— Moi ? Hey, c'est toi qui n'arrête pas de te planter sur mon chemin. Et regarde toi, tu es complètement trempée tu devrais rentrer chez toi avant d'attraper fois.Cette fois elle était cynique. C'était fait, je la haïssais.
— Ok. On se calme. Fit Joseph. C'était sûrement un accident mais ça ne t'empêches pas de t'excuser. Pour qui est-ce que tu te prends au juste ?
C'était étrange. Nous ne nous étions jamais retrouvés dans cette situation et je n'avais jamais vu Joseph prendre ma défense auparavant. Il n'avait jamais eu à le faire. J'insiste bien sur l'importance de ce « jamais ».
Il y eut un silence durant lequel la fille métissée me toisa avec un petit sourire avant de se poser langoureusement sur mon copain. J'eu une soudaine envie de l'étouffer.
— Les accidents arrivent, n'est-ce pas. Fit-elle enfin.
— Allez viens, on rentre. Me fit Joseph à l'oreille. Il posa sa main que je sentais raidie au creux et mes reins et m'entraîna vers la voiture.
— Excuses moi Poil de carotte ! Cria elle au loin.
Je regardais alors Joseph qui me sourit en tendant son poing vers moi.
— C'est une victoire ?
— C'en est une ! Dis-je en répondant à son sourire et en tapant dans son poing.
Arrivés sur le parking improvisé nous avions passés un bon quart d'heure à chercher la VolksWagen noire avant de la trouver. Une fois à bord, je me rendis compte à quel point l'air était frais et humide, il m'avait pourtant paru si doux. Peut-être que l'alcool dont j'étais couverte avait un rôle essentiel dans ce ressenti.
— Argh. Elle démarre pas.
Joseph avait le nez enfoncé dans le tableau de bord à essayer de faire réagir la voiture. Il descendit de la voiture et ouvrit le capot pour y jeter un oeil alors que je commençais à grelotter de mon côté. Je sortais alors ma tête par la fenêtre pour voir si je pouvais me rendre utile.
— Tu ne peux pas appeler la dépanneuse ?
— Il ne viendront jamais jusqu'ici à cette heure, surtout avec le festival juste à côté. Non, on va devoir trouver quelqu'un pour nous ramener ou appeler un taxi.
— Le taxi risque de nous coûter une fortune... fis-je en retour. Ma mère ne conduit pas et pas question d'appeler Paul, tu ne peux pas appeler tes parents toi ?
— Non, ils sont partis en week-end chez ma tante. On est coincés ici pour la nuit. Bon, on va peut être pouvoir trouver un hôtel pas trop loin.
La situation commençait à m'inquiéter un peu et j'étais maintenant frigorifiée mais cette fois je ne cédais pas à la panique. J'avais eu bien trop d'émotions forte pour la journée et j'étais parfaitement capable de gérer la situation. Il suffisait d'assimiler l'information et de prendre du recul.
— Mia.
Je regardais Joseph mais lui regardait par dessus mon épaule.
— Encore toi ?? Non mais tu vas me lâcher à la fin.
C'était encore elle. Que me voulait-elle cette fois ? Se moquer de ma robe humide ? Ou de mon air pathétique ?
— Tiens.
Elle me tendit alors un gilet jaune en grosse maille. C'était une attention très touchante mais particulièrement inattendue. Je le prit avec prudence, craignant un guet-apens de sa part. Mais il ne se passa rien. J'étais comme un lapin apeuré à qui le chasseur voulait donner un carotte. J'étais un lapin roux.
— Merci. Tu n'en as pas besoin?
— Tu me le rendras un jour ou l'autre, fit-elle avec assurance.
— Et qu'est-ce qui te fais croire ça?
Elle pointa du doigt l'autocollant sur le pare-brise de la voiture où l'on voyait une maison avec soleil et marqué au dessous « Bienvenue à Westfield ».
— J'y habite aussi.
Son sens de l'observation me dérouta. Son être entier me perturbait. C'était étrange. J'avais envie de la voir disparaître tant elle m'était désagréable, pourtant je voulais la garder dans mon champ de vision. Si elle partait maintenant, je la chercherai du regard.
— Alors je te le rendrais peut-être. Finis-je par conclure.
— Vous êtes en rade ? On peut vous ramener si vous voulez.
Elle regardait drôlement Joseph se battre avec le moteur en nous observant. A mon grand soulagement elle ne semblait pas loucher sur lui mais plutôt sur la voiture. Je me voyais déjà lui encastrer la tête dans la vitre si elle le léchait encore du regard comme tout à l'heure. Cette pensée ne me ressemblait pourtant absolument pas. Mais elle ne le fit pas.
— Non merci. On va trouver une solution. Lui répondit Joseph.
— Ok.
Elle tourna alors les talons, me laissant son pull entre les mains et nos espoirs de rentrer chez nous ce soir là.
— Attend ! Elle s'arrêta et inclina la tête suffisamment pour me voir. Je pouvais parfaitement distinguer son petit sourire malgré l'obscurité.
— Tu voudrais bien prendre deux passagers supplémentaire? Seulement, si tu n'as pas trop bu.
A ma grande surprise elle fit brusquement demi-tour et souffla son haleine juste sous mon nez.
— Je n'ai pas bu, tu m'as piqué mon verre.
— Bon alors tu nous prends avec toi ? Fis-je avec agacement.
— Ouais. Mais moi aussi j'ai une condition.
Elle avait repris ses airs insupportables.
— Ah oui et quoi ?
Joseph nous avait rejointes et s'essuyait les mains en la regardant. Il s'était placé légèrement devant moi, protecteur.
— Je veux qu'elle me fasse des excuses.
— Nan mais tu rêves !?
Cette fois c'en était trop. Je ne pu m'empêcher de rire tant la situation était grotesque. Elle m'avait bousculée à l'entrée, parlé de manière effroyable, elle m'avait aspergée d'alcool et voilà que je devais en plus m'excuser.
— Ok salut. Rentrez bien. Faites attention aux serpent, il y en a pas mal dans le coin.
Instinctivement je regardais à mes pieds et à ceux de Joseph pendant qu'elle faisait demi-tour, encore. Elle représentait notre dernier espoir malheureusement. Je regardais Joseph qui semblait aussi perplexe que moi avant de la retenir une dernière fois.
— Attend.
— Je vais finir par croire que tu ne veux plus qu'on se quitte poil de carotte. Fit elle avec un air suffisant.
— Pour commencer, tu ne m'appelles pas comme ça. Et ensuite... excuses moi. Je ne sais pas pourquoi mais excuses moi.
— Non chérie. La phrase correcte c'est; « excuses moi d'avoir piétiné ton sac, de t'être rentré dedans sans regarder ni m'excuser, d'avoir renversé ton verre et enfin excuses moi de me servir de ton gilet pour couvrir mes bêtises de la journée. »
Je balançais son gilet à ses pieds et grimpais dans la voiture. J'y dormirais s'il le fallait.
Tu abuses un peu là non?
— Joseph. Laisses tomber. Fis-je. Ne prend pas ma défense, ça n'en vaut pas la peine.
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*FR* Les étoiles de Cassandra
RomanceJe m'appelle Mia et je vais vous raconter ma plus grande histoire d'amour. La plus inattendue de toute, et la plus déroutante. Tout allait parfaitement dans ma vie, mes études, mon couple, ma tête, jusqu'à ce que ma vie entre en collision avec de la...