Partie 7

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Quand Spirou toqua à la porte d'Alister le lendemain en début d'après midi, il ne fut presque pas étonné de trouver le garçon fatigué (à en juger par ses cernes et le ton de sa voix qui trahissait son irritabilité) et les yeux rougis. Lui-même ne pouvait pas prétendre qu'il avait passé une bonne journée la veille, encore moins une bonne nuit. Finalement, ce qui le déstabilisait le plus était la part de lui-même qui ne s'était pas attendu à le trouver dans cet état. Peut-être, au fond, étais-ce la même partie qui, la veille, avait tenté de blâmer le jeune homme pour avoir caché l'imminence de son départ, voir même de l'avoir approché tout en sachant qu'il repartirait ensuite. Cette part qui aurait voulu sacrifier le bonheur pour éviter la peine.

Ou bien encore était-ce ce doute, qui ressassait sans arrêt l'idée qu'après tout, Alister n'était peut-être pas aussi attaché à lui qu'il ne l'était lui-même au garçon.

Cependant, le fait de savoir le départ du jeune homme à la mèche blonde si proche semblait avoir transcendé ses doutes et ses peines pour le conduire devant sa porte, avec une idée quelque peu farfelue derrière la tête.


Bien sûr, Alister savait que les seules personnes susceptibles de venir le voir étaient les grooms de l'hôtel. Disons juste qu'il ne s'était pas attendu à ce groom en particulier. Au contraire, il avait plutôt pensé que le rouquin aurait préférer ne plus le revoir jusqu'à son départ, pour ne pas raviver la douleur.

C'est peut-être pour cette raison qu'il avait ouvert la porte en râlant un « J'ai dit que je ne voulais pas être dérangé. » sans donner d'attention à l'identité se son interlocuteur. Néanmoins, il arrêta sa phrase lorsque, levant les yeux, il reconnu le rouquin.

« Je sais que tu as demandé à la réception de ne plus être importuné jusqu'à ton départ, expliqua celui-ci avec un air gêné. Par téléphone. Tu n'es pas sorti de ta chambre depuis hier matin, en fait. »

Le jeune homme ne savait pas si le plus gênant était le fait que Spirou avait raison, ou qu'il le saches. Dans les faits, il avait fait tout ça parce qu'il s'était persuadé que sa vue serait insupportable au rouquin.

« Est-ce que tu t'es fait livrer de quoi manger, au moins ? » s'inquiéta ce dernier devant l'air coupable d'Alister.

Celui-ci détourna le regard et resta silencieux. Il n'y avait pas pensé, à vrai dire.

Le jeune groom poussa un soupire, et dévisagea d'un air triste et inquiet le garçon qui s'appliquait à regarder le sol avec pour but de se faire oublier.


« D'accord, commença le roux. Dans ce cas, on va légèrement changer le plan.

- Quel plan ? » s'inquiéta presque immédiatement Alister.

Spirou arrivait à peine à croire que le jeune homme avait pu sur-réagir à ce point : s'enfermer dans sa chambre pendant plus d'une journée, sans rien manger ni voir personne, n'était pas franchement la meilleure des idées du monde, quel que soit le contexte. Néanmoins, c'était un aspect du garçon qu'il ne pouvait pas nier. Une sorte de marque de fabrique, quelque chose de typiquement lui. Alister sur-réagissait toujours.

Cela n'empêchait pas le rouquin de s'appliquer à le surprendre et à le garder dans l'attente d'une autre révélation. Et il savait que le garçon le suivrait toujours, pour la simple et bonne raison qu'il lui faisait confiance. C'est pour cette raison qu'il lui répondit simplement :

« C'est une surprise. » accompagné d'une expression qu'il espérait rassurante.

Alister lui rendit à son tour un sourire, qui trahissait son anxiété plus que sa joie.

Je vous trouve un charme fouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant