08. 𝑃𝑎𝑟𝑎𝑛𝑜ï𝑎

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08. Paranoïa



Sekani




— Tu ne fais plus partie de ma famille, chère sœur ?

— Toujours ! Notre amour si fraternel est tellement précieux à mes yeux. J'espère que tu te réjouis d'avance des nombreux jours qu'on va passer ensemble, parce que je ne pars plus.

Je lève la tête pour observer le ciel assombri, la nuit est tombée. Les lumières du restaurant et des lampadaires éclairent la rue. Il n'y a personne aux alentours, comme si la rue était privatisée pour quelques privilégiés qui ont l'honneur de rentrée dans ce restaurant. Je sais que pour ce soir Marius Faggianelli à fermer l'accès au restaurant pour le public.

La vengeance de Mira nous perdra tous, j'aimerais tant alléger sa peine, mais je ne peux pas. Elle a tellement accumulé et enfoui en elle que ce sera dur pour l'alléger, ses sentiments la bouffe et la pousse à la folie petit à petit.

La fille que j'ai connue autrefois n'a pas disparu, mais elle est étouffée. Et parfois, c'est pour le mieux, j'accepte Mira comme elle est avec ses défauts, ses qualités et ses défauts encore.

Je l'observe comme si c'était la dernière ou la première fois, ses cheveux bouclés qui dépassent habituellement ses épaules sont coiffés en un chignon avec quelques cheveux devant en guise de fausse frange qui tombe en cascade sur son visage. On distingue quand même ses yeux marrons foncés qui s'accordent avec la couleur noire de ses cheveux et qui ne sont pas dissimulés par ses lunettes de vue qu'elle a enlevées plus tôt dans la journée.

Son piercing au nez se fait voir dans la clarté des lumières, ainsi que son rouge à lèvres rouge Mac qui l'obsède. Mira est parfaite, en tout cas, à mes yeux. Sentant que je l'observe, elle lève les yeux de son téléphone :

— Nik pourquoi tu me regardes au lieu de déverrouiller la voiture ?

— T'es magnifique.

— Encore heureux, j'ai plus de 200e sur le visage. La magie du makeup.

Sans attendre de réponse de ma part, elle me prend les clés et murmure un inaudible « merci t'es pas mal aussi ». Elle se baisse pour regarder sous la voiture et ouvre la portière pour regarder sous les sièges et prend place côté passager.

Fais chier, je pensais qu'elle avait arrêté de le faire. Elle ne l'a pas fait tout à l'heure, une vraie paranoïaque.

Je secoue la tête mi-amusé mi-désespérer et monte dans la voiture non sans avoir croisé le regard de Bruno sortant du restaurant.

Doigt sur le bouton start and stop, c'est le moment que choisie Eliza pour m'appeler.

— C'est Eliza, donc tu la fermes Mira.

Elle me regarde faussement vexé.

— Pourquoi tant de méchanceté, c'est blessant la façon dont tu viens de me parler.

— T'es vraiment une dramaqueen parfois toi.

— La dramaqueen elle va sortir, le temps que tu finisses ton appel. Prend ton temps.

« Prend ton temps », pourquoi j'ai l'impression qu'elle le pensait sérieusement ? Je ne m'attarde pas plus que ça et réponds à Eliza avant de rater l'appel.

|| PASSION OU POUVOIR || [T1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant