Dani a commencé à vous suivre

Chapitre 14 : Seule

Dahlia

— Mademoiselle

— Appelez moi Dahlia

— De quoi voulez-vous me parler, Dahlia ?

— ...

— Prenez votre temps

— Je crois qu'on m'a fait du mal

— Vous croyez ?

— Je pense qu'il ne le faisait pas exprès...

***

Je me suis toujours sentie seule.

Je suis fille unique, héritière d'un fardeau, et dépositaire du courroux familial.

J'étais seule, le jour où mon père a influencé mon destin.

J'étais la seule à en subir les conséquences.

J'étais seule, à mentir devant les médecins lorsqu'ils auscultaient mes blessures.

Seule face à mes choix.

Pourtant, je n'ai jamais éprouvé cette solitude, celle que je ressens à cet instant, devant la place vide à mes côtés. Je ferme les yeux, chuchote quelques affirmations positives.

Je m'accepte telle que je suis et je m'aime. Je mérite d'être heureuse.

J'inspire, j'expire. J'essaye d'y croire. Un jour, j'en serais convaincue. Je laisse cette nuit, un interlude magique dans ma mémoire comme la preuve que cette journée sera belle.

Je sors du lit, le drap glisse sur mon corps nu. J'observe par-dessus mon épaule ce cocon qui fut le témoin d'un moment hors du temps entre Dani et moi.

Je ne regretterais jamais, j'étais sincère.

Dani m'a sauvé hier.

Il m'a sauvé d'un cauchemar dans lequel je me suis enlisé voilà des années.

Ce n'était pas juste une nuit, il ne m'a pas simplement fait l'amour, il m'a possédé avec son corps, son cœur et son âme et sans le savoir, il m'a guéri.

Ce n'est pas toujours difficile, on peut en avoir envie.

Ma blouse encore trempée au sol, je fouille dans sa commode, veille à prendre un tee-shirt à manches longues propre et un short. L'odeur de Dani me colle à la peau, j'hume le tissu et je souris.

Après un passage express à la salle de bain libre, miracle, je descends au salon, mes cheveux attachés en un chignon flou.

En bas de l'escalier, j'ai un moment d'hésitation, mon cœur s'accélère à l'idée de le retrouver. Je pénètre dans la pièce principale, d'un pas lent et suis surprise de constater que Dani prend son petit déjeuner en compagnie d'Hanaé dans un silence plus qu'étrange pour cette famille.

Dani a le nez dans son téléphone, sa sœur est occupée à touiller son café plus que nécessaire en fixant son frère du coin de l'œil.

— Bonjour tout le monde, les salué-je avec entrain.

Hanaé lève la tête en sursaut, le visage avenant.

— Dahlia ! Bien dormi ? Un thé ?

J'acquiesce d'un rictus, alors que je m'assieds face à Dani qui ne relève pas les yeux de son écran. L'angoisse me serre la gorge, je laisse mon sourire étirer mes lèvres, tandis qu'il m'ignore. N'y tenant plus, je passe un bras par-dessus la table et pose une main sur son poignet.