Lizenn
Je marche rapidement à travers la plaine ensoleillée. Le bruissement des herbes sous mes pas atténue quelque peu la tension qui s'est emmagasinée en moi et je respire profondément, essayant tant bien que mal de me calmer. Je n'en reviens pas.
À côté de moi, mes deux gardes scrutent les alentours, prêts à réagir au moindre problème. Eux aussi sont tendus : ils ne savent rien de ce qui c'est passé pendant mon entretien avec la jeune fille des Phénix. J'ai préféré attendre d'être en présence de mon père pour tout leur raconter.
Un tumulte infernal de pensées envahit ma tête. Je ne me remets toujours pas du piège qu'ils m'ont tendu. Ils ont vraiment cru que je me ferai avoir par la première venue ? Secouant distraitement la tête, je me reconcentre sur le moment présent. En ce moment, il ne fait pas bon d'être la fille de l'homme que tout le monde ou presque déteste - le roi, en l'occurrence.
Ce serait bête de mourir par simple étourderie. Mon heure n'est pas venue. J'ai l'intime conviction que je peux encore apporter beaucoup à notre royaume, et s'il faut pour cela que je fasse un long voyage vers d'autres royaumes, ou même que j'aille plaider ma cause auprès de ces pseudo-justiciers que sont les membres de la Ligue, je n'hésiterai pas. Rien ne peut me repousser.
— Mademoiselle, il vaudrait mieux que vous vous couvriez. Vos cheveux sont trop reconnaissables, intervient Hanz.
Je soupire, mais, malgré mes réticences, monte au-dessus de ma tête la lourde capuche dont est pourvue ma cape. Ma garde rapprochée se resserre autour de moi, tout en recouvrant de leurs propres vêtements leurs longues épées. De tous mes protecteurs, c'est ceux en qui j'ai le plus confiance : je m'entraîne avec eux depuis mon plus jeune âge, et ils me tirent de moments compliqués sans jamais demander d'explication. Je mettrai ma vie entre leurs mains.
Nous arrivons enfin en bordure de ville. Le palais n'est plus très loin, désormais. Cependant je ne peux m'empêcher de craindre le pire. Ce ne sont pas les révoltes envers nous qui manquent en ce moment. Mais que faire ? Révéler à tous les habitants du royaume que les Phénix ne sont que des usurpateurs, et ainsi mettre fin à la vie de deux adolescents qui n'ont rien demandé ?
Non, il nous faut absolument trouver une solution. Plus le temps avance, plus je suis persuadée que nos potentiels alliés se trouvent sous nos yeux. Il faut que j'arrive à convaincre mon père.
Devant nous, le mur d'enceinte se profile. À notre arrivée devant la lourde porte de fer, une dizaine de soldats nous interceptent. Je baisse ma capuche et ils s'inclinent avant de nous ouvrir la voix. Heureusement, Naamen a pris ses précautions, et nous avons encore près de deux cent gardes qui nous sont dévoués. Mais cela ne suffira pas contre le nombre d'opposants, même s'ils ne sont pas aussi bien formés qu'ici.
Pourquoi tout est-il toujours si compliqué ?
— Votre père vous attend dans ses appartements, princesse.
— Bien. Vous pouvez retourner à vos postes, le remercié-je, tout en me dirigeant à l'intérieur.
Mes deux gardes me suivent tandis que je pousse la porte et gravis les marches d'escaliers couvertes de rouge. Je m'empresse de rejoindre Naamen. Je sais qu'il a beaucoup à faire en ce moment et ne voudrais pas chambouler son programme.
Trois coups sur la porte plus tard, j'entre, suivie par mes deux acolytes. Effectivement, en plus d'être mes gardes rapprochés, Hanz et Ereria sont mes conseillers les plus fiables. Ceux de mon père attendent déjà à ses côtés.
— Bonjour, père.
Le roi incline légèrement la tête et m'invite à m'asseoir en face de lui, sur l'un des somptueux fauteuils dorés. Je m'exécute malgré la tension qui parcourt mes membres. Mes deux gardes se postent chacun d'un côté de mon siège et se courbent gracieusement.
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Nom De Code tome 2 - Eau
Action/!\ Tome 2 ! À ne pas lire si vous n'avez pas lu le tome 1 de la même série /!\ Ernakan, an 1535 Les Éléments, désormais séparés, sont contraints de rester à l'écart les uns des autres, faute de quoi ils en pâtiraient tous. Ashley se retrouve dans...