Chapitre 15 - Un nouveau départ

750 53 1
                                    

* 31 décembre 2019

La saison était terminée depuis presque un mois. J'étais rentré à Paris juste après la fin du championnat pour retrouver Élie. Et je n'avais pas été absent de l'hôpital une seule journée.

Cela faisait maintenant quatre mois, qu'elle était dans le coma et que Tonio était décédé. Et je commençais petit à petit, à perdre tout espoir de la voir se réveiller.

Je me renfermais sur moi-même et je ne voyais plus personne à part ceux qui venait rendre visite à Élie de temps en temps. J'avais même refusé de fêter les fêtes de fin d'année chez mes parents, ou de rejoindre Charles à Monaco pour fêter le nouvel an.

Je n'avais clairement plus le goût à rien, ça devenait de plus en plus dur de voir les jours passer sans qu'elle ne se réveille. Et l'éventualité qu'elle ne se réveille jamais, me faisait plus peur que jamais. Les mots de Charles me revenaient toujours dans la tête quand je pensais à cette possibilité.


*

« Est-ce que la douleur se calme un jour ?

- Oui Pear, un jour, tu n'auras plus mal, plus autant. Tu vas apprendre à vivre sans elle à tes côtés, et au moment venu, sois tu réussiras à vivre sans elle, soit elle reviendra dans ta vie.

- Est-ce que ça fait mal d'attendre aussi longtemps avant de les voir partir ?

- Ça fera toujours mal de les voir partir, mais pas plus parce que cela fait longtemps qu'ils sont dans le coma. Au contraire, tu te fais à l'idée que ça peut arriver. Et quand ça arrive, tu réalises qu'ils ne souffriront plus, qu'ils seront enfin en paix. »

*


Je ne me ferais jamais à l'idée de la voir partir. Elle est mon rayon de soleil, ma force, ma raison de me battre et de vouloir gagner, mais sans elle, je ne suis plus rien. Simplement une âme en peine qui erre dans l'espoir de trouver un but.

Je relevais mon regard vers la fenêtre d'où je voyais certaines rues de la capitale française. La nuit avait déjà bien fait son chemin autour de nous, mais le nouvel an n'était pas encore arrivé, je n'avais pas encore entendu les sons des feux d'artifices.

J'avais eu l'autorisation de passer la nuit avec elle, à ses côtés. En temps normal, je devais repartir à 19 h à la fin des visites autorisées, mais ce soir, j'avais eu le droit de rester. L'infirmière que j'avais rencontrée aux soins intensifs, passait tous les matins où elle travaillait pour prendre les constantes d'Élie et discuter de son état. Elle avait comme elle nous l'avait promis demandé à quelqu'un en qui elle avait confiance et en qui nous pourrions avoir confiance, de s'occuper d'Élie quand elle n'était pas la, et nous étions vraiment heureux de ce petit geste qu'elle avait fait pour nous.

Ce matin, elle m'avait informé que j'avais l'autorisation de rester aux côtés d'Élie aussi longtemps que je le souhaitais, et ça m'avait fait pleurer. Je ne savais même pas d'où je sortais encore des larmes tant j'avais pleuré ces derniers mois.

Je reposais mon regard sur Élie, elle semblait paisible. Toutes ses cicatrices avaient disparu, toutes ses blessures extérieures étaient guéries, et la radio qu'ils avaient faite de ses côtes montrait qu'elles étaient aussi guéries.

Il ne restait que son traumatisme crânien et l'œdème au cerveau qui semblaient selon les médecins encore empêcher son réveil.

« Si seulement tu réussissais à sortir de cet état et à te réveiller mon amour. Je pense que tu t'es suffisamment reposée pendant quatre mois, il est temps de nous rejoindre... »

Parfois, quand je lui parlais, j'avais l'impression d'attendre ses réponses, alors que je parlais tout seul depuis quatre mois. Je sortais mon téléphone que je sentais vibrer dans ma poche, un message de Charles.

CHARLES : « Tu souhaiteras la bonne année à miss cambouis, et dis-lui que j'ai hâte de rencontrer ton grand amour. Bonne année mon Pear. Je sais que l'année qui vient de s'écouler n'a pas été des plus faciles et que la prochaine ne le sera peut-être pas plus. J'espère de tout cœur qu'elle se réveillera et je suis certain qu'elle retournera bien vite jouer avec ses moteurs. Je ne peux pas te promettre qu'elle se réveillera, mais je ne peux que l'espérer et dans tous les cas, tu seras fort et tu prouveras à tout le monde à quel point tu ne mérites que le meilleur. Avant que l'on ne retourne à l'entraînement, on ira déménager tes affaires dans ton nouvel appartement, et tu entameras une nouvelle année, tu vas te battre pour qu'elle ait envie de se réveiller juste à temps pour te voir remporter ta première course. Je sais que ça finira par arriver, tu es un excellent pilote Pear. Et tu vas éblouir tout le monde quand ça arrivera. Ne baisse pas les bras, mon meilleur ami. Tout ira bien. Bonne année Pierre. »


Et voilà que je pleurais à nouveau. Si je n'avais pas Charles à mes côtés, je pense que j'aurais sombré depuis longtemps. Il me tient la tête hors de l'eau. C'est un meilleur ami en or.

Je relevais mon regard vers la fenêtre en entendant les feux d'artifices résonner dans la ville et certains éclairer la chambre d'Élie. Je me tournais vers elle, et attrapais sa main.

« Bonne année mon amour. J'espère que l'année à venir sera plus belle que celle qui vient de s'écouler. Charles te souhaite aussi la bonne année. D'ailleurs, je ne t'en ai pas encore parlé, mais j'ai trouvé un nouvel appartement. À Milan. Je sais que j'avais dit que j'allais rentrer à Paris, mais en un sens, j'espère que tu te réveilles rapidement, et que l'on découvre la ville ensemble. En plus, c'est juste à côté de Côme, et je suis sûr que tu adorerais les paysages là-bas. Je vais y emménager dans le mois de janvier, Charlie et ton père ont proposé de m'aider à tout déménager. C'est une nouvelle aventure qui commence, et j'ai bien l'intention de la vivre à tes côtés... »

Je laissais quelques instants, les seuls bruits de feux d'artifices résonner dans la pièce. Je ne souhaitais plus qu'une seule chose qu'elle se réveille et qu'elle m'envoie à nouveau son sourire éblouissant pour me réchauffer le cœur.

« ... Si jamais tu ne te réveilles pas tout de suite, je te promets de venir te voir aussi souvent que je le pourrais quand la nouvelle saison aura démarré. Je viendrais entre chaque week-end de Grand Prix, et je te raconterais chaque course. Comme si tu les avais vécus. J'ai hâte de revoir ta joie de vivre et d'entendre à nouveau ton petit rire si mignon. Je t'aime Élie. Bonne année mon amour. »

À chaque fois que je lui parlais, j'essayais toujours d'être le plus positif possible. Même si mon cœur était meurtri, qu'elle me manquait affreusement, et que je n'avais qu'une envie ne plus jamais la quitter. Je devais tout faire, pour qu'elle se réveille, et être positif était ce qui me semblait le mieux. Je ne devais pas l'effrayer si elle pouvait m'entendre...

Alors que les feux d'artifices commençaient doucement à se calmer, je me levais de ma chaise pour aller déposer un baiser sur le front d'Élie.

« Bonne année mon amour. »

Je me réinstallais sur le fauteuil à côté du lit d'Élie, et je repris mon téléphone pour répondre au message de Charles.

A CHARLES : « Bonne année Charlie. Merci pour ton message. Je sais que je ne suis pas vraiment un super ami ces derniers temps, enfin depuis un moment déjà, et je ne peux pas te promettre que tout ira mieux demain, mais je sais que je dois faire un effort. Je sais que je ne suis pas vraiment un super ami ces derniers temps, enfin depuis un moment déjà, et je ne peux pas te promettre que tout ira mieux demain, mais je sais que je dois faire un effort. Je l'aime tellement et c'est tellement difficile de la voir dans cet état. Merci pour tout ce que tu fais pour moi, merci d'être toujours là, alors que je suis au fond du trou, merci d'être un si bon meilleur ami. Je sais à quel point c'est dur pour toi cette situation, entre Tonio et moi qui ne suis qu'une épave. Je me relèverais un jour, peut-être, je n'en sais rien. Mais je ne veux pas baisser les bras pour le moment. Bonne année à toi aussi Charlie. Profite de ta soirée. On se voit bientôt. »

Winter Practice - Pierre Gasly 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant