Tonnerre et couleur nuit

Chapitre 4

     Une semaine est passée depuis le rachat de notre boîte et de mon rendez-vous au restaurant avec Andrew. Je n'ai pas eu de nouvelles de mon nouveau patron. Je me noie corps et âme dans mon travail. J'ai  décidé de me couper les cheveux. Pas grand chose, à peine quelques centimètres, mais après avoir passé une après-midi complète avec Marie (en buvant quelques verres de vin blanc pour moi), les ciseaux se sont retrouvés dans ses mains comme par magie. J'ai également trouvé un appartement grâce aux contacts d'Andrew dans le plein centre de Tours. Un grand bien immobilier avec une cuisine incroyable et une vue magnifique sur la Loire. J'y emménage dans trois jours. J'ai hâte de quitter mon ancien domicile.
    La voix de Benjamin raisonne dans mon bureau.

Benjamin : Patronne, il y a du changement dans votre emploi du temps ! Monsieur Delmar vient de planifier un repas avec vous pour ce midi.

    Je manque de tomber de mon fauteuil.

Louise : Quelle heure Benjamin ? Quand ?
Benjamin : Dans 20 minutes. Vous voulez que j'annule ?
Louise : Non. Je te remercie de m'avoir prévenu.

    Je me lève d'un bond quand il est 11h55. Je lisse ma robe noire et je vérifie dans mon téléphone que mes cheveux sont bien lisses. Je descends jusqu'à l'accueil. Je vois très rapidement la voiture de mon patron garée sur une place devant l'immeuble. Dès que je m'en approche, il sort. Il est encore plus beau que dans mes souvenirs -si c'est possible-. Il porte un pantalon à pince grise, une chemise blanche et une cravate bleue. Sa veste de costume doit être dans la voiture. Ses yeux sont toujours aussi sombres.

Andrew : Mademoiselle Vérona.
Louise : Monsieur Delmar.

    Il vient m'ouvrir la portière côté passager et je m'y installe. Il démarre à l'instant où il est installé.

Andrew : Votre matinée c'est bien passée ?

    Je me languissais de toi comme tu n'as pas idée...

Louise : Très bien merci. Et vous ?
Andrew : D'un ennui mortel... Vous êtes la seule chose qui rend ma journée intéressante.

    Je lui rends sa journée plus intéressante ? Moi ? Je lui rends sa journée plus belle ! Je sens le rouge me monter aux joues. Il me jette un petit regard pour voir comment je prends sa remarque. Je l'entends sourire et soupirer de satisfaction. Il sait bien l'effet qu'il fait aux femmes. Quel charmeur !
    Mais il est si beau.
    Je me concentre pour changer de conversation mais nous arrivons devant un petit restaurant avant que je puisse parler.
     Je le suis à l'intérieur. Il s'annonce et la serveuse nous emmène dans un coin intimiste. Je fais racler ma chaise, à ma plus grande consternation, avant de m'asseoir. Il ne tique pas mais je peux me douter que ce manque de délicatesse doit être un vrai tue l'amour. La serveuse revient quelques instants plus tard avec la carte des plats et celle des vins.

Louise : C'est vraiment chou comme endroit.
Andrew : Chou ? Nous sommes à un rendez-vous d'affaires.

    Je vois la surprise mais surtout son regard espiègle. Il me tâte, il me cherche, il veut connaître mes limites. Je risque d'être une source de jeu sans fin pour lui car je ne crois pas être capable de poser des limites avec lui. Je n'en ai pas envie.

Louise : Bien sûr patron.

    Je lui réponds avec un sourire taquin.

Andrew : Voulez-vous du vin rouge ou du vin blanc.
Louise : Je préfère le blanc.

    Il me sourit pour me dire que nous prendrons du vin blanc et me tend la carte des plats. J'opte pour une salade au saumon. Quand la serveuse vient prendre nos commandes, je vois à ses yeux, qu'elle aimerait bien Andrew pour repas. Je ne peux que la comprendre mais mon cœur se pince de jalousie. Pourquoi donc ? Il ne se passe rien entre lui et moi.
    On nous ramène la bouteille qu'a demandé Andrew. Il nous sert et je bois une petite gorgée.