IIX - Une vraie mission

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Tw : mention de situation dans laquelle une personne est sans domicile fixe (j'ai pensé que ça pourrait trigger dans gens, je sais pas.) + mention sang et blessures

J'ai le coeur léger le lendemain matin. Je me redresse dans mon lit et les choses me semblent bien moins grave que la veille, je mets un moment à comprendre pourquoi. Une mission commence aujourd'hui ! Une vraie mission ! Je suis peu être un poil sadique mais j'ai rarement été aussi heureuse d'avoir en charge une nouvelle mission. Enfin mes bras vont servir à autre chose qu'à écrire, enfin ma baguette va lancer d'autres sorts que des sorts de rangements et enfin je vais pouvoir faire ce pour quoi je suis réellement douée. 

Je n'ai pas la moindre difficulté à me lever, ne repousse pas une fois la sonnerie de mon réveil. J'enfile mon jean tâché de peinture, une brassière de sport pour ne pas avoir mal en cas de course poursuite, un gros sweat pour me pelotonner dedans au cas où j'aurais besoin de réconfort, mes chaussures dont je serre bien les lacets, et mon éternelle doudoune. Je songe à m'attacher les cheveux. Si je le fais, je sais qu'il finiront détachés dans moins d'une heure alors je me contente de prendre un élastique au cas ou et de le glisser dans mon sac.

Je me rappelle au dernier moment d'arroser les plantes de Luna et je claque la porte. 

Je me suis préparée si vite sous le coup de l'adrénaline que j'ai une heure d'avance. Oui, vous avez bien lu. 

Je m'apprête à savourer une heure de temps libre dans mon bureau tranquille. Je vais peut-être même passer voir Seamus au bureau des affaires de souvenirs ! Sauf qu'en posant mon sac, je m'aperçois que Parkinson est dans le bureau, endormie sur son bureau. Est-ce qu'elle a passé la nuit ici ? Merlin, même Hermione ne fait pas ça. Enfin, je sais que Hermione a un mari et des enfants mais je sais que même si elle n'en avait pas elle ne serait quand même pas assez... 'passionnée ?' pour s'endormir au travail. 

Je reste figée un moment, essaye de ne pas faire de bruits, je crois qu'il y a un truc pas normal. Je n'avais pas mis le doigt dessus, avant. Je me fais peu-être des films, mais... La malle dissimulée sous le bureau de Parkinson sent la sort d'extension à plein nez. Est-ce qu'elle vit ici ? Certes, nous autres sorciers, pouvons vivre dans des valises, mais nous évitons cette situation un maximum. Une valise, c'est pas bien confortable, même si on l'aménage. Et puis on peut se faire embarquer à tout moment. 

Un courant d'air dans la salle voisine réveille Parkinson qui comprends que je suis là depuis un moment ce qui ne fais qu'accentuer son dédain pour moi. 

« Tu as le droit de ne pas me répondre, je m'aventure à pas de loup, mais, est-ce que tu vis ici ? 

J'ai l'impression qu'elle va m'arracher la tête. 

- Qu'est ce que ça peu te foutre ? »

Ça, je devrais le prendre mal, mais c'est une réponse qui me donne raison. Je dois avoir l'air légèrement terrifiée parce qu'elle lève les yeux au ciel et commence se préparer pour la mission. Je comprends que je n'aurai même pas le temps de saluer Seamus ou Hermione car Parkinson part déjà devant moi. Je suis sonnée, je la suis sans rien dire. 

Prendre des infos est rapide. Nous faisons le tour de Londres en passant par tout les bars. C'est étrange de passer dans quelques boites de nuit en plein jour. L'ambiance y est très obscur et quand on sort on est baignées de lumière. Comme à la fin d'une séance ce cinéma quand il fait encore jour. J'ai l'impression de passer des barrières interminables entre le jour et la nuit. J'interroge les autres de façon polie alors que Parkinson met directement les pieds dans le plat. Peut-être qu'elle est toujours comme ça, ou peut-être que c'est à cause de notre court échange de ce matin. 

Après trois heures de recherches, alors que mon ventre commence à crier famine, je me prépare psychologiquement à rentrer bredouille au ministère. Nous n'avons même pas son nom de famille, personne ne sait où ce Noam habite. Tout ce qu'on a, c'est ce qui se dit du bouche à oreille. On raconte que c'est un "tombeur" ce qui me pousse encore plus à m'interroger sur la raison pour laquelle il refile des filtres d'amours au lieu de juste draguer. 

Je regarde les pavés des rues et ruelles. On marche depuis je ne sais combien de temps, en silence, en plus ! Et maintenant Luna débarque dans ma tête. J'aurais bien aimé travaillé avec elle, je suis sure qu'elle aurait fait une bonne auror. Enfin, remarquez, je ne sais pas si le coté imprévisible de ce métier lui aurait-plût, mais bon, c'est pas comme s'il se passait des choses incroyables ses derniers temps. Je crois qu'on va devoir arrêter l'enquête demain puisqu'on ne trouve rien et on recommencera cette étouffante routine de bureau, demain, du coup. 

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Retour au Ministère après une trop courte journée d'enquête. Difficile de ne pas laisser paraitre ma frustration. En plus, demain, c'est de nouveau le repas de famille et je suis déprimée. Faut que j'arrête de me dire que ma vie ressemble à rien, que j'accomplit rien, que je sais pas tenir un projet et que de toutes façon, j'en ai pas... je commence à croire que j'aurais dut continuer ma carrière de Qudditch. Ce métier là est surement trop cérébral pour moi. C'est pas que je suis bête, mais j'aime pas me prendre la tête. Surtout après une rupture. À chaque fois que mon cerveau a un moment pour penser, le souvenir de Luna revient me hanter, c'est fatiguant. 

Je me laisse tomber sur la chaise de mon bureau. Il est encore tôt, mais, je pourrai quitter le Ministère maintenant...

« Ginny ! »

Je fais un bond, me retourne vers la porte pour y découvrir Hermione. Pas besoin d'un mot de plus, il s'est passé quelque chose. Son visage a perdu beaucoup d'autorité et gagné une certaine peine. C'est le visage qu'elle a lorsqu'on lui annonce une mort. Non pas qu'elle soit sensible à toutes les morts qui parviennent à ses oreilles, sinon elle serait en constante déprime, mais les rares fois où elle est contraire de voir un corps ou une grave blessure, c'est ce qui se passe. Je crains que Luna, un de mes frères, Harry, un de ses enfants ou bien même Neville n'ai été attaqué∙es. 

« Qu'est-ce qui se passe, 'Moine ? 

- Seamus vient d'être chargé d'amener un blessé à St Mangouste, il a une oreille totalement arrachée, on ne sait pas comment. Il s'appelle Noam Putnam. »

J'échange un regard avec Pansy, plus en alerte que moi en entendant ce nom. Il faut absolument qu'on aille interroger ce type ! Mais je connais St Mangouste et je connais leurs réticences à faire entrer des gens dans les chambres de leurs patient∙es. Inutile d'aller là bas si on sait qu'il ne nous accepterons pas. On devra attendre encore quelque jours.

Je devine qu'Hermione a été demandée pour aider Seamus avec le blessé. Tout ça a dû se faire dans la précipitation. Elle a vu la blessure du type, et j'imagine que, même lorsqu'il s'agit d'un vrai connard, voir quelqu'un avec une oreille arrachée ne doit pas être un bon moment. Enfin, même si le pire reste pour la personne en question qui n'a plus d'oreille. 

Le choc passé je comprends que je dois ranger cette affaire dans un coin de mon cerveau, au moins pour les deux prochains jours et je m'apprête à suivre Hermione qui vient de quitter le bureau en me faisant un signe d'adieu. Je rassemble mes affaires, soupire, commence à marcher puis revient sur mes pas et me tourne vers Parkinson. 

Je plante mes pupilles dans les siennes. Il est loin de faire nuit comme la dernière fois, elle n'est pas en train de travailler, elle ne fait même pas semblant. 

« Tu veux venir chez moi ? »

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