Première nuit

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Notre soirée était géniale. Ils ont tous deux un esprit affûté, plein d'humour. Nous avons formé un trio du tonnerre. Parfois, je captais le regard inquiet qu'Aren portait sur sa sœur lorsque ses silences étaient trop longs. Un lien fort les unis, j'en suis certaine. Avant de repartir pour son appartement New-yorkais, Aren m'a laissé son numéro, m'a fait promettre de l'appeler si l'une de nous deux avait un problème.

Minuit sonne lorsque nous arrivons devant notre chambre. Nous rions de bon cœur sans trop en faire pour autant. Nous nous arrêtons subitement, un homme, capuche sur la tête, est assis au sol devant notre porte. Je reconnais rapidement la carrure d'Isaac ainsi que ses bagues. Il semble accaparé par son téléphone. Inquiète, je m'avance avec empressement vers lui avant de m'accroupir prés de lui. Sentant ma présence mon ami lève un visage défait vers moi. Il se redresse, se met sur ses pieds avec grâce m'emportant avec lui dans une douce étreinte.

– Il a quitté l'appart avec des excuses vaseuses. Il me cache quelque chose, il est différent, il n'est pas droit dans ses bottes. Ashton n'arrive que demain, je ne veux pas être seul ce soir. Viens dormir avec moi s'il-te-plaît me chuchote-t-il.

– OK, je lui réponds sur le même ton.

Je me tourne vers Joen qui me sourit doucement, peut-être a-t-elle entendue une partie de ce qu'il a dit ou tout simplement deviné.

– Tu as besoin de récupérer des affaires me demande-t-elle.

– Non, merci Joen. J'ai toujours un nécessaire dans mon sac.

– OK, à demain alors me dit-elle avec gentillesse.

– A demain et merci pour la soirée.

Elle m'offre un dernier sourire et entre dans notre chambre. Isaac enlace ses doigts aux miens et me mène sans un mot à sa Tesla.

Il conduit prudemment jusqu'à un bel immeuble de brique, probablement une ancienne usine réhabilitée. Quand nous pénétrons chez lui, je manque de souffle, un magnifique loft surplombé d'un étage s'offre à ma vue, l'espace est nimbé d'une lumière douce et étrange provenant des réverbères de la rue. Je ne distingue aucune porte en bas et au moins quatre à l'étage. Isaac nous enferme à double tour avant de se poster prés de moi pour prendre ma main, il me mène au premier vers ce que je pense être sa chambre. La même lumière illumine la pièce. Un grand lit fait face à l'immense fenêtre, un pan de mur est complètement habillé de livres, un bureau en bois massif est installé à côté de la fenêtre. J'adore cet endroit, j'aime l'odeur qui y règne.

Isaac me coupe dans ma contemplation en se plaçant face à moi. Je l'observe avec plus d'attention que d'habitude, ses yeux semblent avoir une nouvelle lueur. Une lueur qui me fait frémir.

– Kiara.

Mon prénom dans sa bouche est emprunt de tellement de sentiments différents que je ne peux rester insensible. J'entends sa détresse, sa douleur, son désespoir, son amour. Pour moi. Pour Jess. Je ne sais pas. Je pose ma main sur son cœur qui bat bruyamment. Il vient caresser mon visage, mon cou, il agrippe sensuellement ma hanche. Mes yeux se ferment, mon corps savoure ce contact.

– Kiara, j'ai envie...la voix basse, il s'approche de moi.

– Vas-y Isaac.

Sans plus attendre, ses lèvres se posent sur les miennes. Ce baiser n'a rien à voir avec le premier. Celui-ci est désespéré, tremblant. Nous nous embrassons ainsi un moment, faisant naître une certaine tension entre nous. Lorsque sa main passe sous mon t-shirt pour me caresser les côtes, je frissonne, apprécie. Mes mains, pressées, retirent son sweat avec hâte. Il fait de même et me contemple longuement avant de venir poser son front sur le mien, nous nous scrutons, la respiration saccadée. La vérité s'impose alors à nous brutalement, nous faisons une erreur, et il le sait aussi bien que moi. Ses yeux perdent le feu qui les habitait il y a encore dix secondes. Mon menton se met à trembler. 

– Je suis désolé, Kiara, je n'aurais pas du. Ne pleure pas s'il-te-plaît. Pas à cause de moi.

Mes doigts fébriles lui caressent la joue.

– Je ne pleure pas à cause de toi Isaac.

Il attrape son pull et me l'enfile tendrement. Il m'enlève délicatement mon jean puis me fait entrer dans son lit. Il se défait lui aussi de son pantalon avant de venir m'enlacer.

– Je t'aime Kiara mais tu n'es pas Jess. Je suis désolé, je tiens trop à toi pour agir ainsi. M'excuses-tu ?

– Il n'y a rien à pardonner Isaac, je t'aime aussi mais tu n'es pas...

– Loghan. Finit-il à ma place.

Je trésaille, il le sent et resserre ses bras en m'embrassant la tempe.

– C'est une petite faute de parcours, je murmure.

– On doit se promettre de ne pas recommencer.

– D'accord, je lui réponds dans un souffle, finalement, heureuse de ce dénouement.

Mes paupières se font lourdes et je commence à m'assoupir.

– Kiara ?

– Oui ?

– Tu finiras avec lui, je t'en ai fais la promesse.

– Isaac, dis-je sur un ton de reproche.

– Il n'est plus avec Rebecca depuis plus d'un mois.

Je ne sais pas comment réagir mais ma respiration rapide et mon cœur essayant de s'extraire de ma cage thoracique me montrent que je ne suis pas loin d'éclater. Et, c'est ce que je fais. Mes sanglots sont bruyants. Isaac, patient, me caresse les cheveux, attend que je me calme. Un mois. Et il n'a pas repris contact. Cette constatation me fait mal mais me permet de tirer un nouveau trait sur lui, plus franc et sans espoir de renouveau.

– Désolé de ne pas te l'avoir dit tout de suite, je le sais depuis tout à l'heure. J'ai eu peur de te perdre.

Je ne réponds pas mais je relève la tête et lui donne un ultime baiser mouillé de larmes. Je me replace dans ses bras et m'apaise doucement.

– Je suis ton amie, tu ne me perdras pas.

– Ça fait pas loin de deux mois que nous faisons presque tout ensemble et j'ai développé une certaine dépendance.

J'entends un léger sourire dans sa voix.

– Hé bien nous devrons nous sevrer l'un de l'autre progressivement je suppose.

Il rit légèrement et resserre son étreinte.

– Oui, dors maintenant mi passerotto.

Je lui obéis et m'endors, le corps et le cœur amorphes.

Plus que ça...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant