David m'avait déposé à l'hôpital après notre retour de Chartres. Il était rentré à l'appartement d'Élie pour y dormir, il était épuisé par la route. Je lui avais pourtant proposé de conduire, mais il avait refusé, arguant que je n'étais pas en état.
Je n'avais pas mis longtemps pour rejoindre le service des soins intensifs où était toujours Élie. En entrant, je croisais l'infirmière qui s'occupait souvent d'Élie.
« Comment s'est passé votre journée ?
- On ne peut pas dire que ça ait été très joyeux. Mais il y avait beaucoup de monde présent pour dire au revoir à notre ami, ça m'a fait chaud au cœur de voir autant de monde.
- Je m'en doute. Et je sais que votre amie Élie, recevrait plus de visite si c'était possible, mais pour le moment, c'est compliqué.
- Vous savez, Élie n'a jamais eu beaucoup d'amis. Nous étions un petit groupe très restreint.
- Pierre dites-moi, il y a un deuxième jeune homme présent sur la liste des personnes autorisé. Mais je ne l'ai pas vu venir, mes collègues non plus. Seuls, vous et monsieur Hill, êtes venus voir Élie.
- Je... Il s'agit de notre ami Louis. Il... Il ne veut pas venir, il se croit responsable de l'accident d'Élie. C'est lui qui lui a dit de prendre la route pour nous rejoindre et...
- Je comprends. Vous devriez lui dire qu'il n'est pas responsable.
- Je lui ai dit. Nous avons beaucoup parlé ces derniers jours, mais il ne veut pas entendre raison. Il continue de se croire coupable et n'en démord pas. Je n'ai pas réussi à le faire changer d'avis. Je pense qu'il lui faudra un peu de temps.
- Comme à tout le monde. Le temps est la seule chose qui peut arranger les choses.
- Je sais. Comment a été la journée d'Élie ?
- Ça a été. Après votre départ, son état a été stable. Aucun nouvel arrêt respiratoire. Nous avons changé ses bandages et ses brûlures commencent doucement à guérir. Elle va aller bien progressivement. Nous pensons que dans quelques jours, elle ne fera plus d'arrêts respiratoires, ses poumons reprennent doucement leur travail. »
C'était une bonne nouvelle. Son état s'améliorait de plus en plus au fil des jours. L'infirmière s'excusa quand son bipeur sonna et je rejoignis la chambre d'Élie.
Son visage reprenait petit à petit ses couleurs naturelles, et les cicatrices qu'elle avait semblaient doucement s'effacer.
Je m'approchais d'elle et déposais un baiser sur son front avant de m'asseoir à ses côtés.
« Bonsoir ma petite Lilo. J'ai croisé une de tes infirmières en arrivant, elle m'a dit que ta journée avait été tranquille, c'est une bonne chose. Ça n'a pas été de tout repos pour moi. Comme je te l'ai dit ce matin, on est allé dire au revoir à Tonio, et j'ai cru que je n'allais jamais arrêter de pleurer. Ça a été dur, très dur. Il y avait beaucoup de monde, vraiment... »
Je soufflais le visage éteint, cette journée avait été éprouvante, et voir qu'Élie ne se réveillait pas, ne m'aidait pas vraiment à aller mieux.
« Je m'en veux de ce que je vais te dire, mais je vais devoir m'absenter quelque temps. Je n'ai pas envie de te laisser ou que tu aies l'impression que je t'abandonne, mais les prochains mois vont être difficiles. Dans une semaine, je vais partir pour Singapour, et ensuite, les Grand Prix vont s'enchaîner aux quatre coins du monde. La Russie, le Japon, puis les Amériques et la dernière course à Abou Dhabi. Il ne reste que sept courses et ensuite, je reviendrais à tes côtés tous les jours. Mais en attendant, je vais devoir m'entraîner et avec les décalages horaires ça sera compliqué de faire autant d'aller et retour, mais je reviendrais te voir dès que je le peux. Le plus souvent possible... »
Je m'en voulais tellement, j'avais eu Franz au téléphone pendant que nous rentrions de Chartres. Et il m'avait parlé du planning des prochaines courses. Je connaissais le calendrier, mais j'avais presque oublié que j'allais partir loin. Les courses de Singapour et de la Russie étaient à la suite, je n'allais pas pouvoir rentrer voir Élie. Ensuite, j'avais une semaine de libre. Après ça se compliquait, après la course du Japon, je devais aller à Milton au siège de Red Bull pour m'entraîner sur le simulateur puisque l'usine Toro Rosso à Faenza ne possédait pas encore de simulateur. Et après, c'étaient les Amériques, j'allais être absent pendant un mois. Je ne revenais que fin novembre, pour une semaine de repos avant la dernière course.
« J'espère sincèrement que tu seras réveillée d'ici là. Je ne sais pas combien de temps, je supporterais de te savoir dans cet état. Je ne veux pas vivre la même chose que Charlie. Comme je te l'ai dit hier en rentrant, on a beaucoup discuté tous les deux. Il est toujours blessé par le décès de Jules. Il a passé de longs mois dans le coma, mais il ne s'est jamais réveillé. Je t'en supplie Lilo... Prends tout le temps dont tu as besoin, mais reviens moi... Je ne survivrais pas à pire. C'est déjà bien trop dur, de te voir dans cet état... »
Et voilà que je pleurais à nouveau. Je t'en supplie mon amour, reviens moi...
En me réveillant le lendemain matin, j'avais à nouveau mal au dos... C'était le cas depuis que je passais mes nuits à dormir dans le fauteuil aux côtés d'Élie. Ce n'était clairement pas le mieux, mais je n'arrivais pas à quitter Élie le soir.
« Bonjour Pierre. »
Je me retournais et aperçu David à l'entrée de la chambre avec deux gobelets fumant. À l'odeur, c'était du café.
« Bonjour David. Comment allez-vous ?
- Je vais bien, Pierre, je t'ai pris un café. Ça te fera du bien.
- Merci. »
Il entra dans la chambre, me tendit le café et s'installa sur le fauteuil de l'autre côté du lit.
« Est-ce que tu as des nouvelles de Louis ?
- J'ai eu sa mère au téléphone hier soir, il n'est pas retourné à l'université depuis qu'il est rentré de Belgique.
- Je sais, je l'ai eu au téléphone, j'ai essayé de lui parler pour qu'il vienne voir Élie mais il ne veut pas.
- Tu devrais peut-être aller le voir. Le faire venir avec toi directement. Il n'est pas responsable de son accident, je ne le pense pas, personne ne le pense.
- Il est toujours à Paris ?
- Sa mère m'a dit qu'il était toujours à son appartement, il n'en sort simplement plus.
- Je passerais le voir cette après-midi. Je réussirais peut-être à le raisonner, ça serait bien qu'il vienne la voir quand je serais loin, ça...
- Ça fera du bien à Élie d'avoir de la visite, quand tu seras à l'autre bout du monde.
- Je m'en veux de l'abandonner...
- Arrête de dire cela, Pierre. Tu ne l'abandonnes pas, pas le moins du monde. Tu te bats pour elle, pour Tonio. Tu réalises le rêve de ton meilleur ami, et tu prouves à Élie qu'elle a eu raison de croire en toi. Tu sais quand elle a pris la décision de te soutenir et d'utiliser l'héritage des Hill pour que tu n'abandonnes pas la compétition, elle est venue me voir pour m'en parler. Elle m'a expliqué pourquoi elle voulait faire ça pour toi, elle m'a dit et je m'en souviendrais toujours. « Je sais que ça parait fou, qu'on peut penser que je jette cet argent par les fenêtres, mais tu l'as vu rouler papa. Il est doué, il est brillant avec un kart ou avec une monoplace. Je crois en lui, en son talent, je suis certaine qu'il a de l'avenir dans ce sport. Je suis certaine qu'il réussira à atteindre la catégorie reine, qu'il courra en Formule Un, et qu'il gagnera des courses. Sans sponsor, il ne pourra pas continuer à rouler, et je ne veux pas voir cela arriver. Je veux l'aider à ma manière, il le mérite tellement. » ... »
Je regardais David les larmes aux yeux. Élie avait toujours cru en moi.
« Pierre, Élie a toujours cru en toi. Alors, non, tu ne l'abandonnes pas, tu prouves au monde entier, qu'Élie a eu raison de croire en toi... »
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Winter Practice - Pierre Gasly 🤍
FanfictionSpin-off de Free Practice - Pierre Gasly 🤍 ⚠️Vous devez avoir lu les tomes de Free Practice avant de lire celui ci. ⚠️ Redécouvrez l'histoire d'Élie Hill et de Pierre Gasly, cette fois du point de vue de Pierre. Il faudra peut être avoir une boite...