Chapitre 19

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    Arthur n'a pas bougé d'un pouce depuis un bon moment. Il pianote sur son portable à intervalle régulier pendant que mon esprit est en ébullition. La chaise, sur laquelle je suis assise, n'est pas droite et grince dès que j'ai le malheur de bouger. Je ne sais pas l'heure qu'il est. Andrew doit être réveillé et fou de panique j'imagine.
    Un son lointain et familier vient chatouiller mes oreilles avant même qu'Arthur ne réalise qu'une moto arrive sur son domaine. Je me retourne vers une fenêtre qui laisse entrevoir l'extérieur. Les carreaux sont recouverts de sable. Je ne distingue que les formes. Et ce que je vois me laisse espérer que la fin de cet épisode est proche.
Andrew saute de sa moto et arrache son casque qu’il balance bien plus loin. Mes deux kidnappeurs se dirigent vers lui en lui sommant de se mettre à terre. Je manque de tomber dans les pommes quand je comprends que ces derniers tiennent des armes. Andrew avance vers eux sans la moindre hésitation et décolle une droite à Jordan qui s’effondre au sol. Tony se tourne vers son acolyte avant de prendre la fuite comme un lâche. Puis le tonnerre explose.

Andrew : Louise !

    Sa voix est tonitruante, angoissée, paniquée et déterminée. Il hurle mon nom avant de hurler le prénom d’une autre personne. et cette fois, sa voix est en colère. Emprunt d’une rage folle.

Andrew : Arthur ! Espèce de connard, laisse la partir !

    Arthur relève la tête de son portable, se lève en silence et m’invite de la main à me lever. Je m’exécute sans broncher. Puis il vient se mettre derrière moi tout en se collant. Je suis prise de dégoût. Il pose sa bouche contre mon oreille pour me murmurer des mots.

Arthur : Excuse moi pour ce qui va suivre. Tu dois comprendre que je veux cet argent. Qu’il me revient de pleins droits.

    Le malfrat empoigne alors mes cheveux avant de me mettre à genoux tout en collant la lame de son canif contre ma jugulaire.
    Je vais me faire vider de mon sang devant ses yeux… Bordel ! Je ne veux pas qu’il voit ça.

    Il ouvre avec son pied la porte. Andrew se stoppe net. Le temps s’arrête. Il n’y a plus que ses yeux qui se perdent dans les miens, qui se remplissent de larmes. Sa bouche s’ouvre et se ferme. Il n’arrive pas à trouver ses mots. Ma respiration saccadée me fait mal à la poitrine.

Arthur : Bonjour p’tit frère.

    Je devine le sourire de triomphe de mon ravisseur illuminé son visage. Les mots employés par Arthur n'ont pas l'air de ravir Andrew. Ce dernier serre ses mains si fortement que ses phalanges blanchissent.

Andrew : Nous ne sommes plus frères. Laisse Louise partir. Je n'ai qu'un coup de file à passer pour que l'argent soit sur ton compte Arthur. Ne fais pas le con. Dès qu'elle sera hors de danger, tu seras riche.
Arthur : Andrew, Andrew… Mon cher Andrew… Tu n'es pas en position de donner des ordres. En vue de la situation dans laquelle tu as mis ta petite amie, tu devrais plutôt écouter ce que j'ai à te dire et faire ce que je veux.
   
    Mon baroudeur ne dit plus rien et attend. Mes larmes coulent en silence. Je le vois hocher la tête tout en maintenant le contact visuel avec moi. Il me demande si ça va. Je lui esquisse un petit sourire qui ne convaincrait pas grand monde mais qui a le mérite de calmer mon prince.

Arthur  : Bien ! Pour commencer, merci d’être venu aussi rapidement mais cela ne me surprend pas, te connaissant un peu. Deuxièmement, je pense, que tu dois quelques explications à ta dulcinée qui découvre que tu n’es pas l’enfant de cœur qu’elle croyait. Je serai toi, je n’hésiterais pas à aller dans les détails. J’aime les bonnes histoires. Et celle-ci risque de devenir ma préférée.

    Andrew se met à grogner. Ses pupilles lancent des éclairs à Arthur qui continue de maintenir sa poigne avec rage contre ma chevelure.

Arthur : Nous n’avons pas tout notre temps Drewdrew… Je suis un homme occupé.
Andrew : Retire ce couteau de sa gorge et je commence.

Tonnerre et couleur nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant