Nous voilà de nouveau dans l'ascenseur, cabine exiguë aux épaisses parois d'acier. Aucune de nous deux ne parle, seulement le couinement de l'appareil contre sa cage brise le silence. Après quelques secondes, l'ascenseur se stabilise et le bruit s'arrête. Les portes s'ouvrent en sifflant, accompagnées du tintement habituel.
« Niveau 3 »
Les mains de Mary se cramponnent aux poignets en renversant légèrement le fauteuil, ce qui a le don de me provoquer une mini crise cardiaque.
« Hé ! »
« Oups ! Désolée, pardon. »
Elle remets le siège en place.
« Tout va bien ? »
« Oui ne t'inquiète pas, évite juste de me transmettre tes frayeurs s'il te plaît. »
Nous rions pendant qu'elle nous pousse en dehors de la cage. Nous passons dans le couloir allumé par les longues leds blanchâtres. Le médecin a l'accueil nous salut, puis lance à Mary :
« Vous restez avec elle cette nuit ? »
Je penche la tête en arrière et nos regards se rencontrent. Je souris bêtement, et elle me le rend en levant la tête vers l'homme en blouse blanche.
« Oui. »
« Bien. Il y a un lit dépliant dans le coin de la chambre, je vais vous donner les draps. »
Il disparaît derrière un pant de mur, farfouille quelque part dans une armoire que l'on devine derrière la cloison, et reviens avec une pile de tissu blanc dans les bras.
« Et voilà pour vous ! » fait-il comme un vendeur de fast food.
J'attrape son cadeau et pose les draps sur mes genoux.
« Merci beaucoup ! » disons nous d'une seule voix.
Mary fait pivoter le fauteuil et le fait rouler sur quelque mètre encore, puis s'arrête. Elle tend une main au-dessus de moi et fait basculer la poignée. La porte s'ouvre avec un « cling » satisfait. Nous entrons face à la grande fenêtre qui donne une vue imprenable sur la ville en début de soirée. Mary m'amène jusqu'au bord du lit, fait passer un bras sous mes genoux et un autre sous mes bras, et me dépose sur le matelas mou.
« Ça va ? » me demande-t-elle.
« Oui ! Pourquoi ça n'irait pas ? »
Elle grimace. Pas besoin d'expliquer. Je regarde mes jambes paralysées par l'accident. Je repense aux médecins qui me disaient...
Flashback
Je suis seule dans ma chambre. Il est deux heures de l'après-midi, et malgré ma fatigue, la douleur me tiens éveillée. J'attends une réponse, des résultats, un diagnostic. Soudain, j'entends la poignée s'activer dans le couloir. Plusieurs personnes entre, vêtus de blanc. J'en reconnais deux d'entre eux.
« Bonjour mademoiselle. Nous nous sommes déjà rencontrés lors des examens. Je vous présente le docteur Daltona, c'est lui qui va vous présenter les résultats. »
Le troisième s'avance, le visage grave.
« Bonjour. J'avoue ne pas avoir de très bonne nouvelle à vous annoncer. »
Il souffle nerveusement avant de lever la tête vers moi.
« Votre paralysie, il est possible qu'elle ne guérisse jamais. »
Les mots me frappent violemment. Ils font écho. Leurs voix raisonnent dans ma tête. Je reste de marbre, le cœur battant. Mon esprit se vide, une page se tourne, laissant apparaître son homologue blanche.
« Mademoiselle ? » demande-t-il, inquiet.
Je lève les yeux vers lui. Mon regard doit être empli de larmes que j'essuie d'un revers de main.
« Ça va. » je fais, « Je dois me reposer, je suis épuisée. »
Il hoche la tête.
« C'est normal. Ce que vous venez de vivre n'est pas facile. Nous vous laissons, n'hésitez pas à appeler si besoin. »
Les trois hommes disparaissent dans le couloir, laissant planer un silence que je brise d'un sanglot.
« Flavie ? »
La voix de Mary me tire violemment de mes pensées ombragées. Je me rends compte que je devais faire peur, à regarder dans le vide.
« Oui, désolée. J'étais loin. »
« Loin ? Où ? »
Je secoue frénétiquement la tête comme une figurine de pare brise.
« Nulle part, ça n'a pas d'importance. »
Une notification fait tinter le téléphone de mon amie.
« Qui c'est ? » je m'enquiert.
Elle grimace d'un air blasé.
« C'est... Uber Eat. » lâche-t-elle, « Qui est visiblement ravi de m'annoncer que de nouveaux lieux de livraison sont disponibles. »
Je ri de bon cœur.
« Au moins c'est bon ce qu'il te propose. »
Elle hoche la tête.
« On commande ? »
« Avec plaisir. »
Plus tard
Nous venons tout juste de terminer de manger. Après avoir tout ranger, nous nous sommes respectivement allongés dans nos lits. Les volets étant restés ouverts, les lumières de la ville infiltraient la chambre de leurs centaines de couleurs. Nous parlions gaiement, et cela me faisait beaucoup de bien. Après un énième fou rire, je demande :
« Dis ? »
J'entends les draps bouger non loin.
« Oui ? »
Je tourne la tête pour regarder le plafond d'un blanc immaculé.
« Tu ferais quoi si... »
Je marque une pause, pensive.
« Tu ferais quoi si tu pouvais réaliser le rêve que tu veux ? Qu'est-ce que tu souhaiterais ? »
Je l'entends bouger de nouveau, sa silhouette se tournant vers le plafond.
« Je crois que, je souhaiterais d'aller sur la Lune. Quitte à ce que ça soit un souhait, autant qu'il est l'air irréalisable. »
« C'est pas bête. » je dis, « Toujours aussi passionnée par l'espace ? »
Elle rigole presque silencieusement.
« Ah ça oui. Et toi, qu'est-ce que tu ferais ? »
« Je souhaiterais de pouvoir remarcher tout de suite. »
Je me tourne vers elle en souriant faussement.
« Quitte à ce que ça soit un souhait, autant qu'il est l'air irréalisable. » je termine.
Un silence plana un instant.
« Si tu pouvais réaliser ton souhait, » je commence, « est-ce que tu m'emmènerais ? »
Elle se tourne vers moi, sa silhouette se découpant sur la vue de la ville.
« Bien sur. »
« Alors on fait ça ? »
« Ça quoi ? »
Je me tourne vers elle, le cœur battant.
« Emmène-nous sur la Lune. »
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Coucouuu !
Désolée pour l'énorme retard sur ce chapitre, j'espère que ça ne se reproduira plus x)
Merci à ceux qui suivent cette fan fiction <3
Bisous et prenez soin de vous :)
VOUS LISEZ
Take us to the moon ☾ Mary x Dooms
FanficEt vous, que feriez-vous si votre amour était paralysé ?