Chapitre 8 - Dylan

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J'ai peut-être exagéré sur la boisson.

Bon, je l'avoue : j'ai trop bu.

Lorsque je me suis réveillé, j'avais une gueule de bois phénoménale. Mais ça ne m'a pas empêché de voir Fen. Fen dans ma chambre. Là, je me suis sérieusement demandé si quelqu'un n'avait pas clissé une substance illicite dans mon verre hier soir.

Pourtant, elle était bel et bien là, au milieu de ma chambre, comme si elle se trouvait chez elle. Et c'est là, alors que j'émergeais tant bien que mal du sommeil, que je me suis rendu compte que j'avais un rendez-vous avec Fen. Chez moi. À treize heures.

Je me sens tellement con. Non seulement j'ai oublié de verrouiller ma porte - n'importe qui aurait pu se glisser chez moi et me tuer pendant mon sommeil, mais Fen m'a vu à mon plus vulnérable ! Qu'est-ce qu'elle pense de moi, désormais ? C'est certain qu'elle pense que je ne suis pas l'homme de la situation et que je n'arriverai pas à l'aider dans sa carrière.

Elle a peut-être raison, mais plutôt mourir que de l'avouer.

En ce moment, elle se trouve dans mon salon, que j'ai bien évidemment oublié de nettoyer pour sa venue. En espérant que la vue de ce bazar ne la fasse pas fuir...

Pendant qu'elle attend que je me reprenne en main, je m'empresse de me préparer, omettant la case douche, et me présente à elle sous mon plus beau jour. Bon d'accord, je doute qu'un bon coup d'eau fraiche sur le visage ait suffi à me faire redescendre sur la planète de la sobriété, mais c'est le mieux que je puisse faire. Et puis, un petit mal de tête et la nausée, ça se supporte, non ?

Fen n'a même pas osé s'installer sur le canapé, probablement effrayée par le désordre qui y règne. Tout en m'excusant, je m'empresse de ranger grossièrement les objets s'y trouvant, afin de lui placer de la place.

— Je ne comprends pas pourquoi tu as insisté pour que la rencontre se déroule chez toi, soulève Fen tout en s'assoyant enfin.

Son jugement, je le mérite. En lui proposant mon aide, j'étais sérieux ; je veux vraiment l'aider à percer, parce que nous le méritons tous les deux. Mais là, en ce moment, je fais preuve d'une négligence incroyable... je n'aurais pas dû fêter fort hier.

— Je... je m'excuse pour tout ça.

Je ne la regarde pas dans les yeux. J'ai trop peur d'y voir de la déception.

— Pas de problème.

Si justement, il y a un problème. Mais il est plus facile pour moi de le cacher au fond de mon esprit, dans un coin noir, et de l'oublier plutôt que l'affronter.

Je suis lâche.

Un coup d'oeil à la minuscule cuisine, et le morceau de bois chambralant qui me sert de table à manger, suffit à me faire grimacer. Bien entendu, hier soir, avant d'aller célébrer, j'ai oublié de rendre l'endroit accueillant. J'ai eu beau faire le ménage de l'appartement entier après la visite et le discours moralisant de Jim, il a suffi de quelques heures pour foutre le bazar de nouveau. Une vraie plaie.

— Tu... tu veux quelque chose à manger ?

Elle grimace.

— Non merci, répond-elle poliment.

Je ne lui en veux pas. Si j'étais dans la même situation qu'elle, je réagirais probablement de la même façon.

Avec un soupir, je m'installe à ses côtés. Fen, elle, a déjà son ordinateur portable ouvert sur son traitement de texte et semble prête à se plonger dans boulot, alors que moi j'ai juste besoin d'un peu d'électrolytes pour me remettre sur pied.

L'Ère de la CensureWhere stories live. Discover now