Oscar

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Je me défoule sur le terrain. J'ai la rage comme jamais. A chaque dribble que j'effectue, un flash de Bianca et Tommy me vient en tête. Bien que je n'ai pas assisté à la scène, le récit détaillé de mon co-équipier dans les vestiaires était suffisant. J'ai eu beau le frapper, ça n'a rien changé. Je n'arrive pas à croire qu'elle ait pu faire ça. 

- Evans ! m'hurle le coach, viens ici.

Je passe le ballon à Eric et m'approche du coach en attrapant ma bouteille et mon sweat. 

- J'aime toujours ton enthousiasme sur le terrain mais tu te la joues beaucoup trop solo aujourd'hui, m'explique Coach Fellner. Ce n'est pas avec ce genre de stratégie qu'on gagne les régionaux donc tu vas me faire le plaisir d'y mettre un peu du tien. Compris ?

- Compris. 

Inutile de discuter avec lui. Je m'estime déjà assez reconnaissant qu'il m'ait repris après tous les incidents de l'année dernière, moments où j'ai cru avoir perdu ma place dans l'équipe pour toujours. Je jette un coup d'œil à mon portable et constatant qu'il est déjà 21 heures, je ne prend pas la peine de retourner sur le terrain et vais directement dans les douches. 

Très mauvaise décision.

Alors que j'atteint le bout du couloir menant vers les douches pour garçons, j'entends des gémissements. Je ne suis pas un amateur de voyeurisme mais j'y tiens à cette douche alors je continue de m'avancer dans l'espoir de faire dégager le couple qui ose m'importuner. A mesure que je distingue qui ce trouve dans la pièce, mon cœur ratte un battement. Oh non, pas ça. Tommy. Bianca. Merci mon dieu, ils sont encore habillés. Ou presque. J'aperçois le torse nu de Tommy et la chemise de Bianca est tellement trempée qu'elle n'a plus aucune utilité. J'imagine sans mal où se trouve les mains de Tommy à cet instant. Les gémissements de Bianca me donne envie de défoncer le mur carrelé qui m'entoure. Mais je me contiens et sors de ma voix la plus tranquille : 

- Je sais que t'as toujours voulu être une actrice Bianca, mais pas besoin de forcer comme ça, il n'y a aucune caméra.

Les gémissements s'arrêtent instantanément et j'entends Tommy jurer dans sa barbe. Je jubile intérieurement en sachant dans quel état mon pote doit être et comme je suis sûr qu'il n'y ait aucune chance que mon ex-meilleure amie lui permette quoi que ce soit ce soir après la honte que je viens de lui infliger, j'ai presque de la peine pour lui. Presque. Mais, à ma plus grande soupir, ce n'est pas un visage effaré ou rouge de honte qu'elle fait. Elle se met juste à sourire et ferme les yeux. Je crois même l'entendre rigoler. Elle reboutonne sa chemise, ouvre les yeux et se fait une queue de cheval avec ses cheveux complétement trempés. Elle se décide enfin à me regarder, le sourire fixé sur son visage angélique. J'ai limite peur de ce qu'elle peut sortir. Absolument aucun émotion ne se lit sur son visage de moins en moins angélique. Je descends rapidement les yeux sur son haut, totalement transparent maintenant, et déglutit. Reprend toi, c'est Bianca merde. Je sursaute presque à l'évocation de cette pensée que je n'avais pas eu depuis tellement de mois. Et le regrette amèrement puisqu'en remontant mon regard vers elle, je vois bien qu'elle a compris exactement ce à quoi je pensais et j'arrive à discerner une certaine lueur d'excitation dans ses yeux qui me met en transe. Je n'arrive pas à détourner le regard et mon cerveau arrête de fonctionner. Elle s'avance vers moi, oubliant complètement Tommy qui continue de maugréer contre moi. Je ne bouge pas, hypnotisée par celle qui hante mes fantasmes depuis mes 8 ans. Avec la vapeur de l'eau chaude et l'humidité qui traîne dans l'air, c'est comme si elle apparaissait du paradis, telle une vision. J'essaie de me reprendre en me rendant compte de la débilité de tout ce que je pense mais à cet instant mon self-control, pourtant légendaire, a comme disparu. Lorsqu'elle arrive enfin aux environs de ma hauteur, elle passe ses doigts sur mon torse de haut en bas, avec une lenteur extrême qui pourrait presque m'achever. 

- Je n'aurais jamais cru que Tommy pourrait te faire autant d'effet, dit-elle d'un coup en faisant référence à la bosse apparente de mon short, qui l'eut crû n'est-ce pas ? En fait, ça expliquerait beaucoup de choses... 

Elle s'éloigne de moi, me laissant pantois et lance en se retournant vers Tommy et moi :

- Je vous laisse entre vous, les garçons mais demain tout le monde sera au courant de ton amour inconditionnel pour ton pote, Oscar. Ne t'inquiète pas, ton coming-out ne fera pas beaucoup de malheureuses. 

Et elle s'en va, tout sourire, nous offrant une vue sur son magnifique cul et incapables d'expliquer ce qui vient de se passer ni de prédire ce que Bianca va raconter à tout le lycée demain.

Tout ce que je sais, c'est que je vais lui faire payer cet affront.

Sûrement pas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant