McCartney : Femme farouche ( Romance , Historique, Complet)

chapitre 49

-Je veux que le sol soit balayé plusieurs fois par jour. Quand on entre, l'argile collée à nos pieds tache tout...

- C'est impossible ! s'écria Trisha en se levant, mais se rassit. Nous n'avons pas assez de domestiques pour qu'une seule personne balaie constamment la salle.

-Je crois qu'en redistribuant les tâches... répondit Rose calmement. Il y aura plein de temps pour tout.

-J'en doute, siffla Trisha d'un air supérieur.

-Ne doute pas Trisha.

Rose sourit et fit signe à Claire de s'approcher.

-À partir d'aujourd'hui, Claire sera ma dame de compagnie, donc elle ne lavera plus, ne cuisinera plus et ne frottera plus le sol.

- C'est impossible ! cria Trisha à nouveau, offensée par ce qu'elle entendait.

Jusqu'à ce moment, la seule dame de compagnie du château était censée être-elle.

-C'est une bonne vulgaire, sans classe, elle ne sait pas comment se comporter ! Comment pouvez-vous être la compagne de la femme du seigneur ?

-C'est très facile Trisha, répondit la jeune femme, heureuse de voir que la femme avait mordu à l'hameçon. Claire sera ma dame de compagnie car ici je suis la dame, et c'est ce que j'ai décidé.

-Quelle idée ridicule ! Si lady Jade vous voyait faire ces changements, elle vous rirait au nez.

-Trisha ! aboya Rose en sentant son sang bouillir. Ce que cette femme pense ou ne pense pas ne m'intéresse pas du tout. À partir de maintenant, contrôle ta langue, ou je la coupe moi-même.

Mais Trisha, au lieu de se taire, se révolta.

- Ton manque de classe devient de jour en jour plus palpable.

- Ferme ta grande gueule ! crièrent Claire et les autres serviteurs avec colère.

Trisha se dégonfla.

-Tais-toi Trisha, et écoute ! demanda Rose, mourant d'envie de l'attraper par le cou.

-D'accord... chuchota-t-elle hautainement. Pour moi, madame, y a-t-il du changement ?

-Bien sûr.

Rose sourit, l'analysant du regard, consciente qu'Eli l'écoutait avec le père Molly derrière une tapisserie.

-Désormais, tu veilleras à ce que toutes les provisions qui arrivent au château soient maintenues en parfait état. J'ai besoin du garde-manger sous contrôle. Comme cela ne prendra pas toute ta journée, tu auras la charge de balayer la pièce chaque fois que nécessaire. Et enfin, tu aideras à nettoyer, laver et servir la table quotidiennement.

-Pas question ! cria la femme, se sentant ridiculisée devant tout le monde.

Tout le monde était ravi de ce qu'ils entendaient.

-Je vais parler à Eli et résoudre ce non-sens. Je suis sûre qu'il ne te laissera pas me traiter comme une simple domestique. Mes bonnes manières et mon bon jeu d'actrice toutes ces années méritent plus que d'être une vulgaire bonne.

-Tu fais autre chose Trisha...répondit Rose en haussant un sourcil alors qu'elle priait pour que Eli la laisse finir. Je crois que la nuit, tu réchauffes le lit d'Eli. À mon avis, être une simple servante le jour et une pute la nuit t'occuperas.

Le murmure général devint intense.

-Je ne te permettrai pas de me parler comme ça ! cria Trisha en s'approchant de Rose. Tu te prends pour qui pour m'insulter et me discréditer comme ça devant tout le monde ?

-Je suis la femme du seigneur et ta maîtresse, répondit Rose.

-Tu es jalouse car avant toi, j'ai réchauffé le lit de ton mari.

Trisha eut un rire sarcastique, surprenant tout le monde avec son impudence.

-Tu te trompes Trisha, aboya la jeune femme avec un demi-sourire qui fit bouillir le sang de la femme jusqu'aux limites insoupçonnées de l'Écosse. Si c'était par jalousie, tu peux être sûre que je t'aurais donné un coup de pied au milieu de la rue.
Mes raisons sont autres. Des choses que je considère comme déloyales et qui méritent d'être punies de mort.

-Punition et mort ! cria Trisha, ne mâchant plus ses mots.

- C'est ce que vous subirez, Sassenach dégoûtante, quand dame Jade reviendra dans ce château. Car sachez tout de suite que votre mari ne vous aimera jamais, et vous pouvez être sûre que chaque fois que Jade le voudra, Niklaas vous mettra de côté pour revenir vers elle. Votre mariage avec lui est d'un an. Pensez-vous qu'il va vouloir partager sa vie avec vous, alors que Jade a toute la classe et la beauté qui lui manquent ?

-Tais-toi, putain de femme ! cria Susan quand elle vit la pâleur de Rose. Notre seigneur adore sa femme. Regarde juste comment il la regarde et prend soin d'elle.

-Tu es la pire femme que j'aie jamais rencontrée ! cracha Claire.

Puis elle sentit la main de Rose la tenir et la pousser à passer derrière la tapisserie.
-J'avais besoin de Claire, avec le père Molly, pour tenir Eli.

Ce qu'il allait entendre ensuite le rendrait fou.

- Rassurez-vous tout le monde, ajouta Rose en prenant une profonde inspiration pour ne pas penser à ce qu'avait dit cette femme haineuse. Je ne crois pas en tes paroles, d'autant plus que je ne crois en rien de ce que tu dis. Et tu peux être sûre qu'à partir de ce moment, je n'aurai aucune pitié pour toi et ne me reposerai pas tant que tes os ne seront pas sous terre.

-Eli ne consentira pas, déclara Trisha d'un ton sarcastique.

L'heure avait sonné.

-Tu te trompes, putain d'imposteur ! aboya Rose avec fureur dans la voix.

D'un sac en tissu, elle sortit la tasse encore tachée et l'un des sacs d'herbes.

-Il t'expulsera lui-même lorsqu'il apprendra qu'avec ses brassins de tangara et de lauriers roses, tu l'as empoisonné dans le but de devenir la maîtresse du château.

-Il ne te croira pas.

Trisha rit avec mépris.

- Je vais faire en sorte que ce vieil homme stupide n'entende que ce que je veux qu'il entende, et ne voie que ce que je veux qu'il voie.

Tout le monde marmonna sans rien comprendre, mais Rose reprit.

-Elle a d'abord essayé avec Niklaas, car elle savait qu'il souffrait de sa rupture avec lady Jade et s'est glissée dans son lit, l'accusa alors Rose. Mais quand elle a vu qu'il ne l'épouserait jamais et est parti combattre aux côtés de Marcus Cambridge, elle a pensé qu'avec de la chance, il serait tué, alors elle s'est glissée dans le lit d'Eli pour arriver à ses fins.

Rose sortit la broche de sa poche, et voyant la folie et la peur sur le visage de Trisha et l'étonnement dans les yeux des autres, elle dit :

-Mais quelqu'un l'a découvert et a essayé de l'arrêter, n'est-ce pas ?

-Oui ! s'écria Trisha furieuse.

Et laissant échapper un rire à glacer le sang de tout le monde, elle ajouta :

- Cette foutue gosse, Fanny, l'a découvert c'est pourquoi j'ai dû la tuer.

-Dieu que tu pourrisses en enfer ! grogna Rose quand elle entendit un hurlement de douleur derrière la tapisserie.

- Elle ne m'a jamais aimé ! cria Trisha en s'approchant d'une des fenêtres. Elle m'a entendu parler de mes intentions avec Dalton la nuit de son anniversaire. Mais j'ai pu l'achever avant que ses mots n'atteignent les oreilles de son grand-père.

-Merde ! s'écria Eli en partant, livide de douleur, de derrière la tapisserie et attirant le regard fou de Trisha. Tu as tué ma petite fille ! Et tu as eu le culot de vivre avec nous tout ce temps !

Les larmes inondèrent son visage quand il vit la broche d'amour dans les mains de Rose.

La soulevant doucement, il murmura :

- Comment as-tu pu faire quelque chose d'aussi horrible ?

-Désolé...chuchota Rose au vieil homme. Je suis désolée, de tout mon cœur, Eli.

-Oh mon Dieu ! gémit Claire, remarquant pour la première fois que la broche que son amie Fanny avait fièrement arborée cette nuit-là.

-Trisha je vais te tuer à mains nues ! cria le vieil homme désolé. Non seulement, tu as tué ma petite-fille et as essayé de me tuer, dit-il en prenant la main froide de Rose, tandis qu'avec l'autre il serrait la broche cassée. Mais tu as aussi essayé de tuer Rose en amenant Dalton dans ce château.

-Elle devenait un autre frein, grogna Trisha, déjà aveugle de peur et de folie.

-Tu n'as plus ta place parmi nous Trisha ! cria le père Molly en entendant tant de méchanceté de la part de cette femme.

- Tu brûleras en enfer pour l'éternité ! cria tout le monde, affolé.

-Arrêtons-la et attendons l'arrivée des petits-enfants pour que justice lui soit rendue ! Susan pleura les larmes aux yeux, surprise d'avoir vécu toutes ces années avec une meurtrière.

- Je vais la tuer à mains nues, chuchota Claire, furieuse et angoissée.

-Je vais la tuer, putain de sorcière ! cria Eli, l'attaquant.

Mais Trisha, le voyant, se détourna, faisant tomber le vieil homme avec fracas au sol.

-Eli ! s'exclama Rose qui courait pour l'aider avec tout le monde.

Au même moment, Trisha en profita pour courir vers la porte et s'enfuir.

Rose quitta Eli avec Susan et Jessie et coururent après elle.

Lorsqu'elles franchirent la porte, elles la virent monter les escaliers.

Avec Claire sur leurs talons, elles atteignirent les tours, où plusieurs guerriers crièrent à Trisha de descendre de la tour qu'elle avait escaladée.

La folie de la femme avait atteint son paroxysme.

Elle cria, ria et jura, montrant clairement qu'elle avait perdu la tête.

Lorsqu'Eli, aidé par le père Molly, Susan, Jessie et les autres arrivèrent, Trisha se jeta dans le vide et tomba avec fracas contre les pierres, mourant sur le coup.

-Désolé, désolé, Eli je l'ai découvert et... murmura Rose, pâle, le prenant affectueusement par la main.

Tous les serviteurs se regardèrent avec incrédulité.

-Je suis vraiment désolée...

-Je connaissais ma petite fille, je sais...

Et, la regardant avec un sourire triste, Eli murmura :

-Grâce à toi, ma petite fille peut maintenant reposer en paix.

Cette nuit-là, alors que tout le monde s'était retiré, la solitude que Rose ressentait autour d'elle la fit presque suffoquer.

Après ce qu'il s'était passé dans les tours, des guerriers sont descendus pour récupérer le corps sans vie de Trisha.

Rose avait ordonné qu'elle soit enterrée loin.

Trois hommes sont partis avec le corps et ne sont revenus que tard dans la nuit.

Étourdie par les événements, Rose s'allongea à l'endroit où Niklaas avait dormi.

Quand elle le sentit, elle s'endormit en pensant à lui.

Au cours des jours suivants, Rose a personnellement veillé à ce que l'angoisse et la tristesse d'Eli disparaissent progressivement, et elle ne se reposa pas jusqu'à ce qu'elle le voie sourire.

Avec tact et affection, elle lui raconta comment elle avait relié les points et découvert la méchanceté de Trisha, grâce à l'aide de Claire, qui maintenant, en tant que dame de compagnie, se sentait heureuse.

La toux et les maux d'estomac d'Eli commencèrent à disparaître grâce aux herbes médicinales que Rose élaboraient chaque matin et soir, sous les yeux attentifs de Susan, Danielle et Jessie, qui prêtaient attention à tout ce qu'elle racontait sur le pouvoir médicinal des plantes.

Et c'est à ce moment que Rose découvrit qu'elle était enceinte, mais qu'elle garderait le secret jusqu'au retour de son mari.

Elle voulait que personne ne gâche cette merveilleuse surprise.

L'après-midi, Rose aimait s'asseoir avec Eli pour écouter ses histoires sur le temps où il parcourait les galeries avec d'autres seigneurs des mers.

Grâce à ses rapports, elle apprit que la tribu picte était nommée ainsi par les Romains qui leur avaient donné ce nom lorsqu'ils ont vu la coutume qu'ils avaient de se peindre le corps.

Elle fut également surprise d'apprendre que ce sont eux qui appelaient l'Ecosse "Calédonie", à cause d'un grand bosquet d'araucarias qui s'étendait sur tout le territoire.

À son tour, Eli s'est intéressé au passé de la jeune fille qui, tantôt en riant, tantôt en se lamentant, lui racontait tout ce qu'il s'était passé avec ses parents et son grand-père.

Le temps était froid, glacial. Parfois, les brumes étaient si épaisses qu'on ne pouvait rien voir de la fenêtre. Cela faisait plus de trente jours que Niklaas était parti pour Stormen, mais les dernières nouvelles indiquaient que les guerriers étaient allés à Édimbourg.

Le mois de février touchait à sa fin et les sommets des montagnes étaient encore enneigés.

Chaque matin, avant le réveil du château, Rose descendait aux écuries et, montant Teddy, prenait les rênes de Toby et se promenait dans les environs d'Invernese, où les galants couvraient les prés, tandis que les lièvres, maintenant avec la fourrure blanche, étaient cachés sous le manteau de neige.

Elle voulait profiter au maximum de ces promenades, sachant que dès que Niklaas apprendrait son état, il lui interdirait sûrement de les faire. Ainsi, elle apprécia ces moments avec soin.

Eli l'observait depuis le balcon de sa chambre.

Regarder cette fille était devenu l'un de ses divertissements les plus agréables. Voir comment elle se donnait corps et âme à toutes ses tâches lui procurait de la joie. Et s'aperçut bientôt que tous les serviteurs et villageois, qui l'avaient initialement rejetée, finissaient par embrasser le sol sur lequel elle marchait. Elle avait gagné l'affection de tout le monde.

Ils voyaient en elle une personne de confiance qui faisait tout pour eux et était toujours à l'affût de rien. Elle était une combattante, et il aimait ça autant que son petit-fils Niklaas était un guerrier exceptionnel.

Rose aimait chevaucher à travers les montagnes, avec un rhume au visage et Teddy comme compagnon, tandis que les becs-croisés semblaient chanter lorsqu'elle galopait sous les pins et les cèdres. Elle aimait s'arrêter pour regarder les vaches à fourrure, qui relevaient la tête et semblaient la saluer en la voyant passer.

La relation entre Teddy et Toby était de plus en plus curieuse. Puisque Toby était un vieux cheval et que Teddy était jeune et impétueux, le jeune destrier recherchait toujours l'adulte pour le suivre et se tenir à ses côtés. Avoir ces deux chevaux a fait le bonheur de Rose. L'un était un cadeau de son père, l'autre de son mari.

Les promenades du matin apaisaient les nerfs et l'anxiété qu'elle ressentait face à l'absence de nouvelles de son mari.

À cause de cette distance et des paroles de Trisha, le doute et la peur ont commencé à être ses compagnons, et elle ne pouvait s'empêcher de penser : et si Trisha avait raison ?

Un après-midi, Rose surveillait son petit jardin, gelé et couvert de boue, quand Kit arriva très en colère, ainsi que Danielle et leur fils.

-Rose ! cria le garçon en colère. Je ne veux pas prendre de douche.

-Madame, dit Danielle, n'écoutant pas le garçon.

- Pouvez-vous jeter un œil à ces têtes de petits diables ?

En retroussant ses manches de fourrure, Rose fit ce que la femme lui avait demandé.

-Oh mon Dieu ! chuchota Rose en regardant les têtes des enfants. Ils sont pleins de lentes, Danielle tu ferais mieux de leur couper les cheveux et de leur laver la tête avec de l'eau d'aulne noir.

-Je ne vais pas couper mes cheveux ! protesta encore Kit.

Et il tenta de s'échapper tandis que Rose le tenait par l'oreille.

- Encore une question madame. Mon fils aîné est tombé d'un arbre hier et a une énorme ecchymose à la jambe. Que puis-je lui donner pour réduire l'enflure ?

-Haliams, indiqua Rose. Passez à la cuisine plus tard et je vous donnerai l'herbe.
Vous devez l'appliquer sur la partie affectée. Vous verrez comment cela aidera à réduire l'enflure et la douleur, et éliminera la teinte bleutée.

-Merci madame, dit Danielle.

Elle partit avec son fils et laissa Rose seule avec Kit.

-Tu veux arrêter de me frapper ? grogna Rose.

-Je ne veux pas prendre de douche ou me faire couper les cheveux, marmonna le garçon avec colère.

-Eh bien, désolé de le dire, bon gars, mais il n'y a pas d'autre option.

Et puis Kit traversa le jardin boueux.

Rose, amusée, courut après lui, elle aimait jouer avec son frère.

Le garçon, sentant sa main sur son épaule, se retourna et lui donna un autre coup de pied, ce qui rendit ses paroles inappropriées pour une dame.

Quand elle réussit à l'attraper à nouveau, Rose cria :

-Kit, allons dans la baignoire !

Le garçon lui donna un nouveau coup de pied.

-Dans tes rêves ! cria-t-il en la projetant sur le sol boueux du potager.

-Kit ! rugit-elle en se voyant toute couverte de boue.

Son frère essaya de s'échapper.

Elle l'attrapa fermement par le pied et le garçon tomba face contre terre. Avec les deux se débattant, l'argile commençait à voler dans toutes les directions. Rose, déjà toute sale, s'en fichait.

-Tu as vu comment nous sommes, à cause de toi ? Maintenant, nous allons tous les deux prendre une douche.

-Je déteste quand tu me traites comme un gamin ! cria Kit.

Et prenant l'argile, il la frotta sur la tête de sa sœur.

- Très bien Kit ! dit-elle en sentant la boue humide couler le long de son cou.

Avec un sourire diabolique, elle frotta de l'argile sur le visage de son frère, le laissant stupéfait alors qu'elle riait aux éclats et disait :

- C'est ce que tu mérites pour te comporter comme un enfant !

-Sincèrement, dit une voix derrière eux. Je ne sais pas lequel des deux est le plus un enfant ?

Kit et Rose se retournèrent rapidement et poussèrent un cri de joie quand ils virent Ada, souriante, derrière eux.