Chapitre 10 - Apprendre à pardonner

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J'avais quitté l'hôpital quelques heures pour rendre visite à Louis. En arrivant en bas de son immeuble, je levais la tête et observais les volets de son appartement. Ils étaient fermés, tous.

Je me rapprochais de la porte d'entrée et cherchais son numéro d'appartement sur l'interphone. Les premières tonalités retentirent et la sonnerie s'arrêta sans qu'il n'ait décroché. Je sonnais une nouvelle fois. Je t'en prie Louis réponds moi.

« Oui ? »

Sa voix était éteinte, il semblait tout aussi anéanti que moi. J'avais de plus en plus peur de l'état dans lequel j'allais le trouver.

« Lou ?

- Pear ?

- C'est moi. Ouvre-moi la porte que je monte.

- Non Pear, ce n'est pas la peine.

- Ce n'était pas une question, ouvre-moi.

- ... »

Je l'entendis souffler avant de finalement ouvrir la porte. S'il hésitait même à me laisser le voir, il devrait vraiment beaucoup s'en vouloir. J'entrais dans l'immeuble et je rejoignis son étage. Je sonnais à la porte et après quelques secondes, il vint m'ouvrir. Son air épuisé, me donna un pincement au cœur, je ne l'avais jamais vu dans un tel état. On était dans la même situation, il avait perdu un ami et sa meilleure amie, sa sœur, était entre la vie et la mort. Contrairement à lui, j'avais réussi à garder la tête hors de l'eau, ou du moins c'était ce que les gens autour voyaient. J'étais mort en même temps qu'eux ce jour-là.

« Salut...

- Salut Lou. »

Il se décala de la porte et me laissa entrer. À part quelques rayons de lumière qui avaient réussi à passer à travers les vieux volets, l'appartement était plongé dans le noir. L'odeur du renfermé commençait à faire son apparition. Plus d'une semaine enfermé chez lui, ce n'était pas bon. David, avait raison, il fallait absolument que je le sorte de là.

« Qu'est-ce que tu viens faire ici ?

- Je suis venu voir comment tu allais. J'ai parlé avec David, et tu n'es pas encore venu voir Élie à l'hôpital.

- Je ne veux pas y aller.

- Pourquoi ça Lou ?

- ... »

Il ne me répondit pas tout de suite, il s'assit sur le canapé. Je m'assis à ses côtés. Il souffla un bon coup, et j'espérais qu'il se mette à parler, qu'il déballe ce qu'il a sur le cœur et qu'on le sorte enfin d'ici.

« ... C'est de ma faute.

- Lou ?

- C'est de ma faute si elle a eu son accident. C'est moi qui lui ai demandé de venir.

- Non Louis. Je ne peux pas te laisser dire ça. On était tous d'accord pour l'appeler et lui demander de nous rejoindre. D'accord, tu es celui qui a passé le coup de téléphone, mais non ce n'est pas de ta faute. Ça n'a jamais été de la faute, il faut que tu t'enlèves ça de la tête. Elle roulait tranquillement, elle n'allait pas plus vite que d'habitude. Il se trouve simplement qu'un con a décidé de se bourrer la gueule et de prendre le volant. Ce n'est pas ta faute Lou.

- Je m'en veux terriblement.

- Tu n'as pas à t'en vouloir pour ça. Personne n'a jamais pensé que tu avais ta part de responsabilité. C'est comme pour Tonio. Jamais je n'en voudrais à JM ou à Alesi, pour l'accident. Le circuit était mal foutu, s'il y avait eu un bac à gravier, il n'aurait jamais rebondi comme ça sur la piste. Alors jamais, jamais quelqu'un ne t'en voudra parce que tu as voulu protéger ta sœur, en lui évitant d'apprendre de la mauvaise manière que son meilleur ami avait eu un accident. Par contre, si tu décides de ne pas aller la voir, là, tu pourras t'en vouloir. Et moi, je t'en voudrais, parce qu'Élie a besoin de toi à ses côtés, et a besoin de tout le soutien possible.

Winter Practice - Pierre Gasly 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant