CONCEPT FLOU

35.

— 𝐎𝐋𝐈𝐕𝐈𝐀

Je sors de ma chambre, prête à entamer ma journée de boulot pour ma reprise au cabinet. Je dois avouer que ça m'a manqué de ne plus être sur le terrain, ça fait exactement deux semaines. Entre ma semaine de vacances et ma semaine de cours, ça fait un léger moment et j'ai vraiment trop hâte d'y être, c'est ce que j'aime, être sur le terrain, aider à préparer les dossiers, assister aux audiences. Je marche dans le couloir pour rejoindre le séjour en posant une main sur le haut de ma poitrine pour vérifier si je porte bien mes deux colliers, ils sont là tous les deux. Je me rend dans la cuisine qui est vide et j'attrape une tasse pour me faire un café.

J'ouvre mon paquet de gâteau que je mange spécialement le matin et je commence à manger dans la cuisine, mon papi serait dans la même pièce que moi, serait déjà en train de me dire d'aller manger mes gâteaux au dessus de la table, lui qui a horreur des miettes sur le sol de la cuisine. Je récupère mon café, mes gâteaux et je rejoins la table.

Je m'installe un peu plus loin de là où on est installé de mon papi, en train de boire son café et trop occupé à écouter son podcast des grosses têtes dans ses AirPods et les yeux plongés dans son dossier pour sûrement remarquer ma présence. Je prends mon téléphone pour regarder les quelques notifications que j'ai reçu pendant la nuit, c'est essentiellement Mathieu puisque depuis la semaine dernière, il passe ses nuits là-bas, ça fait d'ailleurs plusieurs jours que l'on ne s'est pas vu, juste par FaceTime et je dois avouer que sa grosse tête me manque un peu.

Je regarde les quelques vidéos qu'il m'a envoyé de lui puis lui répond dans un simple message.

Instagram :

de olivia.perez :
Aujourd'hui je retourne travailler au cabinet
donc je sais pas trop si je serais dispo pour
te répondre, les journées sont chargées. Toi
monsieur le rappeur, tu as intérêt à te reposer,
bonne nuit 💕

Je fais un petit sourire et je laisse mon téléphone sur la table pour boire mon café et finir mes gâteaux. Je tourne la tête et je regarde mon papi, je pince mes lèvres entre elles, il me manque beaucoup, tout comme ma mamie. Ça fait presque dix jours que l'on ne se parle plus beaucoup, je sais que la situation me rend autant triste qu'elle rend triste ma mamie et surtout mon papi. J'ai demandé du temps pour digérer cette nouvelle, la lettre de mes parents et ce livre m'a aidé à m'apaiser même si, quelque part au fond de moi, il est encore difficile d'accepter ce mensonge.

Je tourne la tête vers ma mamie qui vient d'embrasser ma joue en passant et qui se dirige déjà vers la cuisine. J'expire doucement. J'aimerais tellement leur poser des questions sur mes parents, c'est vrai, je ne les connais pas vraiment, seulement à travers quelques bribes de mots laisser dans leur lettre jusqu'à mes treize ans. Neuf ans, neuf ans de mots, que j'ai relu pendant une nuit entière. Les autres lettres, laisser par mon papi et mamie, je les ai tous simplement mise dans une autre boîte, loin de moi et de ma vue.

- Mamie, je relève les yeux vers elle et elle semble un peu surprise que je lui parle, je peux te poser des questions sur papa et maman ? Elle s'approche doucement dans la pièce, sa tasse dans les mains, elle hoche la tête et elle fait un petit sourire

– Je t'écoute ma chérie

- Ils étaient comment tous les deux ? Qu'est-ce qu'ils rejetaient aux yeux des gens ? Elle fait un sourire

– Ils étaient humains, c'est bateau quand je dis ça mais c'est vrai, humainement c'était de belles personnes, toujours à aider son prochain, c'est pour ça qu'ils sont partis, ton père n'était pas le genre de garçon à rester en place, c'était un vagabond, il aimait bouger et voyager, ta maman était exactement la même personne mais un peu plus calme et poser, c'était grâce à elle et son calme que ton papa a réussi à s'adoucir aussi, je fais un petit sourire

- Et il était comment quand il était plus jeune ?

– Comme toi, je tourne la tête vers mon papi, il n'est plus préoccupé par ses dossiers et son podcast dans les oreilles, j'ai eu l'impression d'avoir la même tête dure que la sienne à la maison mais en fille et en miniature, je pince mes lèvres entre elles, le nombre de fois qu'il a fini dans le décor et à l'hôpital celui-là, je ne pense pas que l'on peut vraiment compter, je fais un petit sourire, casse coup et la bougeotte comme mon papa

– Tu ressembles beaucoup à ta maman, tu as la même tête et les mêmes manières qu'au moment ou ton papa nous l'a présenté, au début, je ne l'aimais pas, je hausse les sourcils en regardant ma mamie

– Parce que Fabyan était ton seul fils ma vieille, je relève les yeux vers ma mamie qui le fusille du regard

– Et qu'il devait avoir une femme qui le méritait !

- Et, maman était la fille parfaite pour lui ? Je regarde ma mamie, elle s'adoucît doucement en remettant ses yeux sur moi

– Et je l'ai rapidement compris, tous les deux étaient fait l'un pour l'autre, je voyais mon fils heureux alors, je l'ai laissé partir, ils se sont mariés jeune mais ils n'ont pas lâchés leurs études, ils nous ont presque rien demandé, toujours travailler pour se payer leur appartement et toutes les choses autour, je l'écoute attentivement

– Le jour où on appris la grossesse de ta mère, ta grand-mère a fait un malaise, je lâche un rire et ma mamie roule des yeux

- C'est vrai mamie ?

– Il abuse sur les mots ce vieux con, je lâche un rire et je pose ma main devant ma bouche

– Tu sais ce qu'il te dit le vieux con ? Je les regarde se chamailler en souriant en allant jusqu'à la cuisine, je les suis en débarrassent aussi mon petit déjeuner

Je sais qu'ils ont toujours voulu mon bonheur même si ils m'ont tous les deux un peu trop couvés. Je préfère avancer, même si ça fait mal d'apprendre tout ça, trop tard. Je me promets que plus tard, si j'en ai la chance, je ne ferais jamais connaître ça à mes enfants.

𝘤𝘰𝘯𝘤𝘦𝘱𝘵 𝘧𝘭𝘰𝘶

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