Chapitre 7. 2/2

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— Barney n'est pas là ce soir ?

    Nous étions seuls dans la chambre de Joseph, qu'il partageait avec un autre étudiant, Barney, qui se trouvait être l'un de ses meilleurs amis. La chambre était nettement scindée en deux. D'un côté, les affaires éparpillées de Barney, dont l'hygiène ne semblait pas être une priorité. De son côté, de la peinture bleue jonchait les murs et des posters venaient étoffée cette décoration déjà abondante. L'autre côté de la chambre, en toute logique celui de Joseph, était parsemé de piles de manuels de mathématique et ouvrages théoriques, en équilibre précaires, soutenu par le seul fait de la gravité. Je ne comprendrai jamais. En dehors de cet amas de volumes de papier, les affaires de Joseph étaient toutes minutieusement ordonnées, et son lit était correctement fait, contrairement à celui de Barney qui ne semblait pas se soucier des formes. Seule une écharpe des BBS, les Blue Biggy Sharks, était accrochée au-dessus de son lit. Il s'agissait de l'équipe de football dans laquelle jouaient Joseph et Barney.

    Notre dernière nuit ensemble semblait remonter à une éternité. Alors que je promenais les doigts le long des étagères pleines de livres et de babioles fantaisistes, Joseph m'observait délicieusement, adossé à son bureau d'étudiant. Je rentrais dans son jeu, en faisant semblant de ne pas avoir senti son regard traverser mes formes. Les bruits du couloir en fête ne semblaient pas interrompre notre jeu langoureux et nous continuions à nous dévorer silencieusement.

    Quittant l'étagère, ma main vint rencontrer le bord du lit, glissant progressivement le long du cadre, jusqu'à en atteindre le bout, au niveau du bureau. Je me retrouvais face à Joseph, toujours appuyé contre meuble, bras croisés sur son torse bombé. Je rêvais déjà à ce que je pourrais trouver derrière, sous son t-shirt beige.

    Je me plantais devant lui, imposant mon regard au sein, l'obligeant à baisser la tête pour me trouver. À cet instant, je mesurais l'écart interminable qui nous éloignait. J'avais besoin d'abattre cette distance.

    — Salut, toi. Soufflais-je.

    — Salut. Répondit-il tendrement en retour, prenant ma joue dans le creux de sa main immense.

    Je me sentais si fragile, prise d'une prise que je ne désirais certainement pas contrôler. Lorsque sa langue atteint l'extrémité de mes lèvres, je faillais et m'abandonnais à la douceur de ses bras. L'intimité de la chambre s'offrait à nous, ignorant bourrasques musicales qui rythmaient notre nuit. Tout était parfait. La chaleur des bras de Joseph réconfortait mes tourments et je me sentais enfin plus légère. Nous n'étions que deux et pourtant, cela composait à cet instant un univers entier.

    Il devait être près d'une heure du matin lorsque, encore essoufflés, nous nous allongeâmes, l'un à côté de l'autre, nos épaules dénudés se mêlant d'une sueur commune. Allongée sur le ventre, je posais la tête, les cheveux humides, contre son torse encore chaud. Il caressait délicatement le creux de mon dos, en me détaillant tendrement.

    — Je t'aime Mia.

    Je l'aimais aussi, c'était indiscutable. Pourtant, les mots ne sortaient pas, superflus à cette évidence. Je me taisais et mon silence semblait suffit à son affirmation. Nous nous bercions ensemble, tant que l'horloge le permettait encore. Après quelques douces minutes, je me levais et arpentais la chambre avec une idée en tête.

    — Qu'est-ce que tu cherches ?

    Curieux, Joseph ne me lâchait pas du regard, tandis que je cherchais avec amusement mon butin. Voyant que je ne répondais pas, il me lança son oreiller.

    — Dis moi ! Mia, qu'est-ce que tu cherches ?

    — Ah ah...! 

    — Tu me nargues en plus ?! Tu es sérieuse ? Pff... je me vengerais, cruelle femme !

    Je riais tandis qu'il s'agaçait de ne pas comprendre. Enfin je le trouvais. Un DVD auquel nous tenions l'un comme l'autre. Il s'agissait d'un film français avec mon actrice préférée, Jean Seberg. Nous étions dingue de ce film et en connaissions les dialogues par coeur. Pour notre premier anniversaire, j'avais offert le DVD du film À bout de Souffle à Joseph, vêtue de la même marinière que Patricia, le personnage de Jean Seberg. Et c'est précisément ce film que je comptais regarder avec lui ce soir là.

    — Bonsoir Michel ! Avait lancé, le DVD au bout des doigts.

    — Bonsoir Patricia. Avait-il répondu dans un grand sourire.

*FR* Les étoiles de CassandraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant