L'Âme des Etoiles

Partie 1. 5 - Début de l'Aventure

Lucy regarda curieusement la fleur verte qu'elle ne connaissait pas. Contrairement à Cassiopée elle n'était pas une experte de botanique et elle ne s'étonnait plus des nouveautés qu'elle découvrait au fil du temps. Tout de même, cette fleur était étrange, elle ressemblait à... une trompette ? Très étrange. La jeune femme s'assura que ce n'était pas la seule fleur des environs et la cueillit avec précaution, se bénissant d'avoir pensé à acheter des gants dans la ville précédente.

« Lucy ! Lucyy ! Tu es où ?

—Je suis là, j'arrive ! »

Elle rangea la feuille dans l'épais herbier qu'elle avait tiré de son sac à dos, rangea le tout et se releva pour rejoindre Arzack. Cela faisait deux mois qu'elle avait quitté la cité et elle était tombée sur Bisca et Arzack quelques heures après. Ravie de tomber sur le couple qu'elle avait rencontré dans sa précédente vie, Lucy les avait abordés et ils avaient fini par voyager ensemble. Eux ne se souvenaient pas d'elle, bien sûr, mais ils avaient été heureux d'avoir un nouveau compagnon de voyage. Depuis ils avançaient dans la direction de la capitale, là où le roi dragon Belserion avait construit son palais. C'était la ville qui regroupait le plus de savoir de tout le pays, un arrêt évident pour Lucy. C'était également là où se trouvait toute sorte de marchands et d'aventuriers, ce qui intéressait particulièrement le couple. Bisca, surtout, espérait y retrouver des amis.

Lucy sourit à Arzack qui lui indiqua de monter dans le chariot, qu'ils puissent repartir rapidement. La blonde s'exécuta et s'installa à côté de Bisca, trônant sur une pile de couvertures pendant que le mage se hissait sur le siège avant et lançait les chevaux.

« Comment ça va Bisca ?

—Bien, sourit-t-elle, ta tisane a fait des miracles, je n'ai presque plus mal au dos.

—C'est bien, acquiesça Lucy. Fais quand même attention, interdiction de faire des mouvements brusques ! A cinq mois de grossesse le bébé ne risque pas grand-chose mais sur les routes il vaut mieux être prudent.

—Je ne risque rien avec Arzack et toi ! C'est moi qui suis enceinte et c'est vous qui vous êtes transformés en mères poules, rit-elle.

—On est prévenants, c'est tout, s'offusqua faussement Lucy. »

Bisca éclata de rire, ce qui amena un sourire rayonnant sur les lèvres de la blonde. Arzack, devant, souriait largement de la bonne humeur de sa femme. Les sautes d'humeurs devenaient courantes à présent et il apprenait rapidement à profiter quand elle était de bonne humeur. Qui savait combien de temps cela pouvait durer ? Les femmes enceintes étaient terrifiantes.

« On arrivera dans peu de temps à Draign, quand le soleil sera haut je pense, intervint-il en jetant un coup d'œil derrière son épaule.

—Enfin ! s'exclama Bisca. J'ai hâte de dormir dans un vrai lit ! »

Un rire léger s'échappa des lèvres de Lucy qui secoua la tête, ses mèches blondes volant dans son visage. Son rire se coupa quand elle se mit à grimacer et entreprit de les sortir de sa bouche. Beurk. Elle releva son regard chocolat vers ses compagnons de voyage et sourit de nouveau.

« Vous allez vous installer à la capitale ?

—On ne sait pas encore, peut-être.

—On y restera le temps que Bisca accouche c'est sûr, après par contre... ça dépendra de la situation là-bas je suppose.

—Oui, il parait que ça s'agite. Les gens parlent de guerre entre les dragons depuis quelques temps.

—J'en ai entendu parler mais je n'imaginais pas que c'était aussi grave. Une guerre, vraiment... ? questionna Lucy, inquiète.

—A ce qu'il parait...

—C'est ce qu'on raconte en tout cas, tempéra Bisca d'une voix rassurante. Les dragons sont bagarreurs, on ne sait jamais vraiment à quel point c'est grave avec eux.

—La capitale ne sera peut-être pas le meilleur endroit pour s'installer pendant quelques années tout de même.

—On ira peut-être vers l'Est ! lança Arzack en souriant par-dessus son épaule. Il paraît que c'est plus calme après Bosco ! »

Lucy rit quand Bisca répliqua que c'était de l'exil plus qu'un déménagement mais elle approuvait cette idée. Les pays de l'Est seraient certainement le seul endroit réellement sûr pendant longtemps si les dragons commençaient une guerre. La guerre venait progressivement de l'Ouest.

La journée passa lentement, paisiblement. Ils s'arrêtèrent pour manger, Lucy faisait à manger pendant qu'Arzack massait le dos ankylosé de sa femme. Les rires éclataient régulièrement lorsque les plaisanteries étaient lâches ou des anecdotes honteuses étaient vendues. Des bulles de joie courraient dans les veines de Lucy, la grisant légèrement. Elle était sur les routes, accompagnée de vieux amis – plus vieux qu'ils ne l'imaginaient – avec qui elle riait sans contrainte, vers des aventures plus merveilleuses encore. Elle était heureuse.

Ils avancèrent plus lentement que prévu mais aucun ne s'en soucia. Ils arrivèrent en haut d'une colline, d'où ils pouvaient voir les horizons. Et au loin...

« La capitale !

—Enfin !

—On y est presque ! »

Ils accélérèrent le rythme et atteignirent les murs de la ville avant le soir. Draign, le centre névralgique du continent, la capitale du royaume de Dragonoff, était à l'origine entourée d'une haute muraille mais les gens, attirés par la promesse de travail, avaient peu à peu dressés leurs maisons autour. Ainsi, ils atteignirent les premières maisons, traversèrent un marché et contemplèrent une petite église ornementée avant d'arriver devant les portes de la ville. Ils durent encore attendre leur tour avant de pouvoir entrer et, enfin, ils furent dans la ville.

Lucy regarda autour d'elle avec attention, avide de découvrir les changements qui s'étaient produits depuis sa dernière visite. Elle avait connu Draign à sa fondation et était revenue régulièrement dans ce qui était devenu la capitale. C'était la ville, après tout, qui possédait la plus grande bibliothèque du continent ; lui permettant de faire un point sur ce que les humains avaient appris depuis la dernière fois qu'elle avait voyagé. C'était son point de départ à chaque nouveau voyage.

Ce fut là qu'elle se sépara de Bisca et Arzack. Ils allaient se mettre à la recherche d'une auberge qui satisferait les exigences de femme enceinte de Bisca pendant que Lucy se dirigerait vers le palais et sa bibliothèque. Ils se reverraient peut-être, en tout cas ils chériraient leurs souvenirs.

Lucy se détourna en souriant et se mit en marche. Elle avait appris à faire des adieux depuis longtemps, les siens n'étaient jamais définitifs après tout.