Chapitre 1

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 Il fait sombre. Les gouttes de pluies échouent lamentablement contre mon velux ce qui m'empêche de dormir.

Il est passé ce matin chercher ses affaires. L'appartement est vide. Sept ans de ma vie vient de s'envoler. Je me retourne, là où il se trouvait encore il y a quelques jours.

Une énième dispute a eu raison de notre couple. Tout est partie d'une histoire de bouteille de jus d'orange mal fermée... Des histoires vieilles de notre rencontre sont venues ajouter de l'eau à nos moulins et la colère a pris le dessus. Nous avons grandi, voilà tout. À se battre pour que notre couple fonctionne, nous avons oublié que ce « nous », fonctionne sur deux individus distincts. Je me suis oubliée autant qu'il s'est oublié. À trop sacrifier nous nous sommes perdus.

Il reste son odeur sur les draps. J'ai mal dans tout mon corps. Mes larmes ont tellement coulé, que je ne peux les laisser glisser sur mes joues.

Je reste blottie dans ma couette en espérant que cette douleur violente et indescriptible me quittera bien assez vite. Je sais que demain je devrais me lever pour aller travailler alors que je n'ai qu'un vœux : me faire oublier du reste du monde pour me morfondre.

Je vois ses yeux noirs de colère où des larmes coulent. J'entends sa voix qui gronde, comme le tonnerre, se briser quand il me dit qu'il est peut-être temps de tourner la page. Je me vois tomber à genoux sur le sol. Il ne me regarde plus. Il a pris sa décision. Il a toujours pris les décisions. Je l'ai toujours suivi dans tout. Il est vrai que notre couple était plus porté par ses épaules que par les miennes. Je l'ai peut-être trop laissé me porter... Mais je me sentais si triste ces derniers temps que je n'ai pas vu. Ou que je n'ai pas voulu voir. Aucune importance... Il n'y a plus de nous et plus qu'un moi qui va devoir se trouver et se découvrir.

Je me laisse finalement bercer par la pluie qui a décidé de venir accompagner ma solitude.

Quand mon réveil sonne à 7h30, je me rappelle subitement que je suis seule dans l'appartement. Que je serai seule chaque matin. Et je me mets finalement à apprécier l'idée. Je n'ai jamais vécu seule. Mais la solitude ne m'a jamais posé problème. Bien au contraire. J'aimais faire des tours de quartier de temps en temps pour laisser mon esprit divaguer quand je me sentais étouffer dans ma relation. J'ai toujours été une gamine solitaire au grand désespoir de mes frères et sœurs.

Je me lève péniblement de mon lit et je vais prendre une douche. L'eau chaude stimule mes ports et je commence à me détendre. L'odeur de mon savon déverse sa bonne odeur dans toute la pièce. Cette odeur familière me réconforte dans ce tourbillon de questions qui emplit ma tête. Je reste un moment sous l'eau à attendre avant de me rappeler que je dois être au travail dans moins de trente minutes.

Je m'habille en vitesse éclair : jupe crayon noire, chemise blanche et escarpins. Je vais me faire un café que j'avale en me brûlant la langue. Je me brosse les dents et je prends ma voiture pour me rendre à mon lieu de travail.

Benjamin : Bonjour patronne ! Vous avez un rendez-vous dans vingt minutes avec Mr Bruno pour parler de la publication de son roman.

Louise : Merci Ben.

Benjamin : Je vais vous faire un café. J'arrive.

Je rentre dans mon bureau. Il est simple. Un grand bureau en bois blanc, mon PC, des cadres d'un basique déconcertant, un sofa marron et une petite table basse en bois sont disposés dans la pièce. Cette pièce pourrait être à n'importe qui. Mais je mis sens bien. Il n'y a rien de personnel. Il n'y a rien qui me fait penser à ma vie personnelle. Ce dont j'ai besoin quand je travaille. Ne pas m'attarder sur les détails. Je suis si vite déconcentrée que ça en est affolant d'après ma mère.

Tonnerre et couleur nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant