Confiance

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Une fois arrivée dans l'arrière-cuisine, je réalise seulement qu'il est l'heure de déjeuner, mais depuis une semaine, je n'ai plus faim. Martha est au téléphone avec, je pense, monsieur Spencer, Milo finit de manger.

– Oui, Connor, Bien.

– ...

– Oui, elle est près de moi. Oui, je vous la passe.

Martha me fait face, son sourire est bienveillant. Elle me tend le téléphone que je mets sans attendre à mon oreille.

– Oui allô ?

– Bonjour Kiara. Je ne vais pas passer par quatre chemin, Martha m'a raconté ce qu'il sait passé. Et je te remercie de lui avoir prêté main forte. Tu montres encore une fois que tu es pleine de bon sens.

– Merci, Monsieur.

– Kiara. Me dit-il sur le ton du reproche. Appelle-moi par mon prénom s'il te plaît.

– Oui pardon, Connor.

– Bien, au vue de ce que m'a raconté Martha, nous ne rentrerons que demain en fin de journée. Tu es libre de repartir chez toi pour cette nuit mais j'avoue que je préférerais que tu restes sur place pour superviser le rangement de la chambre Shane. Martha m'a envoyé des photos, c'est un carnage. Dit-il énervé.

– Oui, c'est vrai, je me suis d'ailleurs un peu mise en colère. J'ai dépassé mes fonctions, je suis désolée. Il y avait parmi eux certains enfants de Manhattan et je les ai mis dehors un peu, ..., un peu violemment dirons nous et je ne voudrais pas que vous ayez des ennuis avec leurs parents. Certains sont de grands avocats.

Il rit doucement.

– Tu as bien fait, j'aurais aimé voir ça. Ces jeunes ne feront pas d'histoires, ne t'inquiètes pas et s'ils en font hé bien grand bien leur face.

– Merci.

– De rien. Alors as-tu pris une décision ? Rentres-tu chez toi ou acceptes-tu de rester chez moi et surveiller les garçons ?

– Surveiller les garçons ? Dis-je les sourcils froncés.

– Oui, tu as une certaine autorité sur Luke et malgré ses très nombreux défauts Loghan ne fait rien d'irréfléchie lorsqu'il s'agit de ses frères. À part cette fois-ci peut-être. Tout ce que je te demande c'est de faire en sorte que cela ne se reproduise pas ce soir. Ne te mets pas en travers de leur chemin mais n'hésites pas à m'appeler ou appeler la police. Tu as mon feu vert.

Mes sourcils se froncent encore plus.

– Bien monsieur, mais j'espère ne pas en arriver là.

– Ça se voit que tu ne connais pas mes fils. Ils sont capable du pire comme du pire et en compagnie de leurs amis, ils n'ont presque plus aucune limite.

– Bien, je ferais attention. Mais sachez que je n'aime pas trop le rôle que vous me donnez.

Il rit brièvement

– Ta franchise est rafraîchissante mais fais attention avec qui tu l'emploie, me dit-il gentiment.

Je me mords la langue pour ne pas répondre, pour ne pas lui dire le fond de ma pensée.

– Bien, je vais te laisser. Prends le temps de te reposer, Shane a hâte de te retrouver. En tant que nourrice, tu peux profiter de toutes les pièces de la maison et de la piscine, n'hésite pas surtout. À demain Kiara.

– À demain Connor.

Je raccroche légèrement énervée.

– Ça ne va pas Kiara me demande Martha.

J'essaie de défroisser mon visage en vain.

– Il me demande de faire le chien de garde. Je dois surveiller les garçons, qu'il ne recommence pas ce soir. Chose qui m'étonnerait fortement.

– Hé bien c'est qu'il a confiance en toi. Il n'a pas peur que tu tombes dans leurs filets. C'est bien, j'ai bien fait de te proposer ce poste, me dit-elle en me pressant l'épaule.

Je n'en suis pas si sûre mais je ne lui révèle pas le fond de ma pensée pas sûre qu'elle me fasse toujours confiance après ce qu'il s'est passé entre Loghan et moi. Alors je lui souris gentiment et m'en vais.

– Tu ne manges pas ?

– Non merci, je n'ai pas faim. Je vais aller ranger mes affaires et retaper ma chambre.

Je monte les escaliers, déjà fatiguée moralement par ma journée. Alors que j'approche du palier, j'entends la voix de Luke.

– Ne l'emmerde pas s'il te plaît, elle compte pour moi. Elle est spéciale et Shane l'adore, je t'ai déjà dit ce qu'elle a fait pour lui. Gâche pas tout s'il te plaît, je ne te demande jamais rien mais là je suis sérieux.

Je pense qu'il parle de moi avec son frère, cependant la colère est toujours là, vibrante sous ma fatigue, je continue ma route et pivote à droite vers ma future chambre. Je n'entends pas la réponse de Loghan et je m'en contrefous. Je me dirige vers le lit et en arrache presque les draps. Je répète l'opération dans la chambre de Shane, communicante par la salle de bain avec la mienne. Les garçons ne sont plus là quand je sors pour descendre les draps sales à la buanderie et lancer une première machine. Dans l'entrée, je croise Martha qui me dit partir débriefer l'équipe d'après-midi.

Je continue mon chemin jusqu'au sous-sol et commence à enfourner le linge dans la machine lorsque l'on se racle la gorge derrière moi. Pensant être seule, je sursaute légèrement, ce qui fait rire la personne derrière moi. Je reconnais ce rire et je ne suis pas prête à lui parler.

Je finis de programmer la machine avant de lui faire face.

– Loghan, puis-je t'aider ? Je lui demande avec le plus de gentillesse possible en stock, c'est à dire peu.

Un faible sourire en coin se dessine sur son visage. J'ai du mal à garder les yeux sur lui mais me force tout de même à le faire. Je ne suis pas faible.

– Non. Écoute, je suis venu te dire que je ne te causerais pas de problème ici.

– Bien. Merci.

Nous nous dévisageons un moment, il est magnifique même au levé, même après une soirée trop arrosée mais, malgré l'attirance que j'ai pour lui, l'horreur de ce matin imprègne mes pupilles. Je ne peux m'en défaire.

– J'aimerais tant savoir ce que tu penses, me dit-il.

Je ne réponds pas tout de suite, continue de l'observer placidement.

– Je crois que tu as perdu ce droit, je n'accorde en général ma confiance qu'une seule fois et je t'ai déjà donné bien plus que ma confiance.

Sur ces paroles, je le contourne mais c'est sans compter sur sa main qui attrape mon poignet. Nos corps sont proches et si loin à la fois. Mon cœur, ce traite, réagit plus qu'il ne le devrait.

– Es-tu avec lui ? Me questionne-t-il avec dégoût.

– Qui ?

– Armand.

– Je vais te répéter la même chose que vendredi soir, cela ne te regarde pas. Dis-je excédée.

Je l'entends souffler lentement, mais n'ose pas tourner mes yeux vers lui. Je me défais de sa poigne et commence à partir.

– J'aimerais que tu ne sois pas avec lui, je pourrais être un minimum en paix, souffle-t-il.

Je lui concède froidement un soupçon de vérité avant de partir rejoindre Martha.

– Je ne le suis pas. Il le voudrait, mais je n'y arrive pas.  

Plus que ça...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant