Oscar

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- Bianca, je répète. 

Oui en effet, je sais que j'en fais trop mais elle est à moi. Je ne supporte pas de la savoir aussi proche de mon meilleur pote. "A moi" hein? Qu'est-ce que je raconte ? 

Je baisse mon regard sur son poignet que je tiens toujours dans ma main. Alors que mon cerveau me crie de partir et de la fuir le plus vite possible, je pose la première question qui me passe par la tête :

- Qu'est-ce qu'il nous est arrivé ? 

Je relève la tête et croise son regard plein d'interrogations. Certes, je sais que j'ai certainement du merder de mon côté moi aussi mais si on en est là aujourd'hui c'est surtout à cause d'elle. 

- Tu avais dis que tu ne partirais pas, que tu ne me laisserais pas. C'était le moment le plus dur de ma vie et tu m'as abandonné. Pourquoi ?

Je suis à bout de souffle, j'ai l'impression d'avoir couru des kilomètres, j'ai l'impression qu'on vient aussi de m'arracher un poids que j'avais sur le cœur depuis bien trop longtemps. Elle ne dit rien, pourtant, son expression montre qu'elle est sûrement dans le même état que moi. Je cherche une réponse dans ses yeux, la solution qui pourrait peut-être me permettre de ne plus la détester. Car oui, je la hais du plus profond de moi pour avoir pris mon cœur et l'avoir complètement bousillé cette nuit-là. Mais une infime partie de moi souhaite savoir la vérité. Enfin non. J'ai surtout espoir que ce que je pense être la vérité, ce que j'ai vu, soit faux. 

Ses yeux se remplissent de larmes et c'est seulement maintenant que je remarque qu'il a commencé à pleuvoir. Des gouttes tombent sur son visage, son merveilleux visage qui me lance des saloperies toute la journée depuis des mois maintenant, sans que nous sachons exactement pourquoi, comment et quand cette guerre entre nous a démarrer. 

Je remonte mes mains et éloigne toutes les fines mèches de cheveux que la pluie a collé sur ses joues. 

- Bianca, s'il te plaît, j'ai besoin de savoir pourquoi. 

Elle laisse éclater un sanglot. De ma vie, je ne l'ai jamais vu si vulnérable, si fragile, là, sa tête entre mes mains, son corps trempé et ses yeux pleins de la même tristesse dont les miens sont certainement remplis. La tension de ces dernières semaines semble exploser en moi et bien que j'aimerais plus que tout qu'elle me réponde, je la trouve magnifique et j'ai envie de faire ce que j'ai toujours voulu faire. 

Alors que je m'approche doucement de son visage, elle ferme les yeux et baisse la tête. 

- Désolée. Je suis désolée pour le mal que je t'ai causé. 

Et sans me laisser le temps de rétorquer, elle se tourne et s'engouffre dan sa voiture. Trop sonné pour réagir, je la regarde démarrer et partir. 

J'avoue que je ne sais pas ce qu'il vient de se passer. Je reste comme figé sous la pluie.

 En revanche ce dont je suis certain c'est que ce n'était pas la réponse que j'attendais d'elle et que je n'arrêterais pas de l'emmerder tant qu'elle ne m'aura pas répondu honnêtement. 

Sûrement pas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant