La nuit avait été tortueuse. J'avais eu beaucoup de mal à trouver le sommeil et avais préféré me concentrer sur les ombres qui dansaient au plafond. Vers sept heure, à défaut d'avoir pu fermer l'oeil, je décidais, péniblement, de me lever. Par réflexe, j'allumais mon téléphone portable et consultais mes notifications. Mes pires craintes s'annonçaient alors. Joseph avait essayé d'appeler à deux reprises. Mon coeur se mit à battre à tout rompre. Comment pouvait-il savoir ce qui s'était passé ? Inquiétée de voir le téléphone sonner une nouvelle fois à une heure ci matinale, je l'enfouissais sous mon oreiller. Le rouge me montait aux joues. Si Joseph n'était pas au courant, quelle autre raison pouvait justifier ces appels si matinaux ? Il savait forcément. La paranoïa s'immisçait dans mon esprit.
Sous la douche, mes genoux claquaient au rythme du tremblement de mes dents. J'étais dans tous mes états et les images vacillaient sous le jet d'eau glacé que je m'infligeais. J'avais honte. Je voyais Joseph, en colère, constatant que je ne répondais pas et que je l'avais trahis. Je voyais le téléphone portable, enfoui sous mon oreiller, que je n'osais plus regarder. Je voyais le cadavre du pull jaune, reposant lourdement sur le sol, écrasant le parquer, incandescent. Et je voyais Cassandra, debout dans la chambre, son regard insolent, enfoncé dans le mien. Je refusais de la regarder, mais ses yeux puissants insistaient, jusqu'à ce que je cède. Je ne tenais plus. Les larmes perlaient sur mes joues et mon regard se mêlait enfin au sien. Il devint plus doux, tendre, affectueux. Elle m'embrassa de nouveau.
Non. Je m'accroupissais sous la douche et pleurais, une boule enfoncée profondément au creux de mon ventre. Qu'avais-je fait ? Je pleurais et riais à la fois, me traitant de démente. Le baiser fut intense, la peine serait lourde, mais j'en voulais encore.
Le mercredi était sans doute la journée qui comptait le plus de cours, ce qui me soulagea. Je gagnais ainsi un bon prétexte pour éteindre mon téléphone portable au moins jusqu'à six heures du soir. J'envoyais un message à Joseph, rassurante, en lui expliquant que nous ne nous pourrions pas dîner ensemble le soir même, contrairement à ce que je lui avais promis. Il répondait rapidement, demandant pourquoi, je ne répondais rien.
Ma journée était simple et ne me demandait aucun effort. Je n'avais qu'à suivre mes camarades sans me poser de questions, écouter Radjij me raconter ses lectures, dont je n'avais que faire, et attendre que le temps passe. Au moins je ne pensais plus à elle, je ne pensais plus à rien. L'abstraction avait quelque chose de bon même si le retour à la réalité s'avérait imminent.
En rentrant à la maison, je n'avais pas jugé utile de rallumer mon téléphone. Baignant dans un déni parfait, je continuais à faire comme si plus rien n'avait d'importance. Comme si Joseph ne se demandait pas ce que je faisais, comme si Cassandra ne m'avait jamais embrassée, comme si mes partiels étaient la seule et unique chose qui m'importait à présent. C'est ce que je fis. Je travaillais jusque tard dans la nuit sur mes dossiers à rendre, et ne jetais pas un seul regard à mon petit carnet.
Ainsi, jeudi passait au même rythme et je ne me souciais pas de rallumer le petit boitier. Je craignais de voir Joseph arriver devant chez moi d'un instant à l'autre, mais il n'en fit rien. Osant repenser à la scène, je me rendais compte qu'elle n'avait rien de si dramatique. Ill s'agissait tout au plus d'un petit bisous sans importance, qui n'avait durer qu'une fraction de secondes. En y réfléchissant encore au fil de la journée, il ne s'agissait en réalité tout au plus que d'une bise en peu tendancieuse. Au fond, s'il ne s'agissait de rien de plus, il n'était pas nécessaire d'en parler à Joseph. Il n'était pas utile de l'alerter pour quelque chose qui n'avait pas eu lieu.
VOUS LISEZ
*FR* Les étoiles de Cassandra
RomanceJe m'appelle Mia et je vais vous raconter ma plus grande histoire d'amour. La plus inattendue de toute, et la plus déroutante. Tout allait parfaitement dans ma vie, mes études, mon couple, ma tête, jusqu'à ce que ma vie entre en collision avec de la...