Chapitre 2

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Marie est devant le cinéma. Son inséparable chignon sur la tête, un t-shirt noir et un jean. Dès qu'elle me voit, elle se met à courir dans ma direction et me saute dans les bras. Elle sent bon. Comme toujours.

Marie : Comment va ma meilleure amie ?

Louise : Elle va bien. Je crois. Je l'ai laissé derrière moi à cause de ses pleurnichements...

Marie : Non mais sérieusement Louise... Comment tu vas ?

Louise : Bien. Bizarrement. Ça fait des mois que ça battait de l'aile avec Thibault. Il était temps. Que se soit concret même si c'est difficile. Mais c'était pour le mieux. On ne se parlait plus que pour se hurler dessus.

Marie : On devrait aller boire un verre au lieu de se faire un ciné.

Louise : Je te suis où tu iras bébé.

Marie : Toi et tes phrases de lover !

Louise : On ne change pas une équipe qui gagne.

Nous partons dans le centre ville et nous nous installons dans le premier bar que nous trouvons. Marie commande un coca (unique boisson qu'elle ingurgite à longueur de journée) et je prends un verre de vin blanc.

Marie : Qu'est ce qui a fait que vous avez décidez que c'était fini ?

Louise : J'ai mal fermé une bouteille de jus ; c'est parti au quart de tour... Il m'a ressorti tout le discours habituel de mon incapacité à le rendre heureux et à tenir la maison. Je lui ai dit que je faisais mon possible. Que j'étais aussi fatiguée que lui quand je rentrais du travail. Mais rien à faire et il a fini par me dire que le mieux était peut-être de se laisser. De poursuivre notre chemin chacun de notre côté. C'était évident qu'on ne pouvait plus tenir. C'était le mieux à faire. On s'est disputé il y a deux jours. Il a trouvé un appart le lendemain et il est venu chercher ses affaires hier. En deux jours, sept ans de ma vie se sont envolés.

Marie : Au moins ça a été rapide. Ça va t'éviter de trop te rattacher au passé.

Louise : Oui c'est au moins la chose positive de notre séparation. Et dire qu'on parlait d'avoir un enfant il y a encore quelques mois... Enfin bon ! Je crois que dans le fond je vais bien. Je vais pouvoir me concentrer sur moi. C'est une bonne chose. Et toi ? Avec Charles au regard de feu ?

Le visage de mon amie s'illumine. Ce Charles ! L'homme parfait. Beau, acteur, gentil, tendre, prévenant et avec un sens de l'humour incroyable. Marie l'a rencontré lors d'une audition pour la réalisation de son premier film. Ils ont eu un coup de foudre. Et maintenant ils commencent à gravir les marches, si pentues, du monde du cinéma, ensemble. Ils sont le couple de référence de tous nos amis communs.

Nous passons une grande partie de la soirée toutes les deux au bar, jusqu'à ce que le cher et tendre de Marie l'appelle un peu inquiet. Nous décidons qu'il est temps de rentrer chez nous. Charles vient chercher mon amie. Je le salue et je pars à pied à mon appartement. Marcher dans le noir me fera du bien.

Mes pensées partent tout naturellement vers Andrew. Vers ses yeux et son sourire. Même son odeur reste ancrée dans ma tête. Je me sens étrangement bien alors que je devrais être dévastée par la perte de Thibault. Mais comme me l'a fait remarquer ma meilleure amie, nous n'étions plus vraiment un couple mais des colocataires. Cette histoire devait prendre fin et je le sais.

Alors que je suis à mi-parcours, une voiture ralentit à ma hauteur. Je sens mes jambes fléchir de panique. Je ne tourne pas la tête pour regarder mais j'accélère la cadence. La voiture continue de me suivre. Et si on me kidnappait ? Mais quand la fenêtre se baisse, je vois le visage rayonnant d'Andrew au volant. Ce n'est pas un dangereux psychopathe. Enfin je l'espère. Que fait-il ici à cette heure ?

Tonnerre et couleur nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant