CHAPITRE 6

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Elena

La sonnerie retentit et je soupire, soulagée. Enfin, la journée est terminée. J'étire mes membres engourdis par mon immobilité, puis sors de la salle. Le cours d'histoire du royaume a été particulièrement ennuyant : le professeur Mécha a commencé à nous parler du règne de Naamen, en prenant bien soin de glisser des critiques à demi camouflées tout le long de ses explications. Le processus d'embrigadement a commencé.

Désormais, chaque jour, chaque semaine nous enlève de potentiels alliés. Aïsha va devoir assurer lors de son voyage, ou nous sommes perdus. Mais j'ai confiance en elle. Je sais qu'elle arrivera à convaincre la princesse de son bon vouloir. Je crois en elle.

Je sors en vitesse, pressée : il est temps pour moi de rendre visite à mon père. Cela fait longtemps que je n'ai pas quitté les Phénix et il va commencer à s'inquiéter si en plus de ne plus recevoir de nouvelles de Maurice, il n'entend plus parler de moi.

J'arpente les couloirs d'un pas déterminé. Tous les vendredi, Mira rejoins notre petite maison fleurie à dix-neuf heures pile. Si dans les dix minutes qui viennent, je ne suis pas là, cela veut dire que je ne viendrais pas. Cet arrangement minimise la perte de temps et les risques que nous prendrions en nous envoyant un message, codé ou non.

Soudain, alors que j'arrive à l'étage où se trouve le bureau du directeur, je suis bousculée par une personne qui court dans le sens opposé. Je tombe à la renverse, emportée dans son élan. La jeune fille tombe à mes côtes et je la sens se raccrocher à moi pour éviter de se faire mal. Je peste et tente de me dégager. J'ai horreur du contact humain.

— Oh ! Excuse-moi Elena ! s'exclame une voix qui ne m'est pas inconnue. Je suis vraiment désolée, je ne t'avais pas vue !

Je ravale le juron que j'allais proférer lorsque je la vois. Aïsha s'écarte de moi, se relève vivement puis me tend sa main. Je la saisis, dans l'incompréhension. Après m'avoir aidé, la jeune fille s'éloigne aussi vite qu'elle est arrivée, non sans marmonner une dernière excuse. Je n'ai pas le temps de me poser plus de question. Je repars, et atteins le bureau de Christophe sans autre incident.

— Je dois aller voir mon père, annoncé-je sans préambules. J'ai retardé jusqu'au dernier moment ma visite face à vos réticences, mais il a besoin de moi.

— Elena-

— Vous savez déjà que j'irai dans tous les cas, le coupé-je. Est-il vraiment nécessaire d'argumenter à nouveau sur ça ?

— Ce que je sais, jeune fille, c'est que tu as tendance à oublier qui est le chef ici. Tu me fais perdre mon temps.

Je soutiens son regard, un petit sourire aux lèvres. Je ne répond que de moi-même, mon cher.

— Et bien, plus vite vous accepterez que je parte, plus vite je vous laisserai en paix, enchéris-je.

Mon interlocuteur souffle, mais je ne me laisse pas abattre. Je suis habituée à ce jeu de regard et je ne céderai pas.

— Soit. Mais la prochaine fois, adresse toi au professeur Lorin. Je ne veux plus entendre parler de cette histoire.

Je hoche la tête et sors du bureau, contente. Mais avant de partir pour de bon, je remonte dans mon dortoir : j'ai une dernière chose à vérifier.

Arrivée dans la chambre, je ferme la porte et fouille mes poches. Je ne trouve rien dans mon pantalon et passe à la veste. Mais ses nombreuses poches ne révèlent rien. Les sourcils forncés, je continue mon exploitation, faisant bien attention de ne rien laisser échapper.

— J'étais pourtant certaine... murmuré-je.

Je dégaine mes poignards dans un dernier espoir et hoche la tête. J'en étais sûre. Je ramasse le petit bout de papier qui en est tombé et le déplie, révélant un petit texte écrit en ancien langage. Aïsha ne m'aurait jamais rentré dedans sans faire exprès. Elle est bien trop adroite pour ça. Et quoi de mieux pour faire passer un message que de créer une diversion ? Je baisse les yeux vers ce dernier et entreprends de le déchiffrer.

Nom De Code tome 2 - EauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant