Bianca

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Je n'ai même pas le temps de me demander si je veux le laisser m'embrasser ou non (bien sûr que je veux, chut) que je sens son souffle sur mes lèvres. Je me contrefiche qu'on puisse nous voir et de ce que les clients pourront penser, j'ai trop envie de satisfaire ma curiosité : qu'est-ce que ça me ferait d'embrasser mon crush d'enfance ? Et même si il est bien plus que ça, si je commence à trop y penser, notre attirance, là maintenant tout de suite, est plus physique qu'autre chose. Ses mains sur mes hanches me pressent afin de me rapprocher encore plus de lui et j'aime cette sensation, j'aime savoir qu'il est autant pressé que moi.

Lorsque ses lèvres touchent enfin les miennes, je suis tellement sous le choc que je laisse un soupir de plaisir s'échapper de ma bouche. Notre bisou est innocent pour l'instant mais c'est déjà plus sensuel que tous les roulages de pelles que j'ai pu effectué dans ma vie. Il entrouvre sa bouche et un parfum de fraise se fait sentir, comme si il avait bu un milkshake juste avant, et je ne peux m'empêcher de sourire. Un bad boy comme lui qui sent la fraise, c'est peu commun mais, curieusement, ça ne m'étonne pas tellement et puis j'aime ça. Ca me rappelle nos anciens goûters. Alors que la température monte et qu'il semble vouloir approfondir notre baiser, le souvenir de nous petits et complices me revient complétement en mémoire et je ne peux m'empêcher de me sentir coupable de ruiner le peu d'amitié qu'il nous reste en le laissant assouvir notre désir simplement animal.

Je m'éloigne de ce baiser presque à contre cœur mais je me sens soulagée de l'avoir fait car je me dis que nous ne sommes pas allés assez loin pour que cela puisse signifier quoi que ce soit. Les mains d'Oscar se détachent vite de ma taille et j'en ressens tout de suite le manque mais je chasse l'envie de me plaindre, je ne le lui admettrais jamais car il s'en vanterait jusqu'à la fin de sa vie. Je recule encore un peu avant d'ajouter en marmonnant sans le regarder dans les yeux :

- Bon, voilà qui est fait. Je dois y aller, à plus Oscar.

Et je contourne le comptoir en marchant aussi vite que possible et en évitant tout contact visuel avec qui que ce soit dans le diner.
C'est seulement quand je suis dans ma voiture que je respire calmement de nouveau. Mais mon coeur continue de s'agiter et je repense à ce qu'il vient de se passer. Je conduis vite jusqu'à chez moi et, contente de constater que personne ne se trouve chez moi en ce vendredi soir, je m'affale sur le canapé et je mets l'une de mes séries préférées à la télé. Je sais que regarder Friends peut sembler hyper basique et on ne compte même plus le nombre de gens qui trouve cette série chiante à mourir mais je crois que je ne m'en lasserai jamais. Je connais les épisodes par cœur et personne ne me fait autant rire que le duo Phoebe - Joey. Après quatre épisodes, il fait déjà nuit dehors. Je ne sais pas où mes parents sont, sûrement un dîner avec des amis de maman de son club ou peut-être un repas d'affaire de mon père. Je sais que Arthur passe la nuit chez un pote car il m'a envoyé un message il y'a 20minutes pour me prévenir. Je suis donc toute seule pour la nuit et ça me fait un bien fou. Je préfère me faire à manger plutôt que me commander, puis j'ai franchement la flemme de tomber sur un livreur qui sera en fait un élève que je me serais déjà tapé (je parle par expérience). Je mets ma série sur la télé de la cuisine que ma mère utilise seulement pour regarder les dernières recettes des chefs tendances car elle est tout bonnement incapable de créer quelque chose par elle-même. Je décide de me préparer une salade quand je trouve les dernières tomates de la saison et un reste de salade verte. Notre frigo est toujours rempli de légumes et de trucs « healthy » dont ma mère est absolument fan. Il m'est donc facile de trouver pas mal de choses à mettre dans mon plat. Contrairement à mon frère, je n'ai jamais été difficile et je mange de tout. Une salade m'est tout autant réconfortante qu'un plat de mac and cheese. J'imagine que c'est grâce aux parents d'Oscar car bien que j'ai pu manger dans de grands restaurants avec mes parents, je n'ai jamais goûté d'aussi bonne nourriture que chez eux. Sûrement parce que je me sentais vraiment bien chez eux, que je pouvais cuisiner avec eux et que leurs plats avaient toujours une saveur particulière, comme si ils rajoutaient quelque chose. Je soupire alors que j'emporte mon plat sur le canapé et sourit à la pensée de ma mère qui péterait un cable si elle savait que je mangeais sur son précieux canapé de luxe. Puis soudainement, je me rappelle que je suis sensée alors chez les parents d'Oscar dans trois jours pour manger. L'idée de les voir et de regoûter à leurs petits mets me ravie mais je n'ai aucune envie de voir Oscar après ce qu'il s'est passé au diner. Je suis bête, j'avais complément oublié. Il va être difficile de faire comme si rien ne s'était passé, déjà qu'à la base, la tension entre nous est assez palpable, après ce baiser, je n'imagine même pas. Finalement, je n'ai pas hâte du tout et je maudis mon voisin de me faire autant d'effet.

Sûrement pas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant