Après des années passées à mener une vie sans saveur dans la grisaille écossaise, Hanae décide sur un coup de tête de tout quitter pour la Nouvelle-Zélande, attirée par l'idée d'une vie plus authentique et sauvage. À peine arrivée, elle se plonge da...
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Un mois et demi. Un mois et demi est passé depuis que j'ai croisé la route d'Elliot et de Ann. Ma famille commence sérieusement à me manquer. Être aussi loin de ses proches c'est dur, mais ça fait partie de l'aventure. Je dois m'y faire car je ne sais pas dans combien de temps je compte rentrer. Je suis bien ici. Très bien même. J'ai laissé un message à ma famille sur le groupe pour leur demander pour la énième fois quand est-ce qu'ils comptent tous débarquer ici. Mais personne ne m'a encore répondu, ils doivent être en train de dormir. Le décalage horaire me gonfle : on n'est jamais réveillé en même temps, ou peu souvent. Je dirais même trop peu souvent. Le temps passe si rapidement ici, c'est dingue.
Tout en donnant une carotte à Luscious qui s'empresse de la croquer avec appétit, je laisse un long soupir s'échapper de mes lèvres. Des trombes d'eau se déversent sur Huntly depuis ce matin et ce mauvais temps me désespère... Et il ne m'avait pas manqué ! Néanmoins, l'odeur si particulière de la nature mouillée est agréable. Je caresse l'encolure du cheval avant de dire bonjour à Power qui est heureux de me voir, lui aussi. Ce dernier me donne un coup de museau sur l'épaule en hennissant doucement. Je souris en frottant gentiment ses naseaux dont le duvet doux et chaud est agréable au toucher.
— Oui, je sais. Toi aussi tu as envie de te balader. Mais avec cette pluie, on serait tous les deux rapidement mouillés, tu ne crois pas ?
Seul le silence me répond et c'est reposant. Je m'assois sur un tabouret en bois et m'adosse au boxe de Power. Les yeux fermés, je me laisse bercée par le tonnerre qui gronde au loin et par l'averse qui tombe sur la ferme. Une légère brise fraîche effleure ma peau et soulève ma chevelure rousse détachée. Soudain, une voix s'élève et me fait sursauter. Une main sur mon cœur, je rouvre les paupières et regarde autour de moi, affolée. Mes pupilles tombent sur Elliot. Les mains dans les poches avant de son jean usé, il me regarde, un petit sourire en coin. Il porte un débardeur trempé qui laisse entrevoir ses pectoraux et abdominaux. Tout en passant une main dans ses cheveux mouillés afin de les plaquer en arrière, il s'approche de moi, essoufflé.
— Je savais que je te trouverais là.
Je me lève et me poste devant lui. Une mèche s'échappe et vient lui chatouiller le front. Je m'empresse alors de la replacer derrière son oreille. Pendant une brève seconde,
— Est-ce vraiment une surprise ?
Il secoue la tête en encadrant mon visage de ses larges mains calleuses. Ses lèvres, étirées en un sourire franche et heureux, caressent subtilement les miennes et mon cœur bat de plus en plus rapidement. Mes paumes se calent sur son torse et, sans surprise, les battements de son cœur s'emballent. Alors que je pensais qu'on allait s'embrasser, Elliot se recule après avoir déposé un doux baiser sur mon front. Je cache ma déception en jetant un coup d'œil vers les deux équidés qui nous fixent de leurs grands yeux curieux. Elliot me prend par la main et m'informe, tout content :
