Partie 2. 4 - Symbole d'Espoir

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Dans le coucher de soleil écarlate, une vaillante reine et sa redoutable stratège se tenaient aux côtés d'un roi si brisé que même pansé l'on pouvait encore distinguer les fissures de son cœur dans son regard. Cela aurait pu être une scène paisible si la reine n'avait pas été étendue de tout son long, son souffle laborieux et son corps lacéré par d'ignobles blessures. Sa fidèle stratège, qui l'avait suivi dans la guerre malgré le brillant avenir qu'on lui avait prédit auprès de leur peuple, était agenouillée à ses côtés, tentant en vain de contenir les rivières de sang qui s'échappait du corps de sa souveraine.

Mavis savait qu'elle ne pourrait sauver Erza. Elle était l'une des personnes les plus intelligentes d'Earthland tout entier, un génie à l'aune du mage noir, le seul qui ait jamais pu la mettre en échec durant sa longue vie. Elle savait. Cela n'empêchait pas ses larmes de couler à flots, l'aveuglant alors qu'elle tentait désespérément de sauver son amie. Même la poussière de fée ne pourrait plus rien pour elle, les jadis magnifiques ailes de la reine à présent terne et sa queue pointue sans vie. La magie d'une fée réside dans ses ailes et sa vie à la pointe de sa queue. Celle d'Erza ne pulsait plus qu'irrégulièrement, et bien trop faible pour laisser de l'espoir. La jeune stratège se mordit les lèvres, les entamant profondément sans ressentir vraiment la douleur, et leva les yeux vers le roi sans peuple.

« Fais quelque chose Igneel ! Va chercher Grandiné ! Il faut la sauver ! Vite ! »

Le dragon se contenta de secouer lourdement sa tête avant de la poser lourdement près du corps de sa vieille amie et de diriger son immense œil d'or sur la fée désespérée et leur amie mourante.

« Je suis désolé Mavis.

—Non ! Non ! Non non non, Erza ! Erza reste avec moi ! Je t'en supplie, Erza, reste avec moi ! »

Un sanglot ravagea sa petite silhouette, la faisant se recroqueviller sur elle-même. Elle paraissait si petite, si fragile, en cet instant. Alors qu'elle avait mené tant de batailles, assumé tant de responsabilités, dont la vie de son peuple et de ses victimes. Elle avait été l'héritière d'Erza, avant que celle-ci ne choisisse de se battre pour l'avenir d'Earthland, pour le futur qui pourrait être détruit, et qu'elle n'ait choisit de la suivre. Erza était... une force de la nature, éternelle, invaincue depuis des centaines d'années, le pilier de leur société.

Il n'avait fallu que quelques coups à Acnologia pour la mettre à terre définitivement avant de passer son chemin comme si rien d'important ne s'était passé.

Mavis tenta de ravaler un nouveau sanglot qui l'étranglait, se forçant à retrouver son sang-froid. Ca ne pouvait pas être finit, il y avait forcément une solution, il suffisait juste qu'elle réfléchisse et-

« M- Mavis...

—E-Erza ! Erza, ne parle pas- Ca va... ça va aller, ne t'inquiète pas, tu vas voir, tout va s'arranger ! Tu... Tu vas guérir, d'ac-d'accord ?

—N-Ne te voile... pas... la face, p-petite sssoeur, éructa la reine entre deux quintes de toux et sifflements de douleur, c- c'est la fin, la fin pour m-moi mais tu... toi tu d-dois vi...vre.

—Erza, tu- ! »

Le sourire douloureusement sincère lui coupa la parole comme un coup de poing au ventre. La reine leva son regard agonisant vers son vieil ami qui se redressa pour pouvoir la regarder dans les yeux. A lui aussi elle adressa un sourire, tentant de paraître réconfortante malgré la situation.

« Ig-Igneel. T'inq- t'inquiètes pas, trop. L-Lucy, Nat -reuhreuh- Na-Natsu et Kann...a ont f-fait ce qu'il fa...llait. ... f-fier d'to-ton f..fils, hein ? tous... tr-tr-trois, ess-exc-sseptio-ptionnels ... p-plan sec-cours br-brillant, L-Lucy a t-t'jours été, int-intelligen... Dieux pl-us... ind-indulge-reuheuhreuh-gents ... -âce... eux. »

Le museau du dragon se tordit d'une étrange manière, trahissant une sorte de sourire amer alors que son œil doré reflétait sa tristesse et son regret. Il souffla doucement en directement de la fée écarlate pour l'interrompre, n'osant la brusquer que ce soit par les gestes ou la parole.

« Economise ton souffle, petite fée, tu ne devrais pas gaspiller ton temps avec un vieux dragon comme moi.

—Am... Amis, souffla-t-elle faiblement et le regard d'or s'adoucit.

—Oui, c'est vrai. Merci Erza, je chérirais tes paroles dans les moments les plus durs. Mon fils et nos deux vieilles amies nous ont sauvé sans hésiter, au point de sacrifier leur vie. C'est un acte héroïque que je raconterais aux générations à venir, pour que l'espoir vive. Un rappel que les héros existent toujours et qu'un jour la situation s'arrangera.

—B-Bien, fit-elle avec un semblant de hochement de tête, un fade écho à sa fermeté habituelle. Mav-vis ?

—­Je suis là ! Je suis là Erza, je t'écoute, je suis là, balbutia-t-elle entre ses pleurs.

—V-Vis. Sour-it. Et... et, et sauv'monde... heur...se, pr-pr'm'sse ?

—Je... je... »

Mavis ferma les yeux, pressa fort ses paupières les unes contre les autres pour empêcher un nouvel afflux de larmes. Elle les rouvrit brusquement presque immédiatement, horrifiée à l'idée qu'Erza meurt dans ce brief laps de temps. Heureuse ? Elle ne le serait peut-être jamais plus. Peut-être. Mais elle ne pouvait pas dire ça à son amie. Alors elle essuya ses yeux d'un geste de la main, se souillant de rouge écarlate dans le processus, et sourit aussi largement, aussi sincèrement qu'elle put.

« Promis ! »

Erza se contenta de sourire, un éclat d'approbation dans son regard flou, errant entre le ciel et ses amis sans logique. Comme si elle avait attendu cette promesse pour arrêter de lutter, le battement au bout de sa queue palpita une fois, deux fois, rata la troisième, se rattrapa à la quatrième. Un souffle inaudible s'échoua à la sortie de ses lèvres gercées. Il n'y eut pas de cinquième.

.

A la lisière d'un champ de bataille, deux silhouettes se détachaient dans la lueur rose du matin. L'heure était entre chien et loup, les deux silhouettes étaient indiscernables, faisant penser à des spectres du monde égaré qui terrifiait tant les mortels. Le chagrin insoutenable qui s'en dégageait et les lamentations aux échos irréels qui semblaient provenir de cette direction poussant les curieux à s'éloigner. Personne ne voulait attirer des esprits désespérés sur un charnier, ils étaient déjà trop près.

Quelque chose était étrange cependant. Quelque chose de magique, d'extraordinaire.

Entre les deux silhouettes avait fleurit un grand cerisier aux fleurs étincelantes de milles couleurs, à l'aune des arcs-en-ciel qui éclairait le monde après une pluie d'été.

Un symbole d'espoir dans une ère de désespoir.

L'Âme des EtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant