Chapitre 8

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Les désaccords au sein du Bonten n'étaient pas rares. Ils étaient même assez fréquents, surtout pendant les rassemblements organisés par Mikey, environ une fois toutes les deux semaines. Mais un conflit autour d'une décision ou d'un ordre de Mikey ça n'arrivait pas souvent.

- T'es vraiment en train de désobéir au big boss là ?

Rindo le visait avec son arme sans laisser transparaître une seule émotion sur son visage. Les frères Haitani étaient les assassins du Bonten, quand il fallait se débarrasser de quelqu'un, c'était eux qu'on appelait. Alors Sanzu ne doutait pas de son sort si jamais l'un d'eux appuyaient sur cette gâchette, ils ne rateraient jamais leur cible.

- J'élimine un handicap. Vous ne savez pas ce que représente Hanagaki pour le Bonten.

Tout en prononçant ces paroles, Sanzu voyait sa cible commencer à réellement paniquer. Des larmes coulaient le long des joues de Hanagaki. Cette faiblesse, voilà, ce qui irritait Sanzu. Il n'avait jamais compris ce que Mikey avait vu en Takemichi. Il ne possédait pas de talent en combat, ni en rien d'autre à sa connaissance.

Mais sa simple présence pouvait déstabiliser son roi et c'était inacceptable.

Le manque de drogue dans son organisme le rendait encore moins patient et objectif. Il ne savait pas si assassiner Hanagaki valait le coup. Il ne doutait absolument pas du sort que Mikey lui réserverait, il serait tué.
Il ne pouvait pas laisser son roi. Pas encore.

Alors qu'il allait retirer son couteau, il entendit un son apaisant :

- Sanzu je sais que le fait ne que t'es pas pris de pilules depuis trois jours, te rends encore plus dangereux. T'arrives pas à réfléchir correctement.

Shun.

- Je sais qui les a pris.

Retrouver ses pilules était actuellement le cadet de ses soucis pourtant Sanzu baissa son couteau.

- Je te dirais qui les a pris quand j'aurais parlé à cette personne.

- Pourquoi pas maintenant ? Souffla Sanzu.

Un léger rictus se glissa sur les lèvres de Shun.

- Tu ne penses pas qu'on a plus urgent ? Lui demanda-t-il en faisant un signe de tête vers Hanagaki.

Le brun aux yeux bleus avait les yeux écarquillés et tout son corps tremblait. Il n'avait probablement plus une seule larme à verser, tellement il avait pleuré. Hanagaki ne devait surement pas être habitué à voir des gens jouer à se pointer une arme les uns sur les autres.

- A ce propos... tenta Ran. C'est notre colis alors est ce qu'on pourrait le récupérer ?

Ni Shun, ni Sanzu ne réagirent à sa demande, trop occupés dans leur bataille visuelle. Sanzu tentait sans doute de s'assurer que Shun ne mentait pas pour qu'il laisse Hanagaki tranquille. Puis le jeune homme aux yeux gris s'avança lentement pour passer à côté de lui, tout en déposant une main sur son épaule qu'il retira presque aussi vite. Le contact ne dura qu'une demie seconde mais Shun n'avait jamais initié un seul contact physique entre eux, Sanzu n'osait plus bouger d'un millimètre.

Les pas de Shun continuèrent en direction des frères Haitani.

- Il est venu jouer au casino. Dites à Mikey qu'il est presque aussi fort au poker que Koko et moi, leurs souffla-il simplement.

Il se retourna vers Sanzu pour guetter sa réaction avant de dire :

- Vous pouvez l'emmener.

Ran et Rindo n'attendirent pas davantage. Sans accorder un regard à Sanzu, ils détachèrent Hanagaki qui était à peine capable de tenir sur ses jambes, trop choqué d'avoir vu sa vie défilée devant ses yeux il y a quelques instants. Ils le saisirent chacun par un bras avant de sortir du bureau.

Il ne restait que Shun et Sanzu, rien que tous les deux.

Mais Sanzu n'arrivait pas à se concentrer sur autre chose que sur son couteau, il nettoyait si bien ses armes, qu'il pouvait voir son reflet dans celles-ci. Son reflet le captivait. Sur le dessus, se trouvait des petites gouttes de sang, celui de Hanagaki.

Qu'est ce qui l'attendait maintenant ? Il avait désobéi à Mikey en blessant Hanagaki. Il avait presque trahi son roi... Lentement, il laissa le couteau s'échapper de ses mains pour atterrir au sol.

Le regard fixé sur l'arme, il semblait de nouveau perdu dans ses pensées alors Shun se rapprocha de lui. Sanzu releva la tête et ne vit que deux yeux gris qui attendaient qu'il parle ou qu'il fasse un mouvement. Il n'y avait ni peur, ni dégoût, rien. L'impression d'être complètement exposé le frustrait car il avait le sentiment désagréable de ne rien savoir sur Shun en échange.

Mais il savait que Shun ne lui mentait pas, il n'en avait pas besoin. Il savait très bien qui était Sanzu, quel monstre il était.

Le mafieux aux cheveux roses arrêta de penser et fit un pas pour déposer son front sur l'épaule de l'homme en face de lui. Il écouta pendant quelques instants la respiration de Shun. Aucun d'eux ne bougeaient et le temps semblait figer. La température élevée du corps de Shun contrastait avec la fraicheur de l'arme qu'il avait tenu un peu plus tôt dans sa main. Et sa transpiration mouillait légèrement la chemise de Shun même s'il n'y faisait pas attention.

Il y avait quelque chose de naturelle dans cette position, comme s'ils évitaient toujours le contact physique car tous les deux s'avaient l'un comme l'autre, qu'ils pourraient y devenir addictes.

- J'suis fatigué.

Sanzu ne savait pas à quoi il faisait référence exactement... Au retour de Takemichi ou à ses sentiments qui lui compressaient la poitrine. Mais ce qu'il comprenait, ce qu'il venait de montrer un signe de faiblesse.

Il s'agissait de voir si Shun allait s'en servir contre lui ou pas.

Pɪʟᴇ ᴏᴜ FᴀᴄᴇOù les histoires vivent. Découvrez maintenant