Chapitre 8 : Post- it

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— Dahlia ! chuchoté-je à son oreille.

La jeune femme bave sur ma cuisse. Elle s'y est écroulée environ deux minutes après le début de la course. Le corps étendu sur la banquette arrière du taxi, sa tête a rapidement trouvé refuge contre moi.

Je la secoue avec délicatesse, elle est profondément endormie et ne semble pas vouloir se réveiller.

— Bon les amoureux ! Vous vous décidez ? s'impatiente le chauffeur.

— Tu ne vois pas qu'elle dort ? grondé-je.

— Qu'elle le fasse dans son pieu.

Je me retiens de l'insulter et glisse mes doigts dans ses cheveux, ils sont étonnamment doux et je me surprends à les caresser.

— Dahlia réveille-toi, murmuré-je, en baissant mon visage vers le sien.

Elle grogne, encore somnolente, et encercle ma taille de ses bras.

— Le compteur tourne !

— La ferme vieux con, grommèle Dahlia.

— Elle a dit quoi la d'moiselle ?

Je réfrène un sourire. Son exubérance naturelle n'a plus de contrôle après quelques verres et un manque de sommeil. Je balance quelques billets au "vieux con" et sans réfléchir, je glisse mes mains sous son corps. Elle s'agrippe à mon cou et se pelotonne contre mon torse. Son souffle chaud chargé d'alcool s'y échoue, m'arrachant une traînée de frissons par la même occasion.

D'une main, je déverrouille la portière et la soulève comme le chevalier servant que je ne suis pas.

L'air frais de la nuit, semble la réveiller puisqu'elle remue entre mes bras.

Sa poitrine contre la mienne, la peau douce de ses cuisses sous mes doigts, et ses lèvres entrouvertes contre mon épiderme agitent bien trop de sentiments et d'effets indésirables en moi. Je grimpe les quelques escaliers menant à la porte de l'immeuble.

Elle marmonne le code, à moitié endormie. Son chignon désormais défait me chatouille la mâchoire.

Elle m'observe les paupières lourdes et agrippe mes épaules. Sa tête repose dans le creux de mon cou, son corps se relâche et son souffle devient régulier. Le mien s'affole.

Ok, c'est bon, c'est juste l'effort.

En passant les portes de l'immeuble, je ne trouve pas d'ascenseur et me dirige vers les escaliers. Je secoue le poids mort entre mes bras, tentant vainement de la faire réagir.

— L'étage ?

Je la sens redresser la tête avant qu'elle ne retombe mollement.

— Dahlia, insisté-je.

— Hein ?

— Tu habites à quel étage ?

— Ah... 6e étage.

Fait chier !

***

L'appartement est minuscule.

Les trous dans les murs ne m'échappent pas. Tout comme les plafonds fissurés par l'humidité et le papier peint défraîchi qu'elle a tenté de camoufler sous des plantes disséminées un peu partout dans le salon.

Ce lieu reste propre malgré le ravalement dont il aurait besoin.

Je la dépose sur le canapé en cuir vieilli et reste debout, à ses pieds. La tête légèrement penchée, je l'observe. Elle est endormie, la bouche ouverte et ne m'a jamais semblé aussi belle.

Dani a commencé à vous suivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant