Pɪʟᴇ ᴏᴜ Fᴀᴄᴇ

Chapitre 3

La salle était de nouveau vide et cette nuit Shun aurait probablement le temps de dormir le nombre d'heures recommandées puisque personne d'autre ne viendrait passer la soirée au casino.

Il avait attendu, guettant l'heure et le moindre bruit qui avait ressemblé à celui de la porte d'entrée. Mais jamais Sanzu n'était arrivé. Son absence avait rendu cette soirée banale et prévisible. Comme à son habitude et aussi probablement à cause du fait que Koko soit parti, ils avaient gagné toutes les parties de poker contre le reste du Bonten.

L'ennuie qu'il avait ressenti en appauvrissant ses supérieurs n'étaient même pas descriptible. Aucun joueur n'arrivait à un dixième de son niveau. Le seul capable de le concurrencer était Koko. Sanzu non plus n'avait aucun talent pour les jeux de carte ou de jeton, pour rien en particulier d'ailleurs. Malgré tout, l'ambiance qu'il installait en râlant un peu plus à chaque tour sur les cartes qu'il recevait, qu'il rejette la faute sur Ran ou Rindo et le regard plein de haine et jalousie qu'il lançait à Shun dès qu'il ramassait tous ses billets, n'avaient pas de prix.

Le gérant du casino finissait de ranger la table de jeu. Il sortit son téléphone pour vérifier si Sanzu aurait eu au moins la politesse d'envoyer un message pour prévenir. Rien. Une conversation vide. Mikey n'avait rien dit à son sujet non plus.

L'argent amassé ne lui apportait aucune satisfaction.

Mais Shun arrêta tout mouvement lorsqu'il entendit une porte grincer et des bruits de pas. Il déglutit, il était partagé entre l'espoir et un sentiment de déjà-vu. Il avait attendu toute la soirée l'arrivée d'une seule personne et trop de fois il s'était trompé en pensant l'entendre se rapprocher.

Cependant les pas semblaient indiqués que la personne entrée dans la pièce s'avançait vers lui. Shun se retourna et eut à peine le temps de réceptionner l'individu qui s'écrasa sur son torse.

C'était Sanzu, couvert de sang qui venait de tomber sur lui et qui n'arrivait à se maintenir debout que parce qu'il s'appuyait sur Shun. Il murmura quelque chose que le jeune homme aux cheveux blancs et noirs n'entendit pas. Puis voyant son manque de réaction, Sanzu répéta :

- J'ai réglé ton problème.

Les pensées de Shun se bousculaient dans tous les sens, il n'arrivait pas à se concentrer sur une chose à la fois et des dizaines de questions apparaissaient les unes après les autres dans son esprit : pourquoi Sanzu était couvert de sang ? Qu'est-ce qu'il faisait là ? Pourquoi il n'était pas arrivé plus tôt ? Pourquoi il avait l'impression de vivre une scène presque romantique avec ce tueur en série ?
Mais comme à son habitude, il prit le temps de se calmer et souffla :

- Je n'étais même pas au courant que j'avais un problème.

- Y a un gang qui n'a pas rembourser sa dette envers toi. Depuis deux mois.

Le manque de réponse agaçât Sanzu.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? C'est moi qui règle ce genre de problème.

Shun se mordit la lèvre, il n'avait pas l'intention de raconter tous les doutes qui l'avaient envahi ces derniers jours et surtout pas avec celui qui en était la cause.

- Rentre chez toi Sanzu. Va prendre une douche.

- C'est Koko qui a dû me le dire, insista le concerné.

- T'es couvert de sang.

- J'ai l'habitude du sang.

- Pas moi et pas mon casino. T'es en train de salir la moquette.

Quelques secondes passèrent avant que Shun reprenne :

- C'est le sang de qui ?

L'angoisse dans sa voix était ressortie un peu plus que ce qu'il voulait. Mais Sanzu avait l'air épuisé alors peut-être qu'après toutes ces fois à risquer sa vie sans s'inquiéter des conséquences, il avait reçu un coup qui en aurait.