Bianca

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Lorsque je rentre chez moi, je ne me sens pas d'attaque à affronter ma mère. Je monte dans ma chambre, me change et vais directement dehors. J'ai besoin de courir, la journée a été longue et je sens que je vais devenir folle.

Mais au bout de 20 minutes, je me sens épuisée. J'ai du partir trop vite car je suis déjà assez bien enfoncée dans les bois. Je m'assoie sur un rocher qui surplombe une petite prairie. Je me sens tout de suite plus apaisée et ferme les yeux. 

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé lorsque j'entends des pas venir dans ma direction. Je ne m'inquiète pas trop car beaucoup de marcheurs prennent cette route pour monter vers la falaise à la sortie de la ville. Mais je regrette mon manque de précaution quand je sens le parfum d'Oscar et sens cet abruti  s'assoir à coté de moi. Je soupire, à croire qu'un peu de repos est trop demandé.

Curieusement, on n'échange aucun mot.  On observe juste le soleil se coucher. Une bouffée de nostalgie m'envahit car c'est l'une des choses qu'on adorait faire quand on était enfant. Notre moment favori, c'était quand on faisait un compte à rebours jusqu'au moment où le soleil disparaissait complètement de l'horizon. 

- Qu'est-ce que tu fais dimanche ? me demande soudain Oscar d'une voix calme.

-  Ca te regarde ?Pourquoi ? je répond, sincèrement curieuse de savoir où il veut en venir. 

- Répond. 

Je lui jette un regard. Il n'a pas bougé et reste concentré sur le soleil qui commence doucement à se cacher derrière les montagnes au loin. Il est beau comme ça, à la lumière du crépuscule. Un vent léger fait bouger ses cheveux et les reflets du soleil les rendent plus brillants que d'habitude. Malgré son attitude, je le connais assez pour savoir que quelque chose l'angoisse. Impossible de savoir si il s'agit de ma réponse ou de la raison même de cette question. 

- Je saurais me rendre disponible pour une bonne cause j'imagine, dis-je en me détachant de ma contemplation. 

- Très bien. Ma mère aimerait te voir, tu sais... il fait une légère pause avant d'ajouter : comme avant.

Il se tourne vers moi mais je ne bouge plus. Je ne sais pas comment réagir. Ce qui se passe est bien trop bizarre pour moi. Quand j'étais petite, j'adorais parler avec les parents d'Oscar. Son père m'écoutait et me posait des questions comme si j'étais une grande personne tandis que sa mère m'offrait toute l'affection que ma mère n'était pas capable de me donner. Le dimanche après-midi était le moment que je préférais dans la semaine, pas seulement parce qu'il s'agissait d'une autre occasion pour moi de passer du temps avec mon meilleur ami mais aussi parce que je savais que ses parents se faisaient une aussi grande joie que moi à l'idée de me voir. De ma vie je n'ai jamais rencontré des gens aussi bons et généreux que Monsieur et Madame Evans.

Je ferme les yeux alors que des souvenirs joyeux m'envahissent et lui répond finalement :

- Tu lui diras que j'en serais ravie.

Je sens un contact sur ma joue, les doigts chauds d'Oscar me caressent doucement à mesure que je sens la chaleur du soleil disparaître. Je garde les yeux fermés en espérant stupidement que cet instant ne s'arrête pas car pour la première fois depuis de nombreux mois, je commence à sentir mon corps se relâcher et mon esprit s'apaiser. La voix dans ma tête persiste à me dire qu'il est le danger en personne, que je ne devrais pas me montrer aussi faible devant lui et de ne surtout pas lui faire confiance. Mais alors que je sens mon ancien meilleur ami s'approcher de moi et sens son souffle sur ma peau, je décide d'envoyer faire foutre cette voix.


Sûrement pas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant