry, Ron ou Hermione, j'arrive à avoir une certaine nostalgie cette époque, à me perdre dans des heures de matchs de Quidditch, d'école buissonnière avec mes anciennes amies ou de moments marquants avec Luna ou Neville. 

Alors que je déprime dans mon coin, mon regard s'ayant sans que je m'en rendre compte accroché à l'une des plantes de Luna moitié bleue azur, moitié verte, la sonnerie m'écarte de mes rêveries. 

Je me lève, ouvre la porte.

Une jeune femme que je connais bien se tient derrière, un carré brun qui aurait bien besoin d'être coupé, des sourcils parfaitement dessinés et moqueur. Elle porte un pull à col roulé et à manche longue alors que les premières lueurs de l'été rendent la chaleur étouffante mais je sais bien pourquoi elle s'est habillée comme ça et je sens une lame imaginaire s'enfoncer dans mon coeur. C'est moi qui lui ai fait ça, et ses bras et son corps doivent être ouverts de cicatrices causées par mon patronus obscur. 

« Salut Weaslette. 

Elle me sourit, je ne sais pas comment elle fait, moi je veux lui claquer la porte au nez tant je me sens comme un monstre. 

- Salut. »

Nous restons silencieuses un moment après ce fort court échange. 

« Je vais aller chez Drago pendant un moment, m'explique Pansy en posant par terre le carton qu'elle a dans les mains, je crois que Potter l'a quasiment forcé à le faire pour que je te laisse de l'espace. Je vais bientôt avoir assez d'économie pour me payer un endroit où vivre de toute façons... 

J'essaye de ne pas ressentir de douleur en comprenant que ce geste signifie que nous ne seront jamais ensemble. Qu'est-ce que j'espérais de toute façon ? Elle et moi, ça n'aurait pas marché longtemps. 

- Harry ? je demande pour masquer ma peine. 

La dernière fois que j'ai vu Harry parler à Malfoy c'était lors de l'enterrement de Rogue et c'est à peine s'ils ont pu tenir échanger deux phrases avant de s'arrêter pour ne pas commencer à se disputer. 

- Je crois qu'il vaudrait mieux qu'il t'explique ça lui même... »

Je ravale un soupir, consciente d'être passé à coté de nombreux événements ses derniers mois. Pansy essaye de m'embrasser, je recule un peu trop brutalement, secoue la tête, alors elle prends ses affaires et les rangent dans le cartons. 

Au moment de partir elle se retourne vers moi, visiblement pleine d'espoirs. 

« Je suis pas en état d'être dans une relation. Ça me rend malade d'avoir put te faire du mal. 

Elle a la mine triste, ferme les yeux un moment. 

- Je t'attendrai, alors. »

. 

Je tiens tout de même à suivre l'avancé de l'affaire alors je suis Hermione comme son ombre au ministère et elle ne m'en empêche pas. Je n'ai aucune envie de retourner dans mon bureau pour partager la suite de l'enquête avec Pansy dans une atmosphère gênante avec le poids de ma culpabilité sur les épaules, et je n'ai même pas le droit. Alors je reste dans les coins du bureau de mon amie, jonglant avec toute sorte de choses lorsqu'elle écrit, lui parlant quand elle a besoin d'un avis ou simplement de compagnie. Et au final elle avait raison, c'est elle qui se retrouve à faire le travail à ma place. Je n'ai pas le temps de m'en vouloir car je suis dans les vapes, pour contrôler mon patronus obscur le psychomage m'a donné une potion qui me donne l'impression d'être saoule. 

Mais je vois défiler celleux qui manifestent pour le non-retrait des filtres d'amours, celleux qui manifestent en sa faveur, les articles de journaux, les regards... et même si je ne travaille pas je suis fatiguée.