Chapitre 8

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Le soleil commençait déjà à filtrer ses rayons par les rideaux quand je me suis réveillée, allongée sur la paillasse inconfortable qui me sert de matelas. Je me glisse sous le drap et m'adosse au mur. Je frotte mes yeux encore endormis par Morphée. Flavie dort encore, le bruit répétitif de sa perfusion ne troublant même pas son sommeil. Elle a l'air si calme, si paisible, on dirait qu'elle ne souffre même pas, à la voir comme ça.
Je me lève péniblement, le froid vient chatouiller mes jambes nues. Je titube jusqu'à la salle de bain ou je m'arrose le visage d'eau froide. Je m'appuie contre la vasque blanche et regarde mon visage fatigué dans le miroir.
Derrière moi, j'entends le bruit sourd de la porte vieillissante. Des pas feutrés traînent sur le sol, accompagné d'un raillement insupportable.
Je sors de la salle de bain et aperçois une infirmière qui change la perfusion de Flavie. Elle a du m'entendre arriver car elle se retourne vers moi et me sourit.

« Bonjour ! Vous avez bien dormi ? »

« Pas vraiment dormi, j'avoue, ces matelas ne sont pas très confortables. » j'ajoute nerveusement.

« Je vous comprends, puis l'endroit ne donne pas envie de dormir, pas vrai ? »

Je hoche la tête lentement et l'observe. Elle accroche une nouvelle poche à la perche, et la raccorde ensuite à l'aiguille.

« Je peux vous poser une question ? » je demande.

« Je vous écoute ? »

« Est-ce qu'elle va garder ça encore longtemps ? » dis-je en pointant la perfusion.

Elle hausse les épaules et ajoute :

« Jusqu'à ce que son corps élimine la toxine. D'ici quelques jours je pense. »

« La toxine ? » je répète, interloquée.

« Oui, la toxine, le poison, on appelle ça comme on veut. Ce qui n'a rien à faire dans l'organisme quoi. »

Je reste là, figée. Pourquoi Flavie ne m'a-t-elle pas parler de la toxine ?
L'infirmière remballe son matériel et s'en va sans un mot. Je m'assoie sur le rebord de la fenêtre, les yeux plissés à cause du soleil.

« Mary ? »

La voix de Flavie me surprend.

« Oh tu es réveillée ? »

Elle tend les bras vers moi.

« Tu sais ce qui m'aiderait ce matin ? »

« Dis moi ? »

« Que tu me fasses un câlin. »

Je me lève en souriant et m'assoit sur le bord du lit. Elle me prend dans ses bras et je finit par coller mon corps au sien. Son souffle chaud glisse dans mon cou, puis dans mon dos. Il parcourt mon échine.
Nous restons là un moment, enlacées comme des loutres à la lueur de la Lune. Au bout d'un moment, je comprends qu'elle s'est endormie. Je regarde son visage, il est si doux. Je colle mon front au sien, et mes lèvres se rapprochent dangereusement des siennes.
Soudain, la porte de la chambre s'ouvre de nouveau. Je tourne la tête vers les visiteurs et m'aperçoit qu'il s'agit de deux infirmières armées d'un fauteuil roulant.

« Flavie ? »

Celle-ci grommelle puis s'étire lentement. Elle s'appuie sur ses coudes et regarde ses interlocutrices avec un air interrogateur.

« Tu te rappelle que tu as ta première séance de rééducation aujourd'hui ? »

Elle se rallonge sur le lit, fixant le plafond.

« Ah oui... c'est vrai. »

Je me lève du lit pour lui laisser de l'espace et part m'asseoir sur une chaise en plastique qui grince sous mon poids.
Une des infirmières s'avance avec le fauteuil et s'approche. À deux, elles asseyent Flavie là et l'emmène vers la salle de bain.
La porte se ferme, l'eau se met à couler. Je les entends parler, sans comprendre distinctement ce qu'elles se disent à cause du mur qui nous séparent.
Au bout d'un moment, elles ressortent. Je me lève de mon assise et l'infirmière m'interpelle.

Take us to the moon ☾ Mary x Dooms Où les histoires vivent. Découvrez maintenant