Quel drôle de nom, Brick. Je me demandai de quelle origine elle pouvait bien âtre avec ce nom. Je commençais alors à la détailler, imaginant ce que je pourrai bien écrire à son sujet si elle avait été un personnage fictif. Après tout, cette fille ne sortait de nulle part. Si Jospeh n'avait pas été là pour le voir, elle aurait tout à fait pu sortir tout droit de mon imagination. Ses cheveux noirs de gaie berçaient de fines épaules à la peau lumineuse, légèrement mate. Sa peau était soyeuse, on aurait cru du miel éclairé par le seul fait de la lune. Son visage était imbibé des étoiles qui composaient le ciel. Et ses yeux, d'un bleu souverain, renfermaient des constellations entière, qui dévoilaient d'infinies possibilités.— Pourquoi tu m'reluque comme ça ? Railla Cassandra qui m'extirpa immédiatement de cet état second et injustifié. Comment imaginer qu'il puisse y avoir quoi que ce soir d'aussi précieux en elle ? Cette fille était seulement vulgaire et sans intérêt. Sans doute de la racaille de banlieue.
— Ce n'est pas toi que je regardai. Répondis-je en plissant les yeux, boudeuse.
— Et bah tu devrai bichette. Oublie pas mon visage parce que tu vas en avoir besoin pour me rendre mon pull. Regarde-moi autant que tu le peux.
Elle plongea alors ses yeux immenses dans les miens et je cru défaillir. Ils étaient encore plus beaux lorsqu'ils nous capturaient. Cette fille était une véritable menthe religieuse, capable de piéger sa proie en sa toile d'un seul regard hypnotisant.
— Est-ce que tu pourrais regarder la route s'il te plait ?!
Joseph s'indignait du comportement irresponsable de la jeune fille et de son caractère outrancier. Nous étions tous les deux pris au piège dans la toile de la menthe.— Il y a un problème Grominet ? Il a peur que je dévore Titi à sa place ?
— Bon, ça suffit, arrête-toi là. Mia, on descend, on va trouver un autre moyen de rentrer.
Jospeh commençait déjà à défaire sa ceinture, tandis que je restais consternée par l'attitude déplorable de cette fille.
— Oh ça va ! Prends pas la mouche comme ça. Je ne fais que plaisanter. On est au milieu de nulle part, c'est tout sauf raisonnable ton affaire.
— On va se débrouiller, laisse nous descendre !
— Joseph, je pense qu'elle a raison. On ferait mieux de rester, il fait nuit, j'ai hâte de rentrer, s'il te plait.
Joseph souffla bruyamment mais consentit à mon raisonnement, non sans peine. Nous savions l'un comme l'autre qu'il aurait été déraisonnable d'abandonner notre unique moyen de locomotion. Avec étonnement, Cassandra ne commenta pas notre échange, bien que son visage ait tissé un sourire narquois. L'avait-elle pris comme une faiblesse de notre part ?
À l'entrée de Westfield, une dizaine de kilomètres plus loin, Olivier, le garçon qui était resté éveillé, secoua son ami. Cassandra les arrêta devant une maison particulièrement moderne, au toit plat, dont j'ignorai jusque'à lors l'existence.
— Alex... le somma-t-il. Alex, terminus vieux. C'est l'heure d'aller se pieuter.
— Mhhh...
— Allez bouge toi, j'ai froid.
— Mmmhhh !! Fit-il plus fort encore, avant de se tirer enfin de son sommeil parasité.
— À plus Cass', bonne nuit !
— Ciao Alex, salut Oliv', à demain.
Olivier ferma la porte et Cassandra se tourna vers moi.
— Tu m'indiques le chemin de ton palace, princesse, ou je dois deviner toute seule ?
Je ravalais le flot d'insultes qui se bousculaient pour sortir de ma bouche, pris une grande inspiration et indiquais à cette sauvage comment nous déposer chez moi. J'étais très embêtée à l'idée qu'elle ne connaisse mon adresse, mais mon taux de fatigue et d'exaspération m'empêchaient de réfléchir sereinement à une autre adresse à lui indiquer. Tant pis, si mon cadavre encore chaud devait être retrouvé chez moi, il valait mieux que mes voisins sachent que je sortais de cette voiture précisément !
Une fois devant la maison, Joseph s'extirpa immédiatement de la voiture, claqua la portière et vint me récupérer à l'avant, sans même un brin de considération pour Cassandra.
— Et bin... Pourrait au moins dire merci Grominet ...
Je retenais un rire, sans savoir ce que j'avais trouvé drôle. J'étais sans doute trop exténuée et mes nerfs me jouaient des tours. Je voulu descendre à mon tour de la voiture lorsque Cassandra plaqua sa main contre la mienne, sur le siège. Le rouge me monta instantanément aux joues et je ne pu trouver la force de l'en dégager. Elle se pencha imperceptiblement vers moi, je sentis sa respiration sur mon visage.
— Et toi ? Tu vas dire merci ?
Elle ne cela pas. Mon coeur s'était arrêté de battre et le bout de mes doigts devint moite. J'étais à bout de souffle, sans même en comprendre la cause. Elle joua de ce regard, je compris que la menthe religieuse était toujours là.
— Merci. Crachais-je en sautant presque de la Chevrolet. Fière de m'être défaite de sa toile avant qu'elle n'ai eu le temps de se repetre de ma dépouille.
— Non mais quel est le problème de cette fille sérieusement ?! Elle est complètement détraquée ! S'indigna Joseph alors que Cassandra démarrait en trombe, moteur vrombissant, laissant derrière elle les volutes de notre soirée.
Joseph connaissait ma maison par coeur. Étant logé sur le campus universitaire et partageant sa chambre avec Barney, son colocataire, il était plus évident pour nous de trouver de l'intimité chez moi. Étrangement, Paul et ma mère n'avaient jamais rien trouvé à redire ou a critiquer dans notre relation, ce qui signifiait beaucoup, et Joseph était tout à fait le bienvenu. Il se sentait d'ailleurs chez lui dans cet espace que j'avais eu tant de mal à m'approprier. Cela me mettait en confiance. J'avais foi en ses choix et intuitions. C'est donc tout naturellement que Joseph nous ouvrit la porte et alluma la petite lampe au fond du couloir, celle qui n'éclairait que faiblement et ne risquait pas de réveiller qui que ce soit. Son calme et son pragmatisme avaient un effet apaisant sur moi, ce qui m'aidait à reprendre le contrôle de la situation. Joseph était rassurant.
Dans ma chambre, je me dirigeais vers ma salle de bain, que j'avais la chance de ne pas avoir à partager. Allumant la lumière, je sursautais en voyant l'image que réfléchissait le grand miroir. Je ne me reconnaissais pas dans cette robe pastel que j'avais pratiquement oubliée, tâchée de bière. Ma peau, éteinte, implorait une douche et un peu d'attention. Mon aspect général laissait à désirer, cependant le gilet jaune de Cassandra valorisait ma crinière rousse et donnait presque un sens à cette mascarade. Je le caressais, délicatement, le tissu étais doux, pelucheux, tendre sous la pression de mes doigts. Je revoyais son regard, intense, profond, profane. Me ressaisissant, je me débarrassais de ce gilet, balayant au passage mes pensées à son égard. Cette fille était odieuse et vulgaire. Rien de bon venant d'elle ne devait pouvoir effleurer mon esprit. Elle avant manqué de respect à Joseph, elle m'avait manqué de respect.
Pourtant, je contemplais à mes pieds le vêtement déchu, détrôné de mon corps, refroidissant contre le carrelage. Tout avait une place dans ma vie, quelle était sa place ?
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*FR* Les étoiles de Cassandra
RomanceJe m'appelle Mia et je vais vous raconter ma plus grande histoire d'amour. La plus inattendue de toute, et la plus déroutante. Tout allait parfaitement dans ma vie, mes études, mon couple, ma tête, jusqu'à ce que ma vie entre en collision avec de la...