XV - Pansy

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Nous n'étions pas à l'appartement, ni au ministère. Fatiguée d'une semaine infernale, j'avais proposé à Pansy de retourner manger des sushis et elle avait accepté. J'aurai put le proposer à quelqu'un d'autre, mais j'avais brusquement réalisé qu'en ce moment, Pansy était la personne qui se rapprochait le plus d'une amie pour moi. C'est bizarre, parce qu'on s'envoie toujours des piques et qu'on fait mine de se détester mais ça se voit que ce n'est plus le cas, même pour elle. 

« Ça va ? 

Elle a les yeux baissés tandis qu'elle pioche un maki avec une baguette, une mine triste. Comment arrive-t-elle a manger avec des baguettes si facilement ? Je mange des sushis depuis mon installation à Londres et j'y arrive toujours pas ! -pardon, je m'égare.

- Je sais pas si je peux me confier à toi. soupire-t-elle.

Je ne peux pas lui donner tord, mais je répond en haussant les épaules :

- C'est pas comme si j'avais grand monde à qui répéter les secrets. »

Le regard qu'elle me lance me fait comprendre qu'elle n'apprécie pas ma réponse, ça, j'aurai put le deviner, c'était pas le but. Alors je hausse les épaules, croyant que la conversation est terminée de toute façon et décidant de manger mes sushis avec les mains au lieu d'avoir l'air ridicule avec les baguettes, ça finit toujours comme ça de toute façon. La voix de Parkinson me sort de mon analyse culinaire mentale. 

« Ok, je te raconte. »

Il faudrait peut-être que je songe à changer ma façon de me vêtir si je veux gagner des points de sérieux dans ma vie, car à cet instant je nous visualise toute les deux dans le restaurant aux lumières tamisées, elle en costume noir avec la mine sombre... et je me souviens que je porte encore un sweat de Luna décoré d'un renard qui dort à coté d'un lapin. 

Je lève les yeux vers Pansy et encre mon regard dans le sien. Elle se pince les lèvres, pose ses baguettes et cale son dos contre sa chaise, comme si elle n'avait plus la moindre intention de manger ou qu'elle voulait fuir loin de moi. Je hoche la tête et lui sourit pour lui faire comprendre que je l'écoute, et, pour une fois, aucun souvenir de Luna ne vient s'infiltrer comme une pointe dans mon coeur. 

« Mes parents m'ont viré du manoir Parkinson, commence-t-elle assez brutalement ne sachant visiblement pas comment faire pour s'attaquer au sujet d'une façon moins brutale probablement parce qu'il est difficile d'aborder quelque chose d'aussi grave avec douceur. À la fin de la guerre ils espéraient une nouvelle montée en force des sang-pur, peut-être pas une nouvelle guerre, mais, ils voyaient d'un très mauvais oeil les nouveaux droits accordés aux nés-moldus. Et, comme j'avais eu l'occasion de m'émanciper un peu de tout ça, que j'avais pas mal réfléchit à la question, je n'étais plus d'accord avec eux et je leurs en voulait. Je voyais plus aucune raison de détester les nés-moldus, de me sentir supérieure... je voulais juste continuer ma vie et ne plus penser à toutes ses histoires. Sauf que j'avais aucun endroit où aller si je devais partir et que je ne pouvais pas me libérer du nom des Parkinson à moins de me marier ou de me faire adopter par quelqu'un à cause d'histoire compliqué de liens magiques, et, j'étais trop vieille pour être adoptée, et, je crois que tu es déjà au courant mais étant donné que je suis lesbienne, le mariage est illégal pour moi dans le monde sorcier et moldu. 

Je hoche la tête, ça, je le sais bien. 

... Je n'avais vu que des filles en douces depuis ma sortie de Poudlard parce que je savais que mes parents n'accepterai jamais ça, continua-t-elle en soupirant avec une certaine tristesse dans la voix, et j'avais raison. J'ai été moins prudente un jour et puis mes parents sont tombé sur ma copine de l'époque. C'était la première fille de laquelle j'étais sincèrement amoureuse du coup je n'ai pas réussit à mentir, j'ai pensé pendant un moment que mes parents accepterai peut-être, finalement, ils n'avaient jamais été vraiment homophobe à ma connaissance, après tout... Mais je me suis trompée et avec ça et nos désaccords politiques j'ai décidé de partir en me disant que je trouverai bien quelque part où aller... Mais ma copine vivait encore chez ses parents, mes anciens amis de Serpentard ne me parlaient plus et aucun membre de ma famille n'allait m'accepter, alors, je me suis retrouvée à la rue. J'ai un peu squatté chez Drago, mais, on arrêtait pas de se fâcher, pour des trucs cons en plus, surement parce qu'on étaient pas bien tout les deux, on étaient tristes, on avait perdu contact avec nos amis... bref. J'étais terriblement heureuse quand j'ai décroché une place au ministère, je me suis dis que j'allais être payée une fortune mais je restais une mangemort aux yeux de tout le monde alors on ne me payait pas trop haut et j'avais pas encore assez pour m'acheter un truc à Londres donc je préférais économiser... Et, tu connais la suite. »

Je reste assez paralysée à la fin de ses confidences. Les minutes qui suivent sont étranges, nous nageons dans la confusion quand je vais payer, que nous sortons et que nous nous retrouvons dehors, dans la presque-nuit, bercées par l'air frais du début de soirée. Comment suis-je censée réagir ? 

« Ginny ? 

Je me rends compte que je me suis arrêtée de marcher pour réfléchir, Pansy me regarde avec une mine amusée comme si me raconter tout ça l'avait débarrassée de ses problèmes, ce dont je doute. Et je lui sourit en retour en fronçant les sourcils. Je crois que c'est la première fois qu'elle m'appelle par mon prénom, mais bon, il était temps, après plusieurs mois à travailler ensemble !

- Je suis désolée pour ce qui t'es arrivé, Pansy. Je lui répond en marchant jusqu'à sa hauteur et en transformant mon sourire narquois en ce que j'espère être une expression d'empathie sincère.  

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